Dans le cadre de son séjour au Mali les 30 juin et 1er juillet 2014, le président du Faso, Blaise Compaoré, a rencontré le représentant spécial de Ban Ki-moon au Mali, Bert Koenders et aussi le contingent burkinabè de la Mission des Nations unies (MINUSMA). Aussi, le président de l’Assemblée nationale malienne lui a rendu une visite de courtoisie, avant qu’il ne participe à un dîner officiel qui lui a été offert par le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta.
Dans sa dynamique de mener à bien la mission de médiation que lui a confiée la CEDEAO dans la crise malienne, le président du Faso a poursuivi ses rencontres avec les présidents d’institutions de la République malienne, dans l’après-midi du lundi 30 juin 2014. Ainsi, il a échangé avec les autorités religieuses et les représentants des familles fondatrices de Bamako. Il a été essentiellement question de paix, de stabilité et de dialogue. En effet, ont dit Niaré Modibo, le patriarche des familles fondatrices de Bamako et Monseigneur Jean Zerbo, archevêque de Bamako, ce fut une occasion pour eux de remercier le chef de l’Etat burkinabè pour son « immense » contribution au retour progressif à la paix au Mali. Même son de cloche pour le président de l’Assemblée nationale malienne, Issiaka Sidibé. Pour le président Compaoré, il s’est agi, à travers ces rencontres, de saluer l’accompagnement des différents acteurs du processus de paix dans leur pays et souhaiter surtout qu’ils continuent d’agir, par des messages d’ordre moral et civique à même d’aider les Maliens à se retrouver sur le terrain du dialogue politique afin de résoudre cette crise de façon définitive.
Hommage à la MINUSMA
Après les visites de courtoisie à son hôtel, le chef de l’Etat burkinabè s’est rendu au « quartier général » de la MINUSMA à Bamako, à l’hôtel laïco l’Amitié pour s’entretenir avec Bert Koenders, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali. Avec lui, a confié le chef de l’Etat, les échanges visaient à dégager des perspectives d’avenir sur la situation au Nord du Mali, afin de voir comment toujours accompagner les Maliens à trouver une solution durable à cette crise. Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de renforcer le mandat de la MINUSMA et Blaise Compaoré a salué cette volonté réaffirmée de la communauté internationale aux côtés du Mali et de la région. Déjà, il y a une volonté des parties à aller vers la paix et le médiateur de la CEDEAO a dit la disponibilité de son pays et aussi de celle de la sous-région pour relancer une initiative à soutenir. Pour sa part, Bert Koenders a expliqué que le choix salutaire du Conseil de sécurité de l’ONU à renforcer le mandat de la MINUSMA vise à conduire les pourparlers de manière transparente avec l’Union africaine, les Nations unies et la CEDEAO. « Le président Compaoré a abattu un grand travail à Ouagadougou ayant abouti à un accord. Nous sommes maintenant dans une autre phase avec le dialogue inclusif que le gouvernement malien et les mouvements armés vont entamer à Alger », a-t-il souligné.
Pour ses efforts en faveur de la paix et au regard des liens séculaires entre les peuples malien et burkinabè, Ibrahim Boubacar Keïta a offert un dîner en l’honneur de son « frère » Blaise Compaoré. Une occasion pour lui, de rappeler à l’invité que depuis des centaines années, les deux peuples ont toujours vécu et partagé les mêmes cultures, les mêmes réalités économiques et sociales. Seulement, a expliqué IBK, le Mali a connu une grave crise en 2012 avec des velléités de scission du pays. De nombreux Maliens ont été terrorisés et traumatisés, a-t-il regretté. Il a salué le fait que le « pays frère », le Burkina Faso, à travers son président, et bien d’autres pays de la sous-région, de l’Afrique et du monde entier se sont donné la main pour sortir le Mali de ce cauchemar.
« Le choix de Alger n’est point un désaveu… »
En cela, Ibrahim Boubacar Keïta a rendu hommage à son homologue burkinabè pour avoir dirigé la médiation que la CEDEAO lui a confiée et qui a abouti, le 18 juin 2013 à la signature des accords préliminaires de Ouagadougou. S’en sont suivies des élections présidentielle et législatives. Quant à la suite des négociations, IBK a tenu à rassurer le médiateur de la crise malienne. « Si les parties prenantes ont décidé de se retrouver à Alger, a-t-il dit, ce n’est point un désaveu, mais la poursuite de ce que nous avons commencé à Ouagadougou ». Par ailleurs, le chef de l’Etat malien a exprimé la nécessité de mutualiser les efforts pour jeter les bases d’une lutte efficace contre le fléau de l’insécurité qui entrave la libre circulation des biens et des personnes et par conséquent, le développement solidaire et harmonieux de la bande sahélienne. Accueil chaleureux, hospitalité fraternelle et Blaise Compaoré assimile cela à l’esprit du « Djatiguiya », c’est-à-dire l’hospitalité si chère au Mali. « La proximité entre nos populations est un trésor que Dieu nous a donné, que nos devanciers ont préservé et que nous devons, à notre tour, conforter », a-t-il dit. Pour Blaise Compaoré, l’engagement du Burkina Faso dans la résolution des crises politiques et armées dans la région et en Afrique est fondé sur la conviction que seul le dialogue est source de compréhension et peut conduire au règlement pacifique des différends, dès lors que ceux-ci ne relèvent pas du terrorisme international et de la criminalité transfrontalière. Il a ainsi rassuré son homologue malien de la mobilisation continue du gouvernement et du peuple burkinabè aux côtés du peuple frère malien, pour l’avènement d’une nation malienne prospère, riche de sa diversité et de son unité. Tout en souhaitant un mois pieux de jeûne aux fidèles musulmans du Mali, il a invité l’assistance à lever son verre pour le raffermissement continu des relations de fraternité entre les deux peuples. La 2e journée de travail du président du Faso sera consacrée à une rencontre avec la communauté burkinabè de la région de Ségou et à la visite, dans l’Office du Niger, de la ferme de moulins modernes du Mali.
Jean-Marie TOE
De retour de Bamako
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