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mercredi 2 mars 2016

Projet Simandou : Quand le gouvernement et la Banque Mondiale trompent les Guinéens (Suite et fin)

Dans une première partie, Guinéenews explique le double langage de Rio vis à vis des investisseurs (Nous n'allons attendre pour exploiter Simandou)  et envers les Guinéens (Nous allons faire Simandou). Tout cela avec la complicité passive du gouvernement et de la Banque Mondiale qui n'osent apparemment pas contrer le bluff du géant qui a toujours le même leitmotiv: géler le projet en attendant des jours meilleurs …
 

 
Depuis 20 ans, c'est la même chanson: «on étudie !»
 
Rappelons que c’est en 1996 que Rio Tinto a obtenu la première licence minière (sans étude de faisabilité bancable) du mont Simandou. C'était il y a exactement 20 ans  !!!
 
Le prix de la tonne de minerai de fer était à l’époque aux alentours de 13 dollars la tonne. 
 
Après s’y être assis là-dessus pendant plus d'une décennie, Rio Tinto  sentant la prochaine flambée des prix et voulant accélérer le développement du projet commence à se pencher sérieusement sur le projet. Malheureusement pour Rio, devenu impatient le président Conté dans un décret en juillet 2008 récupère – conformément au code minier – la moitié du gisement pour octroyer à un diamantaire franco-israéllien Beny Steinmetz. Rio est furieuse et promet en douce de faire payer cet «affront» à la Guinée
 
La tonne de minerai de fer avait sextuplé à 60 dollars la tonne.
 
Beny Steinmetz et son holding BSGR mettront les bouchées doubles pour exploiter le riche gisement en commençant par Zogota – au grand dam de Rio – qui sentait la pression et l’impatience des Guinéens et des gouvernements successifs qui s'attendaient à des emplois.
 
Pendant que la Guinée s’installait dans une instabilité politique, d’abord avec le président Conté malade et mourant, le pays livré à une guerre de clans soucieux de se sucrer “pendant qu’il est temps”, puis par un «coup d'état contre un cadavre» en décembre 2008 dont est habituée l'armée guinéenne, le prix du minerai de fer s’envole frisant les 75 dollars la tonne.
 
Avec de nouveaux interlocuteurs militaires sans expérience, la guerre de Simandou reprend sans merci – à travers les lobbies Soros vs Steinmetz. Le second avait mis tout son poids derrière Conté puis les militaires avec qui il signera le «deal du siècle» obtenant une autorisation d’évacuer le minerai de Simandou et de Zogota via le Libéria en échange de la réhabilitation du chemin de fer Conakry-Kankan. Ne pouvant lever les fonds – comme Guinéenews l'avait prédit – Steinmetz –  vendra en avril 2010 le projet pour 2.5 milliards de dollars à Vale, le géant minier brésilien qui y trouvera une occasion de damer le pion à son éternel rival, Rio Tinto qui elle vendra une partie de sa moitié sud aux chinois Chalco à 1,35 milliards de dollars. Vale remettra 500 millions cash à BSGR sur le champ.
 
Le minerai fer s’envole à 172 dollars la tonne en avril 2010.
 
Quelques mois après l’exit du chef de la junte Dadis Camara victime d’une balle de son aide de camp et une Guinée sous pression de rendre le pouvoir aux civils., le gouvernement de la transition dirigée par Sékouba Konaté et Jean Marie Doré appuie carrément le projet de BSGR sur conseil du ministre Mahmoud Thiam qui encourage la compagnie à continuer le projet afin d’atteindre le point de non retour. Rio est furieuse et met en branle son lobby politique pour chasser les militaires.  Rio Tinto était d'autant plus frustrée que leur interlocuteur  Mahmoud Thiam – fin connaisseur de la finance de Wall Street – accusé de tous les maux pour avoir appuyé le projet BSGR / Vale et menaçait Rio de perdre l'autre moitié de Simandou si elle ne l'exploite pas.
 
A son arrivée au pouvoir Alpha Condé detenait toutes les cartes.
 
En 2010, Alpha Condé est élu dans des conditions chaotiques président de la Guinée, et les 2 géants miniers se précipitent encore une fois vers le nouvel homme fort guinéen – cette fois-ci un civil – pour consolider leurs  titres de propriétés sur le projet.
 
Le minerai de fer atteint le prix record de 187.18 dollars la tonne.
 
BSGR propose de continuer le projet Zogota avec évacuation via le Libéria avant de s'attaquer à Simandou Nord. Steinmetz, fait venir l'ancien populaire président brésilien Lula pour inaugurer en grande pompe la réhabilitation du chemin de fer Conakry – Kankan. Alpha Condé inaugure les travaux et ses supporters jubilent essayant de prouver que leur poulain est sérieux dans la réalisation des projets d'infrastructures tant négligés pendant les régimes précédents.
 
Rio Tinto envoie les gros canons, utilisant les services de Tony Blair, Georges Soros tous viscéralement hostiles au milliardaire franco-israéelien accusé d'oser jouer «dans la cour des grands.» La Banque Mondiale, le FMI agissent – sous énorme pression du lobby de Soros – en douce pour contrer le forcing de BSGR /  Vale.

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