La contribution présentée par la République du Congo dans le cadre de la COP 21 constitue un programme global de développement durable. Son scénario le plus ambitieux nécessitera un soutien ferme de la communauté internationale.
En amont de la 21e Conférence des parties (COP21) qui s’est tenue à Paris du 30 novembre au 12 décembre 2015, chaque Etat participant était invité à produire une contribution précisant ses objectifs et sa stratégie pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique. La contribution de la République du Congo a été transmise au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) le 21 septembre.
Dans ce document, le gouvernement congolais rappelle la situation particulière du pays sur la problématique des émissions de Gaz à effet de serre (GES) : d’une part, le Congo est faiblement émetteur, même si son développement entraînera une augmentation importante de ses émissions dans les années à venir ; d’autre part, la couverture forestière de 65% du territoire constitue un puits de carbone naturel pour l’ensemble de la planète pour lequel il a déjà pris des mesures de conservation.
Pour le Congo, la lutte contre les changements climatiques ne pourra pas se faire au détriment de l’émergence économique en cours : le pays connaît une croissance démographique de 3% par an, qui devrait porter sa population à 8,5 millions de personnes en 2035, et une croissance économique (hors secteur pétrolier) de 6% par an depuis 2010. La contribution du pays à la COP21 se présente sous la forme d’un plan global de développement durable qui, outre la participation à l’effort mondial de réduction des émissions de GES, doit permettre de diversifier une économie encore trop dépendante du pétrole et de dynamiser le secteur agricole en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. L’objectif est de faire émerger une économie diversifiée, peu carbonée et créatrice d’emplois, afin d’atteindre le plein emploi en 2035.
En tablant sur une croissance de 10% par an, le gouvernement a élaboré deux scénarios de maîtrise des émissions de GES :
- le premier, le scénario « tendanciel », ne prend en compte que des mesures déjà engagées (Code forestier, réseau des aires protégées, directive nationale de réduction du torchage), et constitue donc un prolongement des tendances actuelles. Il se traduirait par une multiplication par 3 des émissions en 2025 par rapport à l’année de référence (2000) et par une multiplication par 6 en 2035. Malgré cela, avec 3,75 t de CO2 par habitant en 2015, le Congo resterait en deçà de la moyenne des émissions mondiales actuelles par habitant.
- le second, le scénario « bas carbone », est beaucoup plus ambitieux, mais sa mise en œuvre est conditionnée par l’augmentation de l’aide internationale et par des transferts de technologie accrus, sans lesquels le Congo ne pourra pas s’engager. Il permettrait de réduire les émissions de GES de 48% en 2025 et de 54% en 2035 par rapport au scénario tendanciel. Cela donnerait les niveaux d’émissions suivants : 1,32 tonne par habitant en 2025, et 1,72 tonne par habitant en 2035, ce qui correspond à l’objectif de convergence des émissions pour la planète. Pour parvenir à ce résultat et pour financer l’adaptation au changement climatique, le gouvernement congolais sollicite l’appui de la communauté internationale à hauteur de 5,14 milliards d’euros sur la période 2015-2025. Il pourrait lui-même s’engager à hauteur de 1,03 milliard d’euros.
Voici, secteur par secteur, les principales actions envisagées :
• Forêt : la déforestation reste maîtrisée (0,043% par an), mais elle représente 81% des émissions de GES du pays, et elle devrait s’accélérer du fait de l’accroissement démographique et des nouveaux besoins de l’agriculture.
- Le scénario tendanciel (stabilité des émissions) repose sur les programmes tels que la loi forestière et le Plan national d’affectation des terres garantissant une exploitation raisonnée et la conservation du domaine forestier, ainsi que sur le reboisement prévu de 100 000 ha par an.
- Le scénario bas carbone (quasi disparition des émissions en 2035) propose en plus de réduire la déforestation non planifiée de 80% (REDD+), mais aussi la déforestation planifiée, avec le transfert des plantations de palmier en savane, et d’optimiser l’exploitation et les usages du bois : généralisation de la certification, recyclage des produits issus de la transformation du bois, généralisation des foyers améliorés, amélioration des rendements des meules à charbon…
• Agriculture : il est impératif de la développer en accroissant la surface utilisée (2% des terres actuellement) et de la moderniser pour répondre à l’accroissement de la population, alors que 80% des produits alimentaires destinés aux villes sont importés. La contribution propose la mise en valeur agricole de 50% des savanes pour produire des denrées vivrières, mais aussi d’alimentation pour le bétail, pour la production de biocarburants et pour l’exportation. L’adoption des techniques de l’agroforesterie et de l’agroécologie permettra de limiter l’impact de ce développement agricole, qui devrait créer 700 000 emplois. Quel que soit le scénario envisagé, les émissions de GES du pays liées à l’agriculture augmenteront fortement d’ici à 2035.
• Industrie, mines et cimenteries : les ressources minières du Congo, peu exploitées, représentent un potentiel très important. Le scénario tendanciel prévoit des modes d’exploitation respectueux de l’environnement et le recours aux énergies renouvelables (hydroélectricité) à hauteur de 70% en 2025 et de 80% en 2035. Le scénario bas carbone table plutôt sur 90% en 2025 et 95% en 2035 grâce à l’utilisation de la biomasse. Dans l’industrie, qui devrait se diversifier et créer 400 000 emplois grâce à un afflux d’investissements massif, les investisseurs devront respecter une éthique environnementale et sociale.
• Consommation des ménages et transport : 80% de l’énergie consommée par les ménages provient du bois, et les besoins devraient croître de 150 kWh par personne et par an à 2500 kWh par personne et par an. Pour limiter l’impact de cette augmentation, le plan propose de généraliser l’accès à l’électricité (100% des urbains et 75% des ruraux en 2035), ce qui sera rendu possible par la mise en valeur du potentiel hydroélectrique du pays encore très peu exploité, avec l’objectif d’atteindre 85% d’électricité d’origine hydraulique et de développer le solaire dans les zones isolées.
Les projets d’infrastructures de transport et de transport en commun, l’interdiction d’importation de véhicules de plus de 5 ans, le développement des carburants renouvelables devraient permettre, dans le scénario bas carbone, de limiter la hausse des consommations d’énergie.
• Energie : outre les mesures d’efficacité énergétique (foyers et meules à charbon améliorés) et de développement des énergies renouvelables déjà évoquées, le Congo agira sur les émissions liées au torchage du gaz (23% du total en 2000) en valorisant le gaz non torché dans de nouvelles centrales.
Enfin, le Congo met en avant des objectifs d’adaptation au changement climatique, afin de protéger les populations les plus vulnérables au risque climatique, et également les écosystèmes, les systèmes productifs et les infrastrustructures.
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