L’arrivée
 d’Alpha Condé à la magistrature suprême de la République de Guinée 
commence à ressembler au roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos
 « Les Liaisons dangereuses » qui expose les perversions de l’Ancien 
Régime (qui avait précédé la Révolution Française).  Le roman a inspiré 
des films, des théâtres, et la musique.   Le rôle du Vicomte de Valmont 
tiendrait comme un gant à celui qui avait promis aux Guinéens d’être le 
Mandela et l’Obama de la Guinée, l’Alpha et l’Omega de la renaissance 
économique et culturelle du pays. Mais les liaisons dangereuses du 
Professeur semblent le détourner de son objectif initial.  L’appât de 
richesses minières de la Guinée a été une distraction majeure.  On dit 
souvent que « l’or rend fou » et comme le montre l’histoire du Far West,
 cette richesse du sous-sol attire des liaisons dangereuses qui 
contribuent à propager des comportements hors-la-loi. On dit souvent  
« dis moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ».  Les liaisons 
dangereuses d’Alpha Condé l’ont complètement éloigné de sa vision d’être
 le Mandela de la Guinée.  Nous analysons ci-dessous les influences et 
complicités qui ont mené le président guinéen à s’accommoder de la 
mauvaise gouvernance ambiante.
Les despotes pétroliers de l’Afrique Centrale 
Alpha
 Condé est peut être venu en Guinée « avec des mains propres » mais ses 
ambitions commerciales rappellent une « course de rattrapage 
financier ».  Avant d’être « le premier président démocratiquement élu »
 de la Guinée, Alpha Condé a été fortement influencé par les modèles de 
gouvernance des despotes pétroliers de l’Angola, du Congo Brazzaville et
 de la Guinée Equatoriale où le Chef d’Etat d’un régime 
ultra-présidentialiste est aussi le chef d’un empire politico-financier 
basé sur les ressources naturelles. Une fois élu, ses fréquentations et 
amitiés ne concernaient pas les Chefs d’Etat des grands pays voisins de 
la Guinée ou de la sous-région, mais les membres d’une clique unique de 
Chefs d’Etats d’Afrique centrale devenus richissimes et politiquement 
indéboulonnables à cause de leur mainmise sur les industries extractives
 de leurs pays.  Le président guinéen a plus de liens amicaux avec 
Sassou Nguesso, Dos Santos et Obian Nguema que ses voisins immédiats 
Ouattara et Sall dont les actions pourraient avoir plus d’impact sur la 
population guinéenne.  Ce n’est pas étonnant que la Côte d’Ivoire et le 
Sénégal, les deux plus puissants voisins de la Guinée, ont récemment 
fermé leurs frontières avec la Guinée sans états d’âme suite à la crise 
d’Ebola. 
Malheureusement
 le président guinéen s’y prend très mal lorsqu’il cherche à émuler son 
ami Eduardo dos Santos de l’Angola qui a brillamment réussi à allier 
business familial et succès politique sur la base de la société 
pétrolière étatique angolaise Sonangol qui sert de « machine à cash » 
pour le gouvernement angolais.   Grâce au contrôle de Sonangol, Dos 
Santos a pu s’assurer la plus grande longévité au pouvoir en Afrique 
(seul le dirigeant de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema a régné 
plus longtemps sur son pays).  Afin de copier le modèle angolais, le 
Professeur Alpha Condé s’est empressé de promulguer un code minier qui 
exige 35% de participation de l’Etat dans les projets miniers et une loi
 portant constitution du patrimoine minier et de sa gestion, sous la 
tutelle de la Présidence.  Le Président a ensuite créé une société 
guinéenne de gestion du patrimoine minier (SOGUIPAMI) avec pour mandat 
principal de (i) lever, recevoir, emprunter, placer sur le marché 
financier ou boursier et gérer des fonds pour financer la recherche 
géologique et développement du patrimoine minier ; (ii) recevoir des 
fonds par subventions et transferts, détenir, gérer les actions, les 
participations, les intérêts financiers et commerciaux de l’Etat guinéen
 dans les sociétés minières, les sociétés de commercialisation, de 
marketing, de transport de minerais et de produits dérivés.  Sous le 
couvert de la SOGUIPAMI, Alpha Condé prendra des prêts au nom de la 
Guinée dans les conditions les plus opaques (25 millions de dollars des 
Etats-Unis auprès de Palladino ; 150 millions de dollars auprès de la 
République d’Angola ; 35 millions du Congo, et d’autres prêts encore non
 déclarés).  Les révélations de ces prêts secrets par la presse 
internationale avaient été vite étouffées par les lobbyistes et 
soigneurs d’images de M. Condé. Les articles commandités de la presse 
anglo-saxonne continuaient à lui donner une image « Monsieur  Propre » 
et à vanter ses déclarations trompeuses sur la transparence des contrats
 miniers, l’unicité des caisses, et son engagement pour la bonne 
gouvernance.
