Mushingi, un homme de vérité ?
On se rappelle encore les propos en dérision du diplomate sur les stades remplis recto verso, en référence à la guerre de mobilisation que se livraient les différents protagonistes dans le projet de modification de l’article 37 de notre constitution. Laquelle modification devait offrir un nouveau bail au président sortant Blaise Compaoré. C’était la course à qui mobiliserait le plus de partisans pour conforter sa position. Dr Tulinabo Mushingi n’avait alors pas hésité à afficher son opposition ferme et celle de son pays à ce qu’il appelait « Lenga » (un bonus, dans nos langues nationales). « Il n’y aura pas de lenga », avait- il souvent clamé un brin taquin, mais tout aussi sérieux. Ce qui le faisait passer aux yeux de certains pour le diplomate le plus engagé dans le combat contre la modification de la constitution dans notre pays, pendant qu’au même moment certains criaient à l’ingérence dans les affaires internes du Burkina Faso. Du côté des services de l’ambassade l’on rappelait une position de principe sur les valeurs de la démocratie.
Les autorités de la transition installées après la fuite du président Comaporé, Dr Mushingi voyait comme priorité des burkinabè l’organisation de l’élection présidentielle pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Et quand le débat était ramené à la qualité des hommes qui dirigent la transition burkinabè, il appelait à la nuance. « Qu’elle soit parfaite ou non, nous devons accompagner l’équipe actuelle ; travailler avec ses perfections ou imperfections, sa faiblesse ou sa force pour arriver aux élections. Ce qu’il faut savoir, c’est que dans ce monde, aucune équipe n’est parfaite », avait- il lâché au cours d’une de ses tournées à l’Ouest du pays.
Une diplomatie de terrain
Certains le disent, Dr Mushingi peut se vanter d’être le diplomate le plus au fait des réalités du Burkinabè. Un diplomate atypique s’il en est. Et pour beaucoup, cette distinction est une juste reconnaissance des mérites du représentant d’un pays ami du Burkina Faso. Un observateur de la scène politique d’ajouter : « Rares de personnes honnêtes auraient à redire sur cette distinction, sauf à regretter que l’ambassadeur n’ait pas été proposé à une distinction beaucoup plus élevée ». Le diplomate quant à lui s’est dit « très honoré », félicitant au passage les Burkinabè qui ont su persévérer malgré les obstacles qui ont jalonné le parcours ayant conduit aux récentes élections. Ces obstacles qu’il a insidieusement qualifiés de « gendarmes couchés ». Toujours avec le même humour.
L’Ordre national, faut- il le rappeler, est destiné à récompenser le mérite personnel et les services éminents, civils ou militaires, rendus à la nation. Les membres des Ordres nationaux sont nommés à vie, sauf cas d’exclusion. Ils ont droit à des honneurs et préséances. Et le grade d’officier de l’ordre national dont vient d’être gratifié l’ambassadeur américain, est la quatrième plus prestigieuse des distinctions honorifiques que compte notre pays.
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