ALPHA CONDE - CELLOU DALEIN DIALLO : L’affiche s’affine

A un an des élections présidentielles, les Etats-majors politiques se mettent en alerte. Les stratégies de remobilisation des troupes se remettent en place. La recomposition du paysage politique pointe. Ainsi, dans le camp de l’opposition, il est de plus en plus question de combler le fossé entre l’aile parlementaire et celle qui, pour une raison ou une autre, n’avait pas jugé utile de siéger au parlement. Dans le camp du pouvoir aussi, les résultats des dernières élections législatives sonnant comme un coup de semonce, on se remet sur pied. Alpha Condé préfère reprendre en main la réorganisation et l’animation du parti. Mais sur le terrain, les mouvements de soutien trépignent d’impatience. Dans ce vaste capharnaüm, deux figures essaient de se démarquer : Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Lorgnant le même objectif et utilisant des approches relativement différentes, ils s’affichent progressivement comme les principaux challengers des joutes électorales en perspective. N’en déplaise à Sidya Touré !

Duel Alpha-Cellou, une lapalissade

Certes, dire que le chef de file de l’opposition et le président sortant seront les finalistes des prochaines élections présidentielles, pourrait revenir à ne rien dire. Dans la mesure où c’est presqu’une lapalissade. Mais dans le camp de l’opposition notamment, la chose n’est pas si évidente que cela. Même si Cellou Dalein Diallo semble avoir relativement réussi à calmer la fronde intérieure soulevée, il y a peu, par Bah Oury, il devra tout de même écarter Sidya Touré.

En effet, le leader de l’Union forces républicaines (UFR) ne cache pas son envie de se faire désigner comme le représentant de l’opposition lors des élections de 2015. C’est ce qu’il cache dans sa campagne pour une candidature unique contre Alpha Condé. L’idée est de convaincre Cellou Dalein Diallo et ses partisans qu’il est le mieux à même d’affronter Alpha Condé, avec de réelles chances de l’emporter. L’argument ultime étant qu’il est moins étiqueté ethniquement. En quelque sorte, il serait le candidat pouvant le plus faire consensus.

Menace et langage hard pour Cellou

Pour le moment, Cellou Dalein Diallo évite autant qu’il peut le sujet. Il le botte en touche en répondant invariablement que « le sujet n’est pas encore à l’ordre du jour ». Mais au-delà des propos, il adopte de plus en plus une attitude qui ne laisse aucun doute ce qui pourrait être sa réponse. Revendiquant la plus grande mobilisation au sein de l’opposition, il se positionne progressivement comme le candidat naturel de cette dernière. Parce que, de son point de vue, si certains de ses camarades de l’opposition ne se plient pas à cette évidence, il peut compter sur un premier tour qui servirait alors de primaires. La question étant en quelque sorte close, il agit désormais en candidat, tout simplement. En tout cas, certains propos et menaces qu’ils formulent le laisse croire. Il en est notamment ainsi de la rengaine : « Nous n’accepterons plus une fraude. Nos militants ne se laisseront plus voler ». Le « Nous » dont il est question est celui de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et non celui de l’opposition, dans son ensemble. A moins que cette dernière ne consente à s’aligner derrière CDD.

Au-delà de cette menace devenue un leitmotiv, Cellou Dalein Diallo corse de plus en plus son discours. Et c’est une sorte de mue de sa part. C’est ainsi que lors de l’Assemblée générale de son parti du week-end, il a exhorté ses militants à demeurer mobilisés. Ils leur demande de se préparer. Parce qu’à l’en croire, si la prochaine victoire devra passer par la lutte, lui et ses partisans devront s’y résoudre. Et comme pour convaincre de son sérieux, il annonce la reprise prochaine des marches de rue pour exiger la transparence du processus devant déboucher sur le vote décisif de 2015. C’est dire que, comme il ne l’aura jamais démontré, Cellou Dalein Diallo veut du palais Sékhtoutouréyah ! Mais à quel prix ?

Cour assidue et verbe soft pour Alpha Condé

Dans le camp du pouvoir aussi, on ne croise pas les bras. Mais là la question préalable du candidat est tranchée. Il n’y a pas débat. Alpha Condé sera le porte-flambeau du RPG-arc-en-ciel. Pas que tout le monde au sein du parti soit d’accord, pour autant. Mais bénéficiant de deux mandats, le chef de l’Etat ne permet même pas que le sujet fasse l’objet de discussion. C’est quelque chose qui, pour Alpha Condé va de soi. Cependant, dans la mouvance présidentielle, on est désormais conscient qu’Alpha Condé n’est pas forcément à l’abri d’une surprise désagréable.

Les élections législatives ont eu le mérite d’une remise en cause objective. Le chef de l’Etat qui ne souhaiterait sous aucun prétexte se voir déposséder du fauteuil, au soir de son premier mandat, en a particulièrement tiré comme principal enseignement qu’il lui faut s’impliquer directement et personnellement dans la gestion et la réorganisation du parti. Et c’est ce qu’il fait depuis un certain temps, en présidant lui-même, l’Assemblée générale hebdomadaire. Réalisant que certains des cadres du parti l’avaient peut-être, par certains de leurs agissements, brouillé avec les militants à la base, il s’emploie désormais à rétablir les points.

Alpha etb Cellou dans les starting blocks

Au fil des différentes assemblées générales, il leur présente de subtiles excuses pour les avoir oubliés et leur promet de leur redonner le pouvoir qui, a-t-il notamment assené le samedi dernier « est le leur ». A la différence de la méthode ‘’hard’’ qui est aujourd’hui celle de Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé veut d’abord résoudre des problèmes internes à son parti. Pour cela, il se veut humble et justicier. Il joue sur des airs ‘’soft’’. Mais parallèlement, il essaie de divertir ses adversaires en leur lançant « l’os » du listing du patrimoine bâti illégalement acquis ou occupé. En attendant l’arlésienne des audits.

Globalement, hormis les attaques éculées des « anciens premiers ministres », Alpha Condé fait montre d’une approche plus sereine. Laissant le sale boulot aux mouvements de soutien qui commencent  à se mettre en place. Alors que Cellou Dalein Diallo, concevant 2015 comme son ultime chance, se met en première ligne. Au risque de se salir les mains.