Le
 Président guinéen aurait pu être aussi riche que Dos Santos. Ce qui l’a
 manqué, ce sont les hommes compétents pour traduire sa vision 
mercantiliste en un empire politico-financier basé sur les mines de 
Guinée. Entre les crieurs et béni oui-oui de son « RPCé » et les anciens
 combattants qui se sont reconvertis en hommes d’affaires du « MPLA » il
 n’y pas photo.  En s’appuyant sur les nominations ethniques, le 
Président Condé a raté le coche pour devenir le Dos Santos de l’Afrique 
de l’Ouest. Comparé à l’amateurisme de la SOGUIPAMI d’Alpha Condé, la 
Sonangol de Dos Santos est gérée avec un professionnalisme qui fait 
pâlir ses critiques occidentaux. En 2012, la société avait réalisé 46,97
 milliards de dollars de chiffre d’affaires (près de 10 fois le PIB de 
la Guinée), possédait des structures dans le monde entier y compris des 
antennes à Londres, Houston et Singapour à travers lesquelles elle 
revend environ 800 000 barils par jour.  Elle est devenue un conglomérat
 géant (numéro 2 en Afrique) avec une vingtaine de filiales autour de la
 société mère, Sonangol EP (Exploração e Produção), et est présente dans
 des activités aussi diversifiées que l’exploration pétrolière, le 
transport aérien, les télécommunications, les banques et assurances, la 
formation et la santé, et l’immobilier.
Il
 faut noter aussi que malgré que Sonangol ait servi à l’enrichissement 
de Dos Santos et de sa famille, l’effort personnel des membres de la 
famille et leur compétence à fructifier les avoirs avait joué un grand 
rôle. Isabelle Dos Santos, la fille ainée de Dos Santos, née en 1973 est
 devenue une femme d’affaires respectée dans le continent, milliardaire 
en dollars et considérée la femme la plus riche d’Afrique.  Son mari, 
Sindika Dokolo, sert dans le conseil d’administration des filiales de 
Sonangol.  Son jeune frère, Jose Filomeno de Sousa dos Santos dit 
« Zenu », 35 ans, est propulsé à la tête du fonds souverain lancé en 
octobre 2012 pour investir dans le développement du pays, dont le 
capital initial de 5 milliards de dollars doit être abondé chaque année 
de 3,5 milliards supplémentaires issus des recettes de la vente du 
pétrole. Beaucoup d’observateurs avaient vu dans cette nomination la 
mise en œuvre du plan pour préparer le fils à succéder au père.  
Contrairement à l’efficacité brutale et la compétence du Clan Dos Santos
 dans les affaires, le Clan Condé s’est illustré par l’improvisation et 
l’amateurisme.  Condé a aussi manqué de « baraka » dans ses affaires 
commerciales. Tous les gros projets miniers multimilliardaires sur 
lesquels il comptait pour établir un empire politico-financier ont peiné
 à voir le jour. D’autre part, en 2011, par un concours malheureux de 
circonstance, le FMI avait mené un audit des finances publiques de 
l’Angola qui avait révélé l’existence d’un trou de 31,4 milliards de 
dollars. Ce montant représentait les opérations extrabudgétaires de la 
Sonangol au profit du parti au pouvoir.  Au vu du tôlé général que le 
scandale avait soulevé, le FMI avait exigé comme condition de son 
soutien  une surveillance accrue l’obligation pour l’Etat angolais de 
présenter en 2013, pour la première fois, un budget incluant les 
opérations opaques de la société. D’habitude très complaisant envers le 
Président guinéen, le FMI n’avait pas d’autre choix que d’appliquer la 
même rigueur sur Alpha Condé en décourageant la création d’une Sonangol 
minière en Guinée. Lors de sa mission en 2013, le FMI tuera dans l’œuf 
l’idée d’une SOGUIPAMI fonctionnant comme une branche commerciale de la 
Présidence.
