Pages

mercredi 24 février 2016

Réchauffement des relations Burkina Faso-Côte D’ivoire : Le ‘’deal’’ des hommes forts a commencé

Extradition de ‘’Rambo’’, visite de remerciement du ministre des affaires étrangères du Burkina aux bords de la lagune Ebrié, silence radio sur les questions qui fâchent... Ce n’est pas plus que cela, et les choses n’iront pas plus loin. On envoie les uns, mais quant aux autres, on n’en parle plus. Le règlement diplomatique de la brouille entre les deux pays est activé. Les petits poissons passeront à la trappe, au grand bonheur des gros requins ; peut-être au nom des intérêts supérieurs des deux nations.


RÈagissez ‡ cet article Réagissez

Réchauffement des relations Burkina Faso-Côte D’ivoire : Le ‘’deal’’ des hommes forts a commencé !Les observateurs avertis avaient vu venir le ‘’deal’’. Les plus sceptiques attendaient de voir. Depuis la rencontre entre les présidents burkinabè et ivoiriens en marge du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, l’idée de régler diplomatiquement la crise née des mandats d’arrêts internationaux avait été émise.
Le président du Faso avait déjà ‘’clairement’’ émis le vœu que les membres de l’ex-RSP réfugiés en Côte d’Ivoire soient rapatriés. D’ailleurs dans une interview accordée à France 24 en marge de la visite du premier ministre français, il déclarait ceci : « Nous travaillons également pour que des Burkinabè, notamment les éléments de l’ex-RSP qui se sont rendus à Abidjan, parce que nous avons également lancé des mandats d’arrêt contre ces personnes aussi, pour que la sécurité ivoirienne puisse les rapatrier au Burkina Faso ». C’était le 20 février 2016. Le processus de rapatriement était déjà enclenché.
Puisque quelques heures après, l’adjudant-chef, Moussa Nébie, dit Rambo, Abdoul Karim Sawadogo et Ali Koné, refugiés en Côte d’Ivoire suite à la tentative de coup d’état du 16 septembre 2015 étaient remis aux autorités burkinabè.
Et là, le président du Faso dépêche le chef de la diplomatie pour aller dire merci aux autorités ivoiriennes. C’était la première visite officielle d’une autorité burkinabè en Eburnie, depuis la fin de la transition. « Nous sommes venus témoigner la reconnaissance du Président Kaboré et du peuple du Burkina aux autorités ivoiriennes, qui ont accepté d’extrader il y a 48 heures, un ex-RSP, Rambo », a déclaré Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabé de l’Etranger, à l’issue de sa visite.
‘’Le diplomate’’ Alpha Barry, à l’en croire s’est gardé d’évoquer les sujets qui fâchent. Ainsi, les mandats d’arrêt internationaux à l’encontre du président du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, et de l’ex-Président du Faso, Blaise Compaoré, n’ont pas été abordés.
La solution du juste milieu ?
Roch Marc Christian Kaboré et son homologue Alassane Dramane Ouattara entendaient par-là, gérer avec parcimonie un dossier qui, à y voir de près, leur a été imposé. Ce sont les autorités de la transition au Burkina qui avaient lancé les téléchargements des mandants d’arrêts internationaux avant de passer la main.
De l’autre côté, même si Alassane Dramane Ouattara n’a pas officiellement condamné le putsch manqué du 15 septembre, on a du mal à croire qu’il ait soutenu ‘’activement’’ en motivant de quelque manière que ce soit, les putschistes. Du moins pas comme la deuxième personnalité du pays, le président de l’assemblée nationale Guillaume Soro, si l’on en croit les fameuses écoutes téléphoniques. Les mandats d’arrêts sont donc dans une certaine mesure, étrangers aux deux chefs d’Etat, même si l’Etat est une continuité. Roch et ADO ont été mis devant les faits.
Les deux viennent de débuter leurs mandats de cinq ans à la tête de leurs pays respectifs et n’entendaient pas s’encombrer de dossiers. Il fallait du coup trouver le juste milieu pour contenter les camps. Ce n’est peut-être pas la solution du juste. Surtout dans le camp des victimes, cela peut sembler une trahison de la part des autorités. Mais, ‘’on va faire comment ?’’, pour parler comme l’autre.
Blaise Compaoré a obtenu la nationalité ivoirienne. Ce n’est pas fortuit. Le mandat d’arrêt émis contre lui y est pour quelque chose. On voit mal comment le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro peut être extradé au Burkina Faso pour répondre des faits à lui reprochés. La moindre des choses, était donc de remettre AU MOINS, ‘’Rambo’’ et les autres. En réalité, des moutons sacrificiels du ‘’règlement diplomatique’’ d’une affaire.
Tiga Cheick Sawadogo(tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire