« Il y a des situations aujourd’hui où l’Etat se trouve en location dans ses propres bâtiments », s’indigne Damantang Albert Camara
Face aux attaques en chaîne et aux polémiques qui montent depuis la publication de la liste des patrimoines immobiliers de l’Etat, le Porte-parole du gouvernement, Damantang Albert Camara rompt enfin le silence et parle à son tour, d’un tour de magie ou de sorcellerie pour dénoncer les mécanismes par lesquels certaines personnes, qui crient aujourd’hui à la chasse aux sorcières, ont réussi à placer dans leur patrimoine privé, le patrimoine immobilier de l’État. Il a fait entendre son indignation dans cet entretien qu’il vient d’accorder à Guinéenews©. Lisez !
Guinéenews© : L’Agent judiciaire de l’État a récemment publié la liste des personnes ayant ‘’illégalement’’ occupé les patrimoines immobiliers de l’État. Depuis cette publication, la controverse reste vive et plus particulièrement dans le rang des personnes épinglées qui crient désormais à une chasse aux sorcières déclenchée par le gouvernement dans le seul but, affirment-t-elle, de déloger ses opposants. En tant que Porte-parole du gouvernement que répondez-vous à ces accusations ?
Damantang Albert Camara : On parle de « chasse aux sorcières »… Il est vrai que, lorsqu’on vous explique par quels mécanismes certains biens du patrimoine public de l’Etat se sont retrouvés dans le patrimoine privé de certains guinéens, on peut effectivement penser à un tour de magie ou de sorcellerie. Mais simplifions les choses et commençons par poser les principes : Est-ce qu’en Guinée il y a eu détournement d’un certain nombre de biens appartenant à l’État ? Nous sommes tous d’accord pour dire oui. A partir de là, est-il légitime de chercher à les récupérer ? La réponse est également oui. Pour répondre à cette mission de récupération de biens qui appartiennent à tous les guinéens, l’État a donc initié une procédure qui permettra, soit de récupérer les bâtiments qui ont été détournés, soit de consacrer, une fois pour toutes, l’aliénation de ceux qui ont été cédés en conformité avec la loi. Où est donc le problème ?
Guinéenews© : Est-ce que la présence sur cette première liste des noms d’opposants au régime ou du général Sékouba Konaté, n’est pas une raison que le gouvernement donne à ceux qui pensent qu’il s’agit d’une opération ciblée ?
Damantang Albert Camara : L’Agent Judiciaire de l’État a publié une liste provisoire de près de 300 bâtiments faisant partie du patrimoine immobilier de l’État, d’autres listes vont suivre. Quelques politiciens, de toute tendance, s’y retrouvent ainsi que d’autres personnalités. Ils ont une occasion unique d’en finir avec la suspicion qui pèse sur les bâtiments qu’ils occupent. Devrait-on faire une exception pour cette dizaine de personnalités au milieu de centaine d’autres soumises au même régime de vérification et de transparence ? Il ne devrait même pas y avoir de débat autour de ça. Certaines personnes ont déjà commencé à réagir en produisant les actes qui fondent leurs droits afin que la Commission mise en pace à cet effet statue sur leur cas. C’est comme ça que ça devrait marcher. Maintenant, s’il est avéré que cette liste concerne exclusivement des opposants, j’admets qu’il y a un sérieux problème !
En tout cas, on ne peut pas demander au gouvernement de rétablir les prérogatives de l’État et préserver son patrimoine tout en voulant que l’on ferme les yeux sur le détournement de ses biens. Il y a aujourd’hui des ministères qui sont obligés de louer des bureaux à des privés pour loger certains services publics. Vous avez carrément des situations où l’État se trouve en location dans ses propres bâtiments ! Qu’on ne dise pas que des leaders politiques peuvent cautionner cela.
Guinéenews© : En dépit du tollé qu’elle suscite, le gouvernement entend bien poursuivre cette opération de récupération des biens immobiliers de l’Etat ‘’illégalement’’ acquis ?
Damantang Albert Camara : Pour le cas par exemple de mon département, je vous avoue que j’ai eu un mal fou à faire déguerpir des personnes qui occupaient des salles de classes de certains centres de formation. Ils les avaient transformées en logement et il n’y avait plus de place pour les cours pratiques des apprenants. Et ce n’est pas tout. D’anciens ministres de l’éducation continuent à occuper des logements des directeurs d’école alors qu’ils sont à la retraite depuis des dizaines d’années pendant que nous devons nous battre pour trouver où loger des directeurs d’établissements. A l’intérieur du pays, impossible de trouver des magasins pour stocker la production agricole, tout est occupé par des commerçants. Voilà ce à quoi nous sommes confrontés. Faut-il laisser les choses en l’état ?
Guinéenews© : Quelle assurance donnez-vous aujourd’hui à tous ces occupants qui sont fondés des documents réguliers et légaux ?
Damantang Albert Camara : Tous ceux qui sont cités auront l’occasion de prouver leur bon droit. Voyez-vous, si un ancien haut cadre de l’administration est devenu propriétaire de son logement de fonction à travers une procédure légale, il aura l’occasion de le prouver. Maintenant imaginons un peu que chaque gouvernement qui se succède décide de permettre à ses haut cadres de s’acheter leur logement de fonction….
Propos recueillis par Camara Moro Amara
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