Les lobbys miniers
Lors
 d’un point de presse le 14 Septembre 2013, le Professeur Alpha Condé a 
affirmé : « J’ai dit a Vincent Bolloré, c’est vrai c’est un ami 
personnel de plus de 30 ans, que s’il ne respecte ses engagements, 
l’Etat guinéenne n’hésitera pas à annuler son contrat ».  Cette phrase 
est révélatrice de l’influence des lobbys étrangers sur la Guinée.  Les 
relations personnelles du Président ont pris le dessus sur l’intérêt de 
l’Etat.  Contrairement à Sékou Touré ou même Lansana Conté qui 
maintenait généralement des relations non personnelles mais officielles 
avec les Etats et les investisseurs, le Professeur Alpha Condé 
privilégie son réseau d’amis et leurs lobbys.  Au lieu des relations 
officielles, les rapports de la Guinée avec le reste du monde sont 
dominés par des relations officieuses avec des amis et des lobbys 
étrangers. La campagne présidentielle de l’entre-deux tours en 2010 a 
établi un précèdent dangereux.  Alpha Condé a montré à la classe 
politique qu’il était possible de conquérir et de se maintenir au 
pouvoir en s’offrant les services de lobbys étrangers en troquant le 
patrimoine national contre des soutiens politiques et financiers. Par 
exemple, le Nouvel Observateur du 23 Mars 2011 rapporte des allégations 
de la société GETMA selon lesquelles Bolloré aurait soutenu la campagne 
électorale d’Alpha Condé par le biais de l’agence de communication 
Euro-RSCG en échange de la promesse d’un contrat de gré à gré sur 
l’exploitation du port de Conakry.  L’année suivante, c’est la revue 
Human Events des Etats-Unis qui soutient que les 25 millions de dollars 
issus du prêt secret de Palladino étaient destinés à financer 
l’intronisation du Professeur Alpha Condé en Guinée. 
Sékou
 Touré qui avait jalousement gardé les ressources naturelles de la 
rapacité des requins miniers devrait retourner dans sa tombe rien qu’à 
voir ceux qui se réclament ses héritiers idéologiques et 
ethno-politiques s’accoquiner avec la CIA et la DGSE et composer avec 
des brasseurs d’affaires et lobbyistes impérialistes de tout acabit pour
 spolier les ressources du pays contre des avantages financiers à court 
terme. L’action des lobbys, en l’absence de contrôle parlementaire 
effectif, a verrouillé le système démocratique du pays au profit du 
régime en place.  Les miniers préférant un client qui les accommode 
préfèrent avoir leur pantin aux commandes. 
Les
 lobbyistes assurent le maintien du régime affairiste en lui donnant une
 aura de crédibilité internationale.  Au lendemain de l’intronisation 
d’Alpha Condé, Georges Soros avait accouru à Conakry pour féliciter 
« son » candidat victorieux. La visite était couronnée par une 
conférence de presse tenue à la case Belle Vue au cours de laquelle 
Georges Soros avait déclaré : « d’ici le 6 Mars une équipe 
canadienne sera à Conakry pour faire une étude de faisabilité afin de 
trouver une solution au problème d’électricité en Guinée.  Nous pensons 
que dans six mois l’électricité sera fournie dans les conditions 
normales. Nous allons viser les zones peuplées tel que Conakry et ses 
environs. »  Au lieu de la Philanthropie espérée, c’est plutôt le 
brasseur d’affaires que les Guinéens ont eu.  Soros n’a pas joué le rôle
 de mécène désintéressé, mais en tant que patron d’un empire financier 
reposant sur les Hedge Funds et la spéculation financière.  Il est celui
 qui a eu l’exploit de précipiter la crise financière Asiatique de 1997 
et qui a acquis la réputation de « l’homme qui a mis genoux la Banque 
d’Angleterre » en 1992 que les Guinéens ont eu.  Sous le couvert de la 
philanthropie, Soros a infiltré et caporalisé l’appareil de décision de 
l’Etat en devenant un conseiller bénévole et un lobbyiste incontournable
 du cercle Présidentiel et en aidant Alpha Condé à intégrer les milieux 
politiques et affairistes. 
