Neuf mois après le lancement de l’opération de police « Mbata ya Bakolo » par les autorités congolaises, - une démarche qui avait ravivé les tensions entre les deux pays suite au refoulement de 130 000 ressortissants de la République démocratique du Congo, dont des volontaires -, Brazzaville et Kinshasa songent à présent à mettre de l’eau dans leur vin en prenant des mesures sur l’ouverture des frontières. Reste maintenant à savoir, surtout du côté la République du Congo, si des dispositions seront effectivement prises pour faire respecter la réglementation, eu égard à la porosité des frontières tout au long du fleuve Congo.
Ouvrir les frontières entre la RDC et le Congo et surtout entre Brazzaville et Kinshasa, les deux capitales les plus rapprochées du monde n’est pas mauvais en soi. Ce que les populations brazzavilloises voire celles de l’intérieur du pays redoutent c’est la résurgence de la criminalité et du grand banditisme qui caractérisent les immigrés clandestins, dont ceux en provenance de la RDC.
Kinshasa devra savoir que traquer des criminels et des bandits de grand chemin à l’instar de ce que ses autorités policières font, - une action qui est d’ailleurs relayée par des émissions télévisées telle que Kin Makambo de Molière TV -, ne relève pas de la xénophobie comme certains médias, autorités et autres personnes ont fait croire à l’opinion.
En attendant l’ouverture officielle des frontières entre la RDC et le Congo, sait-on que les Brazzavillois ne cessent déjà de manifester leur mécontentement face au retour forcé de la quasi-totalité des refoulés, toujours en situation irrégulière dans la ville capitale ? Ce constat ne s’arrête pas à Brazzaville, il inclut toutes les villes. Mais, pourquoi ne procède-t-on pas aux patrouilles avec contrôle des pièces d’identité comme cela se fait sous d’autres cieux ?
Pourtant, à l’issue des travaux de la quatrième session de la commission spéciale Défense et Sécurité entre la République du Congo et la RDC tenue à Kinshasa, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, avait assuré que l’opération de police initiée par les services de son département allait continuer. « Mbata ya Bakolo est une opération de police ; donc, on ne peut pas dire qu’elle va s’arrêter parce que nous, nous traquons les criminels. Aucun pays ne peut accepter d’héberger des criminels », avait-t-il précisé. Et d’ajouter : « Nous pensons mettre en place tous les systèmes au niveau des arrondissements pour le suivi : donc soyez assurés que les dispositions seront prises. Ceux qui voudront s’établir dans notre pays devront effectivement obéir aux règles, aux lois et à la réglementation en vigueur dans notre pays ».
La population congolaise attend la concrétisation des mesures annoncées. La balle est donc du côté des autorités pour que les congolais dans leur ensemble, même ceux qui n’ont pas une arme pour se défendre contre les braqueurs et autres brigands, vivent en toute quiétude sur leur terre natale.
Notons que pour concrétiser l’ambition d’ouvrir les frontières entre la RDC et le Congo, une convention consacrant la volonté des deux chefs d’Etat, a été conclue pour une durée de cinq ans renouvelable. Ce texte sur la circulation et l’établissement des personnes et des biens entre les gouvernements du Congo et de la République démocratique du Congo (RDC), qui est déjà approuvé par le parlement congolais permettra l’ouverture, sous peu, des frontières.
Cela revient à dire que les voyageurs qui veulent aller d’un pays à un autre doivent dorénavant savoir que les choses ont changé qu’il leur faut se conformer à la loi en vigueur dans chaque Etat. En clair, ils doivent savoir, en attendant la promulgation de la convention qui réglemente la circulation entre les deux Congo que ce texte détermine les conditions d’entrée, de séjour, de sortie et d’établissements des personnes et des biens sur les territoires des deux parties. Il distingue deux catégories de voyageurs : ceux résidant dans les zones frontalières, à une profondeur de 50 kilomètres au plus de la frontière de chaque Etat partie ou dans les localités frontalières juxtaposées, et les voyageurs transnationaux.
Pour ce qui est des voyageurs qui résident dans les zones frontalières, la convention souligne qu’ils doivent produire un passeport, ou une carte d’identité, assorti d’un laissez-passer individuel dont la durée de séjour ne peut excéder 72 heures pour entrer dans le territoire de l’autre Etat partie. Quant aux voyageurs transnationaux, ils sont tenus de produire un passeport en cours de validité, avec un visa d’entrée. Les voyageurs en missions officielles dans l’un des Etats, détenteurs d’un passeport diplomatique ou de service, bénéficient au contraire de la gratuité de visa. Il en est de même des ressortissants des deux Etats en transit.
La convention réserve quelques colonnes sur les expulsions et note que « lorsqu’un Etat partie est tenu de procéder à la reconduite à la frontière de plusieurs ressortissants de l’autre partie, elle en avise l’autre partie par voie diplomatique ».
Nestor N'Gampoula
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