C’est lors du conseil des ministres fédéral du jeudi dernier 21 mai 2015, sur proposition d’Alexander De Croo (du parti libéral flamand Open Vld), vice-Premier ministre de la Coopération au développement que la Guinée a fait son entrée dans la nouvelle liste des 14 pays partenaires de la coopération belge au développement.
Cette coopération au développement sera axée sur des secteurs notamment de la santé et de l’éducation. La Belgique entend accompagner la Guinée, dans sa reconstruction après avoir été durement éprouvée par l’épidémie d’Ébola.
Concrètement que signifie cela pour la guinée ? Pour répondre à cette question, votre quotidien en ligne Guinéenews© a rencontré l’ambassadeur de la Guinée au Benelux et auprès de l’union européenne, Dr Ousmane Sylla. Lisez !
Guinéenews© : Monsieur l’ambassadeur, quel est votre sentiment après avoir appris cette nouvelle ?
Ousmane Sylla : Au nom de l’ambassade de Guinée au Benelux et auprès de l’Union européenne, j’exprime un sentiment d’entière satisfaction envers le gouvernement belge pour cette décision. Je dois vous l’avouer que depuis deux ans, l’ambassade travaille avec les autorités belges pour que la Guinée figure sur cette liste. Après le sommet qui s’est tenu ici sur Ébola et l’entrevue qu’il y a eu entre monsieur le président de la République, le professeur Alpha Condé et le Premier ministre belge monsieur Charles Michel le 2 mars 2015, cette question a été posée sur la table. Le vice-Premier ministre m’a effectivement confirmé que la Guinée fait partie désormais de la liste de 14 pays prioritaires pour la coopération au développement. C’est un succès diplomatique pour la Guinée.
Guinéenews© : Quelles sont les conditions que doit remplir un pays pour figurer sur cette liste restreinte des pays prioritaires ?
Ousmane Sylla : Les critères sont naturellement à la discrétion du gouvernement belge ; il y avait vingt pays avant, de vingt ils ont réduit à quatorze. La Guinée a la chance de figurer parmi ces 14 pays prioritaires. Les critères, je pense d’abord qu’il y a la bonne gouvernance, les critères de respect de droits de l’homme, de démocratie, de bonne gestion. Vous savez que depuis quatre ans, la Guinée a eu beaucoup de succès sur la plan macroéconomique, nous avons pu accéder au programme PPTE (pays pauvres très endettés, ndlr), nous avons un programme avec le fonds monétaire international et la banque mondiale, l’Union européenne nous a accordés le 10ème FED (Fonds Européen de Développement, ndlr) et le 11ème FED, il y a eu un sommet international sur Ébola. En plus, le vice-Premier ministre a été impressionné par la gestion de la crise d’Ébola, la Belgique avait envoyé une équipe B-Fast sur place a N’zérékoré qui a fait un excellent travail et les résultats ont été très positifs. Tous ces facteurs ont joué un rôle positif pour que la Guinée figure sur cette nouvelle liste.
Guinéenews© : Sous quelle forme cette aide sera-t-elle matérialisée et arrivera à toucher les populations visées par le ministère de la Coopération belge ?
Ousmane Sylla : La coopération belge va voter un fonds pour les quatorze pays et pour accéder au fonds il y a toute une procédure. D’abord, les gouvernements belge et guinéen vont se retrouver pour identifier les priorités et repartir l’enveloppe destinée à la Guinée entre les différents secteurs ciblés. Le gouvernement belge m’a fait comprendre que la priorité sera la santé d’abord et ensuite viendront l’éducation et les infrastructures. Pour le moment, ils vont se concentrer sur l’Ébola, l’après Ébola, ils vont nous aider à renforcer notre système de santé avec la construction des hôpitaux, la formation des médecins, des infirmiers, la décentralisation du système de santé. Ce sera à double volet : d’un côté, c’est de gouvernement à gouvernement dont les fonds seront cogérés, et de l’autre côté, ce sera les ONG guinéennes et belges et les petites et moyennes entreprises (PME). Ces points seront très bientôt discutés entre les ministères guinéen et belge de la Coopération pour négocier les accords de coopération au cours desquels on identifie les projets et les domaines concrets que la Belgique va financer.
Guinéenews© : Pour combien de temps durera cette aide à la coopération au développement et à combien s’élève-t-elle ?
Ousmane Sylla : Cette liste sera révisée régulièrement pour voir si on rempli toujours les critères de sélection. J’espère que sera le plus longtemps possible. Pour le montant, je n’ai pas d’information précise mais je sais que par exemple le Burundi qui est une ancienne colonie quand même, le montant s’élevait à cinquante millions d’euros par an. Pour la Guinée aussi, je pense que l’enveloppe sera substantielle, mais tout cela sera négocié entre les deux gouvernements très prochainement.
Guinéenews© : A partir de quand ces fonts seront-ils disponibles ?
Ousmane Sylla : A partir de cette année 2015, et ce n’est pas limité à une, deux ou trois années, ça dépend des critères qui seront réévalués chaque année mais nous avons bon espoir que ce sera pour très longtemps.
Guinéenews© : Un dernier mot monsieur m’ambassadeur…
Ousmane Sylla : L’appel que j’ai lancé hier à la réunion de la coordination du Fouta en Belgique à laquelle j’ai été invité et que je lance aujourd’hui à tous nos compatriotes du Benelux, donc relevant de ma juridiction, est l’unité nationale. Je souhaite que les Guinéens soient unis, que nous nous donnions la main malgré la divergence politique. La Guinée a aujourd’hui une crédibilité au niveau internationale et donc saisissons cette chance pour développer notre pays.
Propos recueillis par Bassamba Diallo depuis Bruxelles, Belgique pour Guinéenews©
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