Avec
 l’entremise de Soros, Tony Blair a été recruté par le Professeur Alpha 
Condé pour donner des services de lobbying  et de «consultant en image 
de marque » qu’il octroie à des dictateurs et monarques peu portés sur 
la démocratie (notamment Nousourlan Nazarbaeiev du Kazakhstan et les 
monarques du Koweït et des émirats arabes unis). Selon le journal 
britannique « The Telegraph », Tony Blair avait signé le deal pour 
servir de conseiller-lobbyiste pour Alpha Condé au même moment où la 
Guinée signait un deal avec Mubabala (qui emploie aussi Tony comme 
conseiller).  C’est sous le regard plutôt bienveillant de ces chantres 
de la bonne gouvernance que les contrats opaques se sont multipliés, que
 les prêts secrets ont été consentis, que les 700 millions de dollars de
 Rio ont été bradé, que la Guinée a perdu toute crédibilité dans le 
secteur minier.
Les réseaux émiratis 
Les
 émiratis sont rentrés par la petite porte en Guinée le 28 Avril, 2005 
lorsque la société Dubal avait signé un accord pour l’acquisition de 25 
pourcent du capital du projet Global Alumina Corporation (GAC) et le 
droit d’achat de 25 pourcent de sa production.  Dès son arrivée au 
pouvoir, Alpha Condé réalise le potentiel d’une liaison dangereuse of 
les milieux d’affaires des émirats.  Il essaye de vendre clandestinement
 à Mubadala une partie des actions (49 pourcent) que l’Etat guinéen 
détient dans la Compagnie des bauxites de Guinée.  Devant le tôlé que 
l’ébruitement de l’affaire avait causé, il recule mais trouve une autre 
porte d’entrée pour les émiratis.  L’annonce du départ de BHP Billiton 
en 2012 offre l’opportunité idéale.  En Décembre 2012, GAC rachète les 
actions de BHP-Billiton, augmentant du coup son capital de 33,3 pourcent
 à 66,7 pourcent. Ensuite, en Mai 2013, le régime d’Alpha Condé autorise
 à GAC de céder tous ses intérêts dans le projet à deux conglomérats du 
gouvernement émirati : Dubaï Aluminum Co (Dubal) et Mubadala Development
 Co.  Ces deux entités créent une société de holding qui payera à GAC la
 bagatelle de 2 milliards de dollars au moment de la signature de 
l’accord  et 36 millions de dollars à la conclusion du marché.  Le 
gouvernement qui crie au scandale à propos de la cession par BSGR des 
actions de Simandou 1 et 2 à Vale contre 2,5 milliards de dollars 
d’investissement, ne trouve rien à redire sur cette vente.  Au 
contraire, son porte-parole Damantang Camara, n’avait pas tardé de 
pavoiser : « ce marché ouvre de meilleures possibilités pour le projet. Il va accélérer la construction de la raffinerie ». 
 Par la suite, tout le gratin gouvernemental s’était rendu aux Emirats 
pour des affaires avec leurs nouveaux amis.  C’est le plat froid du 
projet GAC que le gouvernement va réchauffer à temps pour les élections 
législatives pour annoncer de « nouveaux » investissements émiratis 
imminents de l’ordre de 6 milliards de dollars.  Les guinéens avaient, 
comme d’habitude, gobé l’effet d’annonce pour renouveler leur confiance 
au RPG lors des élections législatives.
