Une autre étape décisive vient de débuter dans l’affaire Thomas Sankara. Après l’audition de son épouse Mariam la semaine dernière, place à l’exhumation des restes de l’ancien Chef d’Etat révolutionnaire assassiné le 15 octobre 1987 et probablement enterré au cimetière de Dagnoën avec 12 de ses compagnons. Et ce 25 mai, comme on pouvait s’y attendre, une mobilisation s’est constituée aux alentours du cimetière. L’entrée est interdite au public, y compris les journalistes.
Thomas Sankara repose-t-il vraiment au cimetière de Dagnoën comme l’ont toujours soutenu ses bourreaux d’hier ? Certains Burkinabè en doutent fort. Ils étaient nombreux à se déporter sur les lieux très tôt ce lundi 25 mai 2015.
Les journalistes, comme toujours, étaient à l’affut de l’information mais aussi d’images pour étancher « la soif » des auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs. Mais, ils n’auront pas accès au cimetière. Car les forces de sécurités ont reçu des instructions fermes. Malgré les négociations, le « Non » est maintenu. Pour un évènement de cette envergure, nul ne pouvait rester les bras croisés attendant que l’information lui parvienne par magie. Même si le veto contre la presse était là, il fallait user de stratagème.
Obstinés malgré les mises en garde des forces de l’ordre, d’autres badauds se hisseront sur un tas de terre posé non loin du cimetière. De là, ils pouvaient, avec un peu d’effort, voir à l’intérieur du cimetière. Mais, très vite deux camions-bennes plus un Caterpillar sont chargés de ramasser la terre. Qui en a donné l’ordre ? Nul ne le sait. Ensuite, selon, certaines indiscrétions, la gendarmerie aurait pourchassé un individu qui s’était réfugié sur le toit d’un immeuble en construction pour prendre des photos ou filmer. S’agit-il d’un journaliste ? Rien n’est sûr.
Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net
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Avis de certains citoyens
Narcisse Naaba, Orpailleur
Le lendemain, quand nous sommes passés dans les parages, il y avait toujours la sécurité. Trois jours après, ils ont quitté les lieux. Mais le cimetière sentait très mauvais et il y avait des vautours dans le coin. Après, il y a un Caterpillar qui est venu racler la terre et arranger les tombeaux un à un. C’est trois mois plus tard, qu’ils sont venus bien arranger. Et aujourd’hui, je pense que ce n’est pas normal qu’on interdise l’accès au public, surtout à la presse.
Ouédraogo Seydou, commerçant
Franchement, on est mécontent. Si on a parcouru de longues distances pour être là ce matin, c’est parce qu’on croyait qu’on aurait accès au cimetière. On a entendu par la radio que les Burkinabè pouvaient venir voir. Ce qui me fait encore plus mal, c’est qu’on empêche la presse d’y avoir accès. Si les journalistes étaient au moins à l’intérieur, c’était comme si nous on était dedans. Ce serait grâce à eux qu’on aurait les vraies informations. Mais là, je peux dire que c’est louche. Ce n’est pas clair de faire quelque chose dans le dos de la presse. Les journalistes font leur travail et les dirigeants ne font pas le leur.
Bancé Zourganayni, cuisinier
On a appris l’information depuis très longtemps, mais aujourd’hui nous sommes arrêtés au soleil et on ne sait même pas ce qui se passe à l’intérieur. Ce n’est pas normal que les journalistes soient dehors. Quel qu’en soit la sécurité qu’ils veulent imposer, la presse doit avoir accès au cimetière. Sinon qu’est-ce qui prouve que les informations qui sortiront seront fiables ?
O.S, Boulanger
Le public n’a pas accès à l’intérieur du cimetière parce qu’il faut laisser les experts faire leur travail et le moment venu ils pourront donner le résultat de leur expertise. Mais, je pense quand même que les journalistes devraient avoir leur place à l’intérieur, pas trop proches des experts mais à une distance raisonnable. L’information en directe est très cruciale et la population doit y accéder. C’est un jour qu’on attendait depuis longtemps et quand c’est arrivé, il faut travailler de façon sereine.
Kièma Inoussa, étudiant en Droit
Nous sommes au cimetière pour assister à l’expertise de la tombe du capitaine Thomas Sankara mais pour le moment nous ne pouvons pas avoir accès. Et nous nous posons la question de savoir si les résultats seront crédibles du moment où la presse ne peut pas rentrer prendre des images.
Propos recueillis par BHF
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