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lundi 1 décembre 2014

HOLLANDE EN GUINEE: Les retombées positives

Après une escale d’un peu plus de six heures dans la capitale guinéenne, le président français, accompagné de son homologue guinéen, a rejoint Dakar, tard dans la soirée du vendredi, Dakar où s’est ouvert ce samedi le 15ème sommet de la Francophonie. Si dans l’histoire des visites de présidents français en Guinée, le passage de François Hollande est des plus brefs, celui-ci aura tout de même été riche en enseignements. En premier lieu, il y a l’épidémie à virus Ebola à propos de laquelle, le numéro un français a témoigné de la solidarité et du soutien total de son pays à la Guinée. Cette brève visite a non seulement aidé à décrisper le climat politique intérieur, mais aussi, elle débouche sur une évidente détente entre les présidents guinéen et sénégalais.


En considérant tout à la fois les propos et les actes symboliques qui ont été posés, on retiendra que la majeure partie de la brève visite que le chef de l’Etat français à réservée à la Guinée, hier  vendredi, a été consacrée à l’épidémie à virus Ebola.
Soutien pluridimensionnel à la Guinée
Alpha Condé et son hôte de marque auront d’ailleurs suffisamment précisé qu’au-delà de toute l’aide matérielle et médicale apportée par la France, c’est bien la présence effective de François Hollande en Guinée, qui est plus importante, du point de vue du symbole. En étant le premier dirigeant occidental de son rang à fouler le sol d’un des pays victimes d’Ebola, François Hollande a voulu envoyer un message contre la stigmatisation et de l’ostracisme auxquels ces pays et leurs citoyens respectifs sont exposés. S’il produit les résultats escomptés, ce message pourrait notamment aider à endiguer les conséquences économiques de l’épidémie.
Pour autant, François Hollande n’a pas voulu que l’impact de son déplacement sur Ebola se limite au seul aspect purement symbolique. Ainsi, il a apporté avec lui une importante quantité de matériels et d’équipements devant aider dans le sens de la riposte contre l’épidémie. Des confrères ont  évoqué deux conteneurs qui étaient bien visibles à l’aéroport international de Conakry-Gbessia. Le chef de l’Etat français a également saisi l’occasion de la conférence de presse conjointe qu’il a co-animée avec le président Alpha Condé pour rappeler que la contribution globale de son pays à l’effort de guerre contre Ebola se chiffre désormais à environ 100 millions d’euros.
Plus concret encore, François Hollande a annoncé la mise en place, outre les centres de traitement d’Ebola de Macenta, de trois autres centres qu’il détaille ainsi : « Nous créons des centres de soins notamment en Guinée Forestière, et nous allons continuer à agir sur Conakry, créer aussi un centre de soin pour les soignants pour que les personnels, quelles que soient leurs nationalités, qui pourraient être touchés par le virus, puissent être soignés sur place. Ce centre sera  mis en place dans quelques semaines. Nous avons également créé un centre de formation pour les soignants ici en Guinée, il y en a déjà un qui est ouvert pour nos propres personnels en France.» A cela s’ajoute le fait que le numéro un français ait promis de plaider la cause de la Guinée lors du sommet de la Francophonie.
Hollande, prétexte à un dégel politique ?
La visite de François Hollande a également eu des répercussions positives sur le climat politique national. En effet, tandis que lors de sa conférence de presse de mercredi dernier, le président Alpha Condé a fait valoir une fermeté qui ne présageait rien de bon face aux menaces de manifestions publiques brandies par l’opposition, le chef de l’Etat a mis à profit sa conférence commune avec François Hollande pour temporiser un peu. Après que son hôte ait émis le souhait que toutes les parties prenantes soient associées aux futures consultations électorales, Alpha Condé a très promptement et à la surprise générale, déclaré : « Cellou Dalein Diallo qui est assis-là est le chef de file de l’opposition ». Prenant tout le monde de court, il poursuit en indiquant que les démarches visant à formaliser «ce statut» devrait aboutir dès la semaine prochaine par l’adoption du document par l’Assemblée nationale. Même si une telle annonce pourrait se révéler ‘’un cadeau empoisonné’’, on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’à priori, il participe d’une démarche apaisante.
Hollande, le médiateur
Les diplomaties guinéenne et sénégalaise aussi peuvent dire merci à François Hollande. Alors qu’un climat aigre-doux régnait entre les deux pays depuis le diagnostic de l’épidémie à virus Ebola en Guinée, la venue du président français aura permis de taire ou de mettre en veilleuse des divergences qui avaient tant pesé sur les populations des deux pays respectifs. Contraignant de facto l’Etat sénégalais à ouvrir la frontière (ne serait-ce qu’aérienne) avec la Guinée, le président français, une fois à l’aéroport de Conakry n’a laissé aucun doute quant au volet médiation de son séjour : « Je vais avec vous (Alpha Condé, NDLR) au sommet de la Francophonie pour lancer un nouvel appel à la communauté internationale ». Au-delà de l’épidémie à virus Ebola qui est ici invoquée pour justifier la présence d’Alpha Condé dans la capitale sénégalaise, c’est cette présence, en tant que telle qui est une prouesse de la part de François Hollande. Car il y a quelques semaines, elle n’était pas particulièrement évidente.
La visite et les erreurs historiques
Outre ces avantages évidents, il est tout de même à souligner que quelques erreurs historiques ont été commises à la faveur de cette visite. C’est par exemple le fait qu’on ait voulu faire croire que François Hollande est le quatrième dirigeant français à fouler le sol guinéen depuis l’indépendance. En réalité, il en est plutôt le cinquième. Car, avant lui, Charles De Gaulle est passé en Guinée en août 1958, Valery Giscard d’Estaing, en 1978, François Mitterrand, en 1986 et Jacques Chirac en 1999.
Justement, par rapport à cette dernière visite de Jacques Chirac, le président français et son homologue guinéen ont tous deux estimé que cette visite remonte à 19 ans. En réalité, elle remonte plutôt à 15 ans.
Ces petites erreurs de calculs montrent bien qu’on était aussi émus des deux côtés.
Boubacar Sanso BARRY pour GCI
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