Des habitations entières englouties et du mobilier emporté par les flots, des morts par noyade, les pluies diluviennes qui se sont abattues en mars et en novembre 2014 ont provoqué de lourdes conséquences dans les deux grandes villes du Congo que sont Brazzaville et Pointe-Noire. Ce qui a créé une véritable désolation pour la population des quartiers concernés.
En effet, à Brazzaville, les dernières pluies ont occasionné des éboulements dans la partie nord, à l’image de la route menant vers la station terrienne de Moungouni et l’avenue Bito à Massengo et dans les quartiers 67 et 68 Talangaï. Cette situation inquiète de plus en plus les populations riveraines qui ne savent plus à quel saint se vouer. « L’érosion est à moins de trois mètres de notre maison, nous demandons l’implication de la Délégation générale des grands travaux. En cas de pluie, des maisons seront englouties. Là, les tuyaux de la SNDE sont déjà partis. Que les autorités viennent nous aider pour fermer ce trou, sinon ce sera compliqué pour nous les riverains de cette érosion », a lancé un riverain de l’érosion de l’avenue Bitho.
Si au niveau de Bitho, l’occupation anarchique semble être à l’origine de ce fléau, la situation est bien différente au quartier 905 Massengo, notamment sur la route de la station terrienne. En effet, ici, la société Socofran, adjudicataire dudit marché depuis plus de deux ans est dans le viseur des populations. « Socofran a commencé les travaux depuis plus de deux ans. Quand elle travaillait, il y avait toujours des dégâts, ce qui signifie que le matériel qu’elle utilisait n’était pas efficace pour ce chantier. Sinon, on ne peut pas accepter que les Grands travaux qui ont des services habilités dans le contrôle des différents chantiers, ne puissent vérifier si le travail est exécuté selon les règles de l’art », critiquait un chef de bloc.
Le conseiller municipal Adélard Yvon Bonda qui avait visité ces deux érosions le 22 novembre, en compagnie de la presse, avait sollicité l’implication immédiate du gouvernement pour endiguer la calamité.« C’est une désolation. Quand les tuyaux d’eau sont coupés, des circuits électriques découpés, des belles maisons en voie d'être englouties. C’est triste. La population n’a pas besoin d’autre chose, elle a besoin de la rescousse des autorités, elle veut être assistée parce que ce qui se passe ici c’est désolant. Lorsqu’il pleut, chacun se doit d'avoir sa pelle en main, c’est grave, la réalité est là. Nous lançons un SOS à l’endroit des autorités afin qu’elles agissent le plus rapidement possible au risque de perdre tout ce que nous avons ici »,déclarait-il.
Interpellé par la population sur le non suivi du chantier, le conseiller municipal élu à Djiri avait par ailleurs, lancé un appel au directeur général du Contrôle des marchés publics.« Il y a quand-même un adjudicataire du marché qui a commencé les travaux, c’est une avenue qui devrait commencer depuis le Poste de police de Massengo en partant vers le village Ibalico pour descendre vers la station terrienne, deux grandes avenues qui allaient désengorger la circulation dudit quartier. Malheureusement, quand vous voyez de l’autre côté, on a construit quelques mètres de caniveaux avant d’abandonner», a-t-il déploré.
Le nom de la société Socofran est également cité au quartier 68 Talangaï, précisément au niveau de l’érosion de Mboualé hôtel qui a déjà rasé de nombreuses habitations, provoquant des sans-abris. À voir cette érosion, si aucune solution n’est trouvée à l’immédiat, elle sera également un danger pour la route de la corniche (échangeur) en construction dans cette partie de la ville.
À Pointe-Noire où l’on a enregistré le nombre important de morts (près de dix), la ville a un réel problème de curage de rivières et ruisseaux. C’est cela qui cause parfois de la psychose chez les riverains à la moindre pluie qui tombe. À ce problème s'ajoute l’absence de canalisation dans certaines artères qui n'est pas sans causer aussi d'ennui à la population. Ainsi, il est noté que certaines normes de construction et d’occupation de l’espace ne sont pas respectées. Avec le phénomène du changement climatique, il faut redouter que ce phénomène ne prenne de l’ampleur et devienne de plus en plus dramatique. Car, aucun arrondissement ne semble être épargné par le phénomène d’inondations.
Controverse autour de l’origine du fléau
Si les populations riveraines dénoncent des travaux d’aménagement mal réalisés, les autorités estiment que le phénomène est lié à l’occupation anarchique des terrains. Mais des spécialistes pensent de leur côté que la catastrophe est d’abord naturelle et affirment que les responsabilités sont partagées.
Face au sort des populations, les autorités n’ont pas baissé les bras. Au lendemain de la pluie de la nuit du 4 au 5 mars, le gouvernement avait, par le biais du ministère des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité, offert à chacune des quarante-cinq familles (243 personnes) victimes des effondrements de terre dans les arrondissements 7, Mfilou, et 9, Djiri, la somme de 300 000 FCFA pour trouver une maison de location pendant une période de six mois. Le même geste avait été opéré en faveur des victimes des inondations à Pointe-Noire.
S’agissant des trois derniers morts à cause de la pluie, le gouvernement a apporté son appui pour la prise en charge des veillées et l’organisation de l’inhumation. Au niveau de la mairie de Talangaï où plusieurs quartiers sont devenus depuis quelques temps les foyers de l’ensablement et des érosions, un comité de crise avait été mis en place pour évaluer l’ampleur des dégâts. « Nous avons constaté qu’effectivement le désensablement et le curage des caniveaux sont en train de se faire. Nous avons aussi vu que le gouvernement a commencé à poser les jalons de traitement de l’érosion du quartier Maman-Mboualé parce qu’il y a sur le terrain, une équipe qui a commencé le travail. Tout ceci va être corroboré par une grande action d’envergure que nous allons solliciter de la part des autorités. Cette action concernera le traitement des érosions qui sont nées dans les différents quartiers de Talangaï », annonçait Privat Frédéric Ndeké, administrateur-maire de Talangaï.
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