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vendredi 6 mai 2016

Cap-Vert: la suite de la fusillade meurtrière

Un jeune militaire cap-verdien a été arrêté mercredi suite à une fusillade perpétrée la veille. Il est soupçonné du meurtre de onze personnes, dont deux techniciens espagnols. Un homme de 23 ans, membre des forces armées du Cap-Vert, a été arrêté mercredi dans le quartier de la capitale, Praia. La radiotélévision publique RTCV a diffusé des images du suspect, torse nu et tuméfié. Le jeune militaire aurait avoué à sa famille être le meurtrier, avant de prendre la fuite, selon les médias locaux. Toujours selon les médias cap-verdiens, le suspect a provoqué son arrestation en tentant de voler un taxi. Le chauffeur l'a ensuite maîtrisé avec l'aide de quelques civils, jusqu'à l'intervention de la police. Le jeune militaire était armé, mais n'a pas pu résister aux forces de sécurité. La veille, onze personnes avaient été tuées par balles dans un centre de télécommunications tenu par l'armée, dans la capitale. Huit militaires et trois civils ont trouvé la mort, dont deux Espagnols, qui travaillaient sur place comme techniciens. Le troisième civil était un Cap-verdien. Les victimes étaient âgées de 20 à 51 ans. Après cette attaque, neuf fusils d'assaut Kalachnikov et des munitions ont été retrouvées quelques heures plus tard dans une voiture, garée dans une zone d'habitation de la capitale. Le jeune militaire en fuite était désigné comme le principal suspect de la tuerie. L'événement a secoué le petit archipel, situé au large du Sénégal, peuplé d'à peine 540.000 habitants. À tel point que le gouvernement du Cap-Vert a décrété mercredi matin un deuil national de deux jours. Alors qu'ils prévoyaient de célébrer sur l'île de Fogo le 1er mai, date emblématique dans ce pays qui fût marxiste jusqu'en 1990, le président Jorge Carlos Fonseca ainsi que le premier ministre ont annulé leur participation. Réglement de comptes ou représailles des narcotrafiquants? Plusieurs médias ont émis l'hypothèse que cette fusillade constituait des représailles de la part des trafiquants de drogue, alors que d'importants stocks de cocaïne avaient été saisis sur l'archipel, début avril. Ancienne colonie portugaise, le Cap-Vert est une plaque tournante du narcotrafic entre la Colombie et la Guinée-Bissau. Ce dernier pays est également un ex-territoire portugais, qui a brièvement fusionné avec le Cap-Vert après leur indépendance commune, en 1975. Une fois arrivée sur la côte africaine, la drogue est ensuite acheminée vers l'Europe du nord, en particulier l'Allemagne et les Pays-Bas. Issues de l'ancienne guérilla indépendantiste, les petites forces armées cap-verdiennes se sont concentrées sur la lutte contre le trafic. Elles ont développé leurs capacités maritimes, avec le soutien logistique des États-Unis et de l'Union européenne. Les techniciens espagnols tués mardi étaient des conseillers dépêchés dans ce cadre. Mais pour le gouvernement cap-verdien, la fusillade meurtrière aurait pour origine «des motivations personnelles». Elle ne constituerait donc pas un «attentat contre l'État du Cap-Vert», selon un communiqué officiel publié mercredi.

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