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jeudi 26 juin 2014

UA : un nouveau départ pour l’agriculture africaine


La 23e Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine s’est ouverte, le jeudi 26 juin 2014 à Malabo en Guinée équatoriale, sous le thème «Agriculture et sécurité alimentaire». Cette rencontre qui dessine un nouvel avenir pour l’agriculture africaine, se tient dans un contexte de calme retrouvé en Egypte et en Guinée-Bissau et d’instabilité à plusieurs endroits du continent.


La rencontre au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement membres de l’Union africaine, prévue les jeudi 26 et vendredi 27 juin 2014 dans la capitale équato-guinéenne, Malabo, connaît la participation de nombreuses personnalités parmi lesquels le président, Blaise Compaoré du Burkina Faso, le mauritanien Mohamed Ould Abdel-Aziz de la Mauritanie et président en exercice de l’UA ou l’egyptien Abdel Aziz Al-Sissi de l’Egypte.
Au total, une trentaine de chefs d’Etat africains ont répondu présents à Malabo. Ils ont exprimé leur volonté de mettre fin à la faim à l’horizon 2025, en présence du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-Moon, du chef du gouvernement espagnol et de plusieurs témoins de marque. Ils ont annoncé les couleurs d’une agriculture africaine à même d’assurer les besoins alimentaires du continent. Une importante déclaration attendue le vendredi 27 juin devra préciser le fond de leurs pensées. Mais déjà à la cérémonie d’ouverture, les intervenants ont laissé apercevoir l’engagement du continent à réussir le pari d’une agriculture moderne et autoentretenue. «L’Afrique doit massivement investir dans l’agriculture et dans la transformation (agroalimentaire)», a déclare le président Teodoros Obiang Nguema, l’hôte de la rencontre. La présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma est allée beaucoup plus dans les détails. «Nous devons agir davantage et accroître nos efforts pour l’agriculture», a-t-elle dit. Elle pense qu’il faut envisager de grands projets d’irrigation «afin que nos producteurs soient épargnés des aléas climatiques» et mobiliser les ressources publiques et privées pour financer ce secteur. 30% au moins des prêts devraient être accordés aux femmes, selon elle. 


De la sécurité alimentaire à la sécurité sociopolitique


Elle a estimé aussi que l’Afrique doit accorder plus de terres aux femmes et motiver davantage les jeunes à s’intéresser à l’agriculture. Pour ce faire, a-t-elle indiqué, seuls les gestionnaires de musées devraient encore avoir besoin de la houe et de la daba. «Les femmes ont souhaité que la houe soit reléguée dans les musées ; c’est ainsi que nous amènerons les jeunes vers l’agriculture», a ajouté Mme Dlamini-Zuma.
Si le thème de la rencontre porte sur l’Agriculture, il n’a pas empêché de plancher sur l’actualité brûlante du continent. Les deux bonnes nouvelles, c’est le retour de l’Egypte et de la Guinée Bissau à une vie constitutionnelle après les élections réussies, a résumé le commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité, Smail Chergui. Celui-ci a précisé que les chefs d’Etat discuteront de la question du terrorisme pour lui accorder «plus d’’attention». « La commission de l’UA se prépare pour un Sommet consacré au terrorisme, mais nous allons d’abord entendre le Sommet actuel sur la question», a indiqué le commissaire africain. 
Les participants vont aussi réfléchir sur les crises au Soudan du Sud, au Mali, en Somalie et en Centrafrique. «Pour la RCA, nous sommes inquiets : certains éléments de l’ancienne Séléka sont là et prêts à respecter un plan DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion), mais si rien n’est fait, ils seront tentés de reprendre les armes même pour manger», a redouté M. Chergui. 
D’autres sujets liés à la sécurité comme la Force africaine en attente, la Capacité de déploiement rapide et la Capacité de réaction rapide aux crises vont être débattus. 


L’Espagne, la Palestine et Cuba à Malabo


Plusieurs invités ont pris la parole à cette rencontre. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-Mon  étaient tous annoncés pour s’exprimer durant 7 minutes à la rencontre. Finalement, le premier cité a envoyé un représentant pour remercier l’Afrique, pour sa constance dans la défense des droits des Palestiniens. L’émissaire a aussi égrené les maux dont souffre son pays de la part de son voisin israélien et a souhaité que les pays africains boycottent les produits venant des colonies israéliennes. Il a déclaré que 2014 est l’année de l’Afrique et de la Palestine. Parmi les personnalités non africaines, on peut aussi citer le vice-président du Conseil d’Etat cubain. Dans un discours encore teinté des temps castristes, Salvador Valdes Mesa a rappelé les origines africaines d’une partie de la population cubaine avant d’appeler ses frères africains à «arracher les droits» partout où besoin sera. 
Enfin, l’Espagne, ancien colonisateur de la Guinée équatoriale et pays invité d’honneur, a plaidé pour une relation afro-espagnole plus forte. «Les relations de l’Espagne, en toute logique, en tant que pays le plus proche du continent africain, devraient être beaucoup plus intenses», a souhaité le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. De son avis, si son pays est élu au Conseil de sécurité de l’ONU, pour 2015-2016, il plaidera pour que l’Afrique y soit avec 4 places.
Le nouveau président élu d’Egypte, Abdel Fattah Al-Sissi a eu droit à la parole. Il a réaffirmé l’appartenance de son pays au continent, rappelé que la démocratie emprunte souvent des chemins tortueux et annoncé une coopération plus forte avec ceux qu’on appelle «Africains» au Maghreb. 
Au deuxième jour de la rencontre, les chefs d’Etat vont examiner 13 rapports parmi lesquels le rapport du Conseil de paix et de sécurité sur la situation en Afrique et au Sud Soudan, le rapport des présidents libérien et tchadien, respectivement sur l’élaboration d’une position africaine commune sur l’agenda de développement post-2015 et sur le commerce africain. Il est aussi prévu l’intégration du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) dans l’Union africaine. En outre, il est prévu des consultations sur le prochain Sommet Afrique-Etats-Unis, la nomination de 4 juges à la Cour africaine de justice et des droits de l’homme et enfin la nomination des président et vice-président du Conseil de l’Université africaine.
La clôture du Sommet, prévue dans l’après-midi du 27 juin, sera sanctionnée par la Déclaration de Malabo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, thème principal de la rencontre qui prend le relai de la Déclaration de Maputo sur le développement de l’agriculture en Afrique.


Aimé Mouor KAMBIRE
Envoyé spécial au 23e Sommet de l’Union africaine à Malabo

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