Par
 la suite les liens du cercle présidentiel avec les émiratis se sont 
renforcés.  La ligne Emirates a commencé à desservir Conakry sans raison
 commerciale apparente.  Le gouvernement émirati a aussi consenti des 
fonds de l’ordre de 35 millions de dollars, officiellement pour aider 
l’agriculture, mais en réalité pour servir la campagne d’Alpha Condé 
destinée à éblouir les populations à l’approche des élections 
présidentielles.  D’autres liens commerciaux occultes se sont 
développés, et ceci explique peut-être pourquoi les fonds de la Banque 
centrale avaient comme destination une banque de Dubaï. Ceci arrange les
 affaires louches, car Dubaï est reconnue dans les milieux financiers 
comme l’un des plus grands centres de blanchiment d’argent du monde, 
malgré les efforts du gouvernement émirati sur papier, notamment les 
législations contre blanchiment d’argent et le financement du 
terrorisme.  D’ailleurs, Dubaï est sous la loupe des autorités 
américaines et françaises.  C’est d’une banque de cette ville que les 
attaques terroristes du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis avaient été 
financées.  Le Département du Trésor surveille les mouvements de fonds 
destines à Dubaï afin d’empêcher le financement du terrorisme.  L’ONG 
Global Witness estime qu’une grande quantité d’or clandestin se retrouve
 dans cette ville.  De leur côté, les Nations Unies et la Banque 
mondiale soutiennent que le butin des pirates somaliens trouve refuge à 
Dubail.  D’autres sources indiquent que les recettes de la vente 
illégale d’héroïne de l’Afghanistan sont aussi recycles à Dubaï. 
La
 Banque centrale des émirats essaye de combattre les mouvements 
illicites de fonds à travers la Anti-Money Laundering and Suspicious 
Cases Unit, mais chaque année se traduit par une augmentation des cas.  
En 2009, ce bureau avait identifié 1 729 cas de mouvements illicites de 
fonds, ce qui était une augmentation de 42% par rapport à l’année 
précédente.  Il suffit pour un homme d’affaires étranger de trouver un 
partenaire local qui souscrit 51% du capital pour monter une 
société-écran et se lancer dans des activités de blanchiment d’argent.  
En 2008, les autorités avaient exigé aux institutions financières 
d’enregistrer les détails de tout transfert bancaire supérieur à 2000 
dirhams, mais le système financier est toujours une passoire.  En 
décembre 2013, un audit de la Banque de Kabul avait révélé un trou de 1 
milliard de dollars qui représentait les fonds volés dans le programme 
de l’assistance américaine et qui sont recyclé pour une grande part à 
Dubaï.  La mafia russe et ukrainienne a trouvé dans les failles du 
système financier de Dubaï un terrain idéal pour prospérer leurs 
affaires de blanchiment d’argent.  Des appels de responsables européens 
et au sein du G8 se font de plus en pressants pour mettre les émirats 
sur la liste noire des pays à haut risque de blanchiment de fonds et de 
financement du terrorisme.  Des appels de responsables européens et au 
sein du G8 se font de plus en pressants pour mettre les émirats sur la 
liste noire des pays à haut risque de blanchiment de fonds et de 
financement du terrorisme. 
Les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France
Avec
 le quitus permanent de ces deux puissances étrangères, la fraude 
électorale et les violations des droits de l’homme sont garanties 
d’impunité.  Par exemple, malgré les exactions des forces de sécurité et
 violations des droits de l’homme durant les manifestations politiques, 
lors  de la célébration de la fête du 14 Juillet en 2012, l’Ambassadeur 
de la France avait salué les « efforts remarquables accomplis dans le cadre de la Réforme du Secteur de la Sécurité » et avait assuré que la France «  restera aux côtés des forces armées guinéennes dans cette entreprise de refondation du lien Armée-Nation. » 
 Quant à l’Ambassadeur américain, il était devenu si proche du pouvoir 
qu’on l’appelait Laskaris Condé à Conakry.  Il ferme les yeux sur les 
problèmes de gouvernance et ne tarit pas d’éloges sur le comportement 
des forces de sécurité.  Dans une déclaration du 30 Septembre 2013, il 
appelait les Guinéens à accepter les résultats controverses de la CENI 
alors qu’une bonne partie de l’opinion les considéraient non-conformes à
 la vérité des urnes. Il félicitait les forces de sécurité qui, selon 
lui, avaient « contribué à faciliter le vote  dans les 12.000 
bureaux de vote, et ont apporté un soutien efficace tout en garantissant
 les droits de tous les électeurs. »  Rejetant d’un revers de main 
les revendications de l’Opposition, il avait déclaré avant même que la 
cour suprême se prononce que le vote était « libre, équitable et inclusif » et que tout défaut était imputable à des « problèmes techniques et logistiques résultant de l'état déplorable des infrastructures en Guinée » qui avaient, selon lui, affecté toutes les parties de manière égale.
