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lundi 30 juin 2014

Fonds de 5 milliards pour l’entreprenariat féminin au Burkina : et si l’on fixait des quotas pour la majorité, l’opposition et les apolitiques ?

  
 
Le fonds de 5 milliards de francs CFA destiné au financement des activités économiques des femmes du Burkina-Faso dont le lancement est intervenu le 05 Mai 2014, suscite engouement et controverses. Le parti au pouvoir et le gouvernement sont accusés à tort ou à raison d’une récupération politique de ce fonds pour leurs militants et sympathisants.

Face à de telles suspicions ,le ministre de la promotion de la femme et du genre ,Mme Nestorine Sangaré est montée au créneau le jeudi 26 Juin 2014 lors du point de presse du gouvernement pour clamer haut et fort qu’aucune carte politique n’a été exigée des femmes dans leur dossier de demande de prêt pour le fonds. Elle a raison car, en de pareilles circonstances, sauf s’il est composé d’alcooliques, aucun gouvernement intelligent ne saurait mentionner dans le formulaire de demande de crédit d’un tel fonds, une carte politique. Si la récupération politique devrait se faire, ce serait par la suite par des réseaux politiciens d’intermédiaires ou de facilitateurs pour l’obtention finale du prêt, avec des conditionnalités politiques larvées. Dans le contexte actuel de clivages partisans du débat politique au Burkina entre anti et pro-référendum, le risque zéro d’une discrimination politicienne est loin d’être écarté. Que ce soit le parti actuel au pouvoir ou l’opposition, si la gestion du fonds était confiée à l’un de ces deux camps, chacun serait naturellement tenté de faire des discriminations en faveur de leurs militants. Quand des cadres de l’opposition déclarent ces derniers temps que leurs sympathisants croient qu’ils sont au pouvoir, cela est une allusion aux diverses sollicitations qui leur sont faites pour l’obtention d’emplois, de promotions et marchés. Et la réaction de ces cadres de l’opposition insinuant qu’ils ne sont pas ou ne sont plus au pouvoir, masque mal les pratiques de favoritisme et de népotisme que certains anciens ténors du pouvoir, passés aujourd’hui à l’opposition faisaient pour satisfaire leurs partisans. Par conséquent, il convient de se référer au contexte qui a prévalu à la création du fonds dénommé Fonds Burkinabè de Développement Economique et Social (FBDES) dont le siège se trouve dans le quartier Ouaga 2000. Il s’agit d’un instrument pour faciliter l’accès au crédit des femmes, qui se retrouvent majoritairement exclues du système classique de financement bancaire soumis à des conditionnalités drastiques. C’est à la faveur de la journée internationale de la femme le 08 Mars 2014 dans la ville de Banfora que le président du Faso, monsieur Blaise Compaoré, sous l’assistance et l’insistance de la Première dame, a accepté de concrétiser cette requête récurrente des femmes du Burkina. Il s’agit donc d’un fonds national et non d’un budget de parti. Il est destiné à toutes les femmes du Burkina pour promouvoir leurs activités économiques et réduire la pauvreté dans une proportion sensible. Pour éviter un développement exponentiel des critiques et suspicions sur les conditions licites et illicites d’octroi du prêt, procéder à une répartition par quotas pourrait s’avérer une solution de transparence et de justice sociale.

Par exemple accorder 30% du fonds aux femmes de la majorité, 20% à celles de l’opposition et 50% aux femmes battantes apolitiques. Ainsi, le fonds aura servi à toutes les couches sociales burkinabè sans une trop grande discrimination injuste. Ce fonds pour l’entreprenariat féminin a créé un très grand engouement à tel point que l’enveloppe disponible de 5 milliards s’avère insuffisante car, le besoin de financement a connu une inflation pour se situer à hauteur de 14 milliards de FCFA. Mais le FBDES est également doté de 5 autres milliards de FCFA pour le financement des acteurs du secteur informel. Il appartient donc au gouvernement, de trouver un juste milieu, pour que le fonds puisse satisfaire la mission qui lui est assignée, afin d’être une institution financière à pérenniser plutôt que de contribuer à amplifier inutilement les contestations et discriminations sociales au Burkina-Faso.

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