lundi 2 mai 2016
Mauritanie: des manifestants dénoncent une "injustice" contre d'anciens esclaves
Des milliers de personnes ont marché vendredi à Nouakchott en faveur des droits des anciens esclaves en Mauritanie, les Haratines, dénonçant une "injustice" à l'encontre de cette composante de la société, a constaté un journaliste de l'AFP. La marche, qui s'est terminée par un meeting, a été organisée par les initiateurs d'un "Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines au sein d'une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même", pour marquer le troisième anniversaire de ce mouvement lancé le 29 avril 2013. Les manifestants, parmi lesquels figuraient des dirigeants de l'opposition, ont réclamé "la fin de l'exclusion et de l'injustice érigées en système contre la communauté des Haratines", d'après un document des organisateurs, un appel relayé par différents intervenants dans leurs allocutions durant le meeting. "Sans notre combat à tous, rien ne sera fait et le Manifeste est là pour continuer la bataille contre l'injustice commise contre tous les damnés de ce pays, tous sans exception !", a notamment lancé le principal dirigeant et porte-parole du mouvement, Boubacar Messaoud. Officiellement, l'esclavage a été aboli en 1981 dans ce pays de 3,8 millions d'habitants d'origine arabo-berbère - les Maures - et d'Afrique subsaharienne - les Négro-Africains. Mais le phénomène persiste, selon des ONG, notamment sous la forme de cession gratuite par les descendants d'esclaves d'une partie de leur récolte à leurs maîtres traditionnels. Boubacar Messaoud a cependant salué les récentes décisions annoncées par les autorités dans le cadre de la lutte contre l'esclavage. En août 2015, la Mauritanie a adopté une nouvelle loi faisant de l'esclavage un "crime contre l'humanité", réprimé par des peines allant jusqu'à 20 ans de prison ferme, contre cinq à dix ans auparavant. Le pays s'est également doté en décembre de trois tribunaux spécialisés dans les affaires d'esclavage et a décrété le mois dernier le 6 mars "Journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes". En marge de la manifestation, Boubacar Messaoud a demandé la libération de militants anti-esclavagistes, dont le chef de l'ONG IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste), Biram Ould Dah Ould Abeid. Ces militants ont été arrêtés en 2014, condamnés en janvier 2015 pour appartenance à une organisation non reconnue et rébellion contre la force publique. Leurs peines ont été confirmées en appel en août 2015. Ils ont saisi la Cour suprême d'un pourvoi en cassation, qui a été examiné le 19 avril. L'institution doit se prononcer le 17 mai, a-t-on indiqué de source judiciaire.
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