Le Fonds monétaire international (FMI)
Comme
 les puissances occidentales, le FMI a aussi succombé au charme du 
président dès sa venue au pouvoir.  L’appui au président vient d’abord 
sous forme Facilité élargie de crédit (FEC) approuvée le 24 février 2012
 suivie de l’obtention du PPTE en Septembre 2012.  La Guinée qui se 
faisait recaler depuis 2000 et qui restait le rare (sinon le seul) pays 
de la sous-région à ne pas pouvoir passer ce cap, s’attire une 
compassion qui frisait la complaisance de la part du FMI.  Peu avant la 
soumission à l’examen du PPTE, lors de sa mission en fin juillet 2012, le Chef de Mission, M. Harry Snoek avait déclaré :
 « la vitesse par laquelle la Guinée a respecté le plan d’action, de mon
 expérience, je n’ai pas vu encore un pays qui a travaillé comme ça (…) 
l’héritage de deux ans et demi de la gestion militaire de 2009-2010 
n’était pas seulement catastrophique dans le cadre macroéconomique mais 
c’est comme si le tremblement de terre avait secoué le pays. »  
Ironiquement, M. Snoek faisait ces remarques aux côtés de son ami, le 
Ministre des Finances durant la période qu’il qualifie de « tremblement 
de terre » budgétaire.  Sous la gestion de Kerfalla Yansane durant la 
transition, la Guinée avait accusé une augmentation du  déficit 
budgétaire de plus 300% (le déficit budgétaire était passé de 1994 
milliards à 6500 milliards de francs guinéens entre décembre 2008 et 
décembre 2010), alors que l’inflation grimpait à 15,5%.  Malgré cette 
gestion calamiteuse des finances, le Ministre est reconduit sous Alpha 
Condé. Avec les satisfécits du FMI, il est consacré en 2012 comme le 
Meilleur Ministre des Finances de l’Afrique.
La
 Guinée obtient finalement le PPTE (avec quelques dérogations) le 26 
septembre 2012. C’est la consécration pour le régime. Par la suite le Le
 Président de la République, exploitera à des fins politiques 
l’obtention du PPTE. Lors des fêtes de l’Indépendance en Octobre 2012, 
il déclare : « nous devons remercier nos partenaires bis et 
multilatéraux. Car, sans leur accompagnement, la Guinée ne pourra pas se
 développer comme Dieu l’a voulu en nous donnant une terre fertile et 
des ressources minières importantes (…) ceux qui ont mis le pays à 
terre, qui ont utilisé ces trois milliards pour se construire des 
châteaux et acheter des maisons partout, ils ont tout fait pour qu’on 
n’ait pas le PPTE, on l’a eu. Ils veulent aussi nous bloquer pour qu’on 
n’ait pas le 10ème FED de l’Union européenne… »  Cette récupération
 politique sera amplifiée par les pontes de son parti et son 
gouvernement.  Selon M. Alhousseine Makanera Kaké, membre du comité 
central du RPG-Arc-en-ciel, « Les Institutions de Bretton Woods, le 
FMI et la Banque mondiale, ont donné un quitus à la Guinée pour dire que
 le pays est bien géré.  Notre économie se porte bien. Il y a un progrès
 remarquable. »  Saloum Cissé, le Secrétaire General du Parti 
Présidentiel, clamait partout que le Professeur a réussi en deux ans là 
où ses opposants ont échoué pendant vingt ans et que « dans un avenir très proche, la Guinée va briller de mille feu ». Toujours dans la flagornerie habituelle, l’Imam Premier Ministre déclare à propos du Professeur : « Alpha
 Condé n'était pas là. C'est nous, pour la plupart qui étions-là. Nous 
avons détruit ce pays. Nous nous sommes construits des villas. Nous nous
 sommes construits des retraites dorées ailleurs qu'ici. Il est venu. 
