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mercredi 26 novembre 2014

Coopération: le ministre Jean Jacques Bouya rassure sur le projet de construction d'une nouvelle ville à Kintélé

Le ministre à la présidence de la République chargé de l’Aménagement du territoire et de la délégation générale aux grands travaux, Jean Jacques Bouya, vient de signer à Rome un mémorandum de construction avec le vice-ministre italien du développement économique, Carlo Calenda. Dans cet entretien, il dévoile les différents contours de ce partenariat.
Les Dépêches de Brazzaville : Quelle est la raison de votre présence à Rome, M. le ministre ?
Jean-Jacques Bouya : Vous savez qu’au mois de juillet dernier, notre pays et le président Denis Sassou-N'Guesso ont eu l’honneur et le privilège de recevoir à Brazzaville le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Au cours de cette tournée, on a pensé au plus haut niveau de l’Etat qu’il fallait renforcer davantage la coopération italo-congolaise. Des projets importants avaient été ratifiés. Ils concernaient notamment les hydrocarbures mais surtout un projet concernant la construction d’une ville nouvelle à Kintélé qui a été signé en présence du président Denis Sassou-N'Guesso et du Premier ministre italien. Au vu de cela et après notre première visite ici, à Rome en 2012, nous sommes revenus pour concrétiser le tout. Nous venons donc de rencontrer le vice-ministre du Développement économique, qui était avec nous à Brazzaville. Et puis, ayant reçu de part et d’autre les instructions de nos hiérarchies respectives, il fallait s’asseoir, revisiter l’ensemble de ces choses et appuyer sur l’accélérateur, notamment pour la construction de la ville de Kintélé pour laquelle nous avons signé un mémorandum pour sa construction. Nous attendons désormais la grande visite de la "Confindustria", le patronat italien dans cette filière, pour visiter Brazzaville et le Congo en janvier. Il s'agit de booster ce projet de Kintélé et regarder d’autres opportunités d’investissement notamment dans l’agro-industrie et la construction.
LDB: Jusqu’ici, la coopération italo-congolaise concernait surtout le pétrole. L’heure est donc  désormais à la diversification ?
JJB : Voilà, c’est le chemin de la diversification. C’est vrai qu’il y a le pétrole avec le géant pétrolier ENI, mais il y a d’autres chantiers déjà anciens, et d’autres sociétés. Telle Astaldi qui est intervenue dans un certain nombre de chantiers routiers y compris dans la réhabilitation du Chemin de fer Congo-Océan. Il s’agit donc  d’aller plus loin. Diversifier et permettre, à la faveur de ce grand rapprochement, que d’autres secteurs soient touchés. Parce qu’avec un secteur de l’énergie comme le pétrole, si le Congo ne se met pas à la diversification, nous risquons d’aller dans le mur après son épuisement. Nous devons donc nous mettre à la diversification de l’économie vu que le Congo bénéficie d’une position stratégique : à cheval sur l’Equateur, avec une porte d’entrée sur l’Atlantique et un port en eau profonde, une belle dorsale économique sur  les pays voisins, sans oublier le Bassin du Congo avec ses forêts, toutes ses terres abondamment fertiles et des gisements miniers prometteurs (...) Si nous ne valorisions pas cela, ce serait bien dommage.
LDB:Visitant le Mozambique, le Congo et l’Angola, le premier ministre Renzi a dit que l’Afrique était l’avenir stratégique et énergétique de l’Italie pour les 30 prochaines années. Qu’est-ce que le Congo a, à offrir en dehors du pétrole et du gaz ?
JJB : Ce sont les atouts que  je viens de vous citer : notre position de carrefour entre le nord et le sud du monde. Nous sommes à la croisée de plusieurs Etats, avec des atouts naturels. Donc l’expertise italienne, avérée au niveau mondial en plusieurs domaines,  ne peut être qu’un plus pour le Congo à partir de ce grand rapprochement. Cela ne peut que nous aider. Quand on pense qu’ENI est présente au Congo depuis 1968, on aurait pu tout aussi  booster la coopération  dans d’autres domaines que le pétrole. Le premier ministre italien l’a bien compris ;  il a visité le Congo, l’Angola et le Mozambique. Il a saisi les atouts de notre pays, qui sont aussi sa population jeune dont il a loué la chaleur de l’accueil. Si nous lui donnons une formation qualifiante, nous aurons constitué là, avec cette jeunesse, une véritable richesse pour le Congo de demain et pour toujours.
LDB: Expertise italienne, expertise chinoise, est-ce une  concurrence positive ?
JJB : Diversification de l’économie nationale, diversification des partenaires. Quand un pays est à son éclosion, à l’orée de son développement, plusieurs expertises ne peuvent que concourir à son épanouissement. C’est une richesse qui est à notre avantage.
LDB: La coopération italo-congolaise accuse des retards ? Dans quels domaines ?
JJB : En dehors du pétrole, le Congo a beaucoup de choses à faire avec l’Italie. Un retard ? Peut-être un tout petit peu dans la construction des routes. Mais, Il y a vraiment tout à faire avec l’Italie. Et M. Renzi a touché du doigt cette particularité. C’est la première fois qu’une autorité italienne de ce niveau visite notre pays et visite même l’Afrique. Notre continent et l’Italie sont voisins en réalité. Or vous  voyez que des entreprises délocalisent en Europe, passent par-dessus l’Afrique et vont chercher de meilleures opportunités, qualité-prix en Asie. De tels atouts, c’est chez le voisin d’à-côté, l’Afrique, qu’il faut les rechercher. L’Afrique et l’Italie ont en commun l’histoire. Nous sommes donc heureux que le premier ministre italien et d’autres dirigeants européens nous visitent et comprennent que l’avenir du monde se jouera avec l’Afrique. Et nous, au Congo, nous voulons aussi jouer notre partition.
Propos recueillis par Lucien Mpama

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