Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a
donné son feu vert à Alger afin d’abriter les premières négociations
entre l’Etat du Mali et les mouvements rebelles, à partir de ce mois de
juillet.
Le pays d’Abdoul Aziz Boutéflika reprend ainsi la main et renforce sa
position dans le dossier malien. Après les rencontres exploratoires,
Alger sera le facilitateur, pardon le médiateur, pour permettre la
signature d’un accord global et définitif en terre malienne.
Seulement voilà: après les Accords de Tamanrasset du 6 janvier 1991,
le Pacte national du 11 avril 1992, l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006
et l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013, un Accord qui
préserve l’unité nationale est-il encore possible?
Il faut penser qu’il est réalisable, à condition que l’Etat du Mali
accepte certaines exigences des mouvements rebelles, qui iront aux
négociations en position de force. Déjà, ils ont montré les couleurs,
avec cette sortie du Vice-président du MNLA, Mahamadou Djéry Maïga,
lequel parle de fédéralisme, avec «l’Azawad au Nord et un Etat au Sud,
soutenu par une présidence tournante».
Les autorités maliennes, malgré les multiples pressions dont elles
font l’objet, ne veulent pas entendre parler de ce mode de gouvernance.
Alors, que peut-on concéder aux mouvements rebelles?
Ceux-ci, ayant la suprématie militaire sur le terrain, et le soutien à
peine déguisé de capitales occidentales, notamment Paris et Bruxelles,
dicteront à Bamako la conduite à tenir. Si l’on veut éviter, vaille que
vaille, le fédéralisme, disons le différer (pour combien de temps?), il
va falloir consentir d’énormes sacrifices, que nombre de Maliens
comprendront difficilement.
Le premier nous semble être l’acceptation des rebelles dans
différents corps de l’administration et des forces armées et de
sécurité. Le deuxième, la formation d’une nouvelle équipe
gouvernementale, pour leur faire de la place, une belle occasion pour
qu’IBK tende également la main à l’opposition, même si elle pourrait
refuser l’offre.
Le troisième a trait à la réinsertion socio-économique de certains
combattants. Le tout doit être accompagné par le développement des
régions du Nord, auquel le gouvernement doit impérativement s’atteler.
Dans les Accords précédents, il y a eu des erreurs, des manquements,
des promesses non tenues, des engagements irréalisables, soutenus par la
mauvaise gouvernance, ce qui a fait que plusieurs rebelles intégrés se
sont retrouvés à Kidal un certain 23 mai 2006, pour organiser une
mutinerie et provoquer une rébellion. Il faudra donc tirer les leçons de
tout cela et rester lucides pour sceller un nouvel Accord.
Des jeunes qui ne connaissent que le maniement des armes ne peuvent
pas être insérés dans un volet social ou économique, avec 500 000 FCFA
voire un million ou même deux millions. Ils croqueront l’argent, en deux
ou trois méchouis, et s’adonneront de nouveau à leurs jeux favoris: le
braquage, le vol de véhicules des ONGs et de l’Etat, les rapts
d’Européens au profit d’organisations terroristes.
D’actes dits isolés, ces comportements vont se multiplier. Le
tourisme en souffrira, aussi bien que la réputation de notre pays. Dans
cette perspective, qui pourrait parier sur l’unicité du pays? Alors,
faisons taire les rancœurs pour pardonner et admettre «l’inacceptable»,
au nom de la réconciliation nationale et de l’unité du pays.
Chahana Takiou
SOURCE: 22 Septembre du
30 juin 2014.
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