Nous avons certainement ambitionné nous aussi d'atteindre le point 
d'achèvement de l'initiative PPTE, nous ne l'avons pas pu. Lui, il l'a 
pu en deux ans. » 
Le
 FMI continue de donner son quitus au gouvernement malgré les problèmes 
évidents.  Tout récemment, c’est le représentant du FMI, Monsieur Abdel 
Aziz Wann, qui a réchauffé le plat déjà froid du PPTE et la facilité 
élargie de crédit en déclarant: « le programme conclu avec les 
institutions de Bretton Woods est bien respecté et tous les critères 
sont atteints…C’est la première fois que la Guinée mène à bien un 
programme économique ».  On parle de réduction budgétaire 
significative alors que l’Etat dépensait à tours de bras : 36000 tonnes 
de « riz jaune » aux couleurs du RPG distribuées à 160.000 francs 
guinéens par sac de 50 kg et à ceux qui prêtent allégeance au parti ; 
subvention à hauteur de 129 milliards par mois sur les produits 
pétroliers ; fonds de 20 milliards de francs guinéens pour 
l’entreprenariat féminin et un autre de 10 milliards pour la promotion 
de l’emploi des jeunes ; 200 milliards de francs pour la campagne 
agricole ; des millions des dollars pour des routes ; 1 milliard de 
dollars pour l’électricité.  Le gaspillage massif sans résultats (à 
cause d’une gabegie financière organisée) n’émeut point le FMI.  C’est 
durant la  période des plus grands satisfécits du FMI que la Guinée a 
enregistré sa plus faible performance économique (à peine 3,5% de 
croissance annuelle moyenne et une inflation supérieure à 9%).
Conclusion
La
 communauté internationale, et particulièrement le FMI, à une 
responsabilité fiduciaire dans la gestion des finances publiques de la 
Guinée.  Le FEC que l’institution a consenti est un prêt pour aider la 
Guinée à surmonter les difficultés prolongées de balance des 
paiements.   Par définition le transfer de capitaux comme les quelques 
80 millions de dollars que la BCRG admet d’avoir transporté à Dubaï 
affectent la balance des paiements.  Il est utile ici de rappeler la 
similitude de la situation en Guinée à celle qui avait abouti au 
« Rapport de Blumenthal ». En 1978, suite à des malversations sur des 
devises à la Banque centrale du Zaïre par le kleptocrate Mobutu et son 
clan, le FMI avait mandaté Ervin Blumenthal, ancien membre du Directoire
 de la Bundesbank, de travailler à la Banque centrale du Zaire pour 
empêcher la clique de Mobutu de piller les devises étrangères du pays. 
Mais en moins d’un an Blumenthal devra quitter le pays suite à des 
menaces de mort de la part des généraux dans le cercle restreint de 
Mobutu, en particulier le chef de la garde personnelle du dictateur.  
Avant de quitter le pays, il rédigea un rapport confidentiel pour ses 
supérieurs (« le Rapport Blumenthal ») dans lequel il détaillait les 
pratiques mafieuses de la part de la « bourgeoisie politico-commerciale 
zaïroise » au sein de la Banque centrale.   Pour Blumenthal, le régime 
de Mobutu était dans un puits sans fonds, mais le FMI et les puissances 
occidentales avaient plutôt fermé les yeux et continué à soutenir le 
régime. 
Les
 séquelles de la mauvaise gouvernance ainsi que les frustrations 
accumulées au cours du règne de Mobutu avaient mené à une guerre civile 
qui a été la plus meurtrière que le monde ait connue depuis la deuxième 
guerre mondiale: 5,4 millions de victimes et plusieurs millions de 
réfugiés.  Du fait de la complaisance de la communauté internationale 
envers les pratiques prédatrices du Clan Mobutu, le  Congo, malgré son 
énorme potentiel minier et énergétique, est devenu un pays misérable 
englué dans l’instabilité politique,  la pauvreté, et la misère de la 
maladie d’Ebola.   Il est toujours temps de rectifier le tir pour éviter
 à la Guinée le même sort.
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