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lundi 13 juillet 2015

UN DÉPUTE VILIPENDE LE SÉNÉGAL SUR...

Certaines autorités bissau-guinéennes connues pour leurs accointances avec l’aile sud-est des combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) tentent depuis quelques jours de mettre de l’huile sur le feu dans les relations entre leur pays et le Sénégal. C’est le cas du député Mario Fambé qui a ouvertement accusé l’armée sénégalaise d’avoir  »empiété » sur le territoire bissau-guinéen et d’avoir  »ouvert le feu sur des militaires de Guinée-Bissau en faction à Bacari Injai » dans le secteur nord de Farim, région de Oio. Le député Mario Fambé s’exprimait jeudi en session plénière de l’assemblée nationale de Guinée-Bissau.

Mario Fambé qui s’adressait directement à Cipriano Cassama, le président de l’Assemblée nationale bissau-guinéenne pour lui enjoindre d’en faire une affaire d’État a avancé plusieurs arguments. Selon lui, l’incident a eu lieu le mercredi 10 juin à 15 heures locale sur un marché hebdomadaire appelé « lumo ». Et selon le député bissau-guinéen,  »des militaires sénégalais en uniforme ont franchi la frontière à moto avec leurs armes et ont ouvert le feu sur un détachement de l’armée bissau-guinéenne sans faire de victimes ».

L’honorable Mario Fambé affirme que  »l’incident a créé une panique générale si bien que les militaires bissau-guinéens dans le secteur de Farim sont en État d’alerte maximum ». Et pour terminer, le député demande à Cipriano Cassama, le président de l’Assemblée nationale de Guinée-Bissau d’en faire part aux autorités compétentes pour que  »l’armée sénégalaise soit tenue à distance ».

Devant l’ensemble des députés présents à la plénière, le Président Cipriano Cassama a promis d’engager le gouvernement bissau-guinéen à réagir sur l’incident rapporté par son collègue Mario Fambé. En attendant de savoir ce que cette promesse va donner comme résultat concret, revenons sur certains aspects de cet incident dont parle l’honorable député bissau-guinéen.

D’abord, ce ne sont pas des militaires sénégalais qui ont franchi la frontière, mais c’est un gendarme Sénégalais en uniforme et en arme qui a loué une moto « Jakarta » puis s’est rendu dans un village bissau-guinéen, non loin de la frontière. Sa présence a été signalée aux soldats bissau-guinéens en poste à Bacari Injai qui sont allés l’interpeller.

C’est bien après son retour que des coups de feu ont été entendus côté Guinée-Bissau. Pris de panique, plusieurs habitants de Bacari Injai ont fui en direction des deux villages de Sintcham et ceux de Djirbang vers Yarang Balante. L’incident a d’ailleurs été rapporté par nos confrères de Sud Quotidien.

Ce que le député Mario Fambé ne dit pas, c’est que la partie du territoire bissau-guinéen qu’il représente et où l’incident a eu lieu est une chasse gardée depuis dix ans des factions rebelles du MFDC proches de César Atoute Badiate qui, en 2006, y avaient délogé leur ancien chef Salif Sadio. Il est d’ailleurs étonnant que le gendarme sénégalais ait osé s’aventurer dans cette zone très dangereuse. Car, pas même la présence du camp militaire bissau-guinéen de Djumbembé entre le kilomètre 15 et le kilomètre 17 à partir de Farim, ne suffit à être un élément dissuasif pour les rebelles du MFDC dans le secteur.

Il suffit d’entrer dans les villages de Sintcham Aladje, Sintcham Bele et Sintcham Ermakonon pour s’en rendre compte. Le bétail des rebelles y est  vu en train de paître à côté des cases et des abris des combattants toujours armés jusqu’aux dents. Ils y cultivent même les terres qui leurs conviennent. Et pourtant cette partie de la Guinée-Bissau dont Farim est la capitale est bien la terre natale de l’actuel Premier ministre bissau-guinéen Domingos Simões Pereira.

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