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lundi 17 août 2015

Sheikh Sidia Bayo, opposant gambien: «Yaya Jammeh cherche à se racheter une conduite»

Sheikh Sidia Bayo, opposant gambien: «Yaya Jammeh cherche à se racheter une conduite».
Destination la Gambie où le président a fêté, il y a quelques jours, le 21ème anniversaire de son accession au pouvoir. A cette occasion, Yaya Jammeh a pris une décision historique : l'amnistie de dizaines de condamnés à la peine capitale ou à perpétuité pour trahison. Sont aussi concernés par cette soudaine mesure de clémence, mais sous certaines conditions, des Gambiens condamnés pour meurtre et des trafiquants de cannabis. Yaya Jammeh a aussi dans la foulée libéré une douzaine de proches des participants à la tentative de coup d'Etat du 30 décembre dernier, qui étaient détenus sans jugement. Comment interpréter ces gestes du tout-puissant chef de l'Etat gambien qui a instauré un climat de peur sur son pays depuis des années ? Pour répondre à cette question Sheikh Sidia Bayo, opposant exilé en France et candidat à la prochaine élection présidentielle en 2016 est l'invité de Marie-pierre Olphand.
RFI : Qu’est-ce qui explique ce geste du président Yahya Jammeh ?
Sheikh Sidia Bayo : Il y a plusieurs raisons à cet acte politique de Jammeh. La première, c’est qu’il y a une vraie asphyxie financière du régime de Yahya Jammeh. Le pays est dans un chaos économique sans précédent. Yahya Jammeh, depuis trois ans, s’est vu suspendre plusieurs aides économiques. Par exemple, l’Union européenne depuis quelques mois a suspendu son aide économique à la Gambie.
Vous voulez dire que c’est sous la pression qu’il a décidé de changer de cap et d’amnistier certaines personnes ?
Oui, parce qu’avant même que l’Union européenne décide de suspendre son aide à la Gambie, les Etats-Unis aussi ont arrêté l’aide habituelle qu’ils donnaient à la Gambie sur son programme appelé l’Agoa [Accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Afrique]. C’est tous ces évènements, toutes ces actions de ces institutions internationales, plus le lobbying de l’opposition exilée qui a payé. Aujourd’hui, on doit arrêter, en tout cas pour l’opposition gambienne, de se poser des questions : est-ce que Jammeh a été sincère ou pas ? Est-ce que c’est par rapport à la conjoncture économique du pays que Jammeh a procédé à ces libérations ? Moi, je dis non. Aujourd’hui, c’est vrai qu’il y a une raison derrière ces libérations. Sincèrement, je pense qu’il cherche à montrer patte blanche à la communauté internationale dans son intérêt propre d’abord.

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