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lundi 7 mars 2016

Pour mettre fin de à la crise du nord : D’ex-chefs rebelles nommés consuls et ambassadeurs

Mali – la coordination des mouvements de l’Azawad : une part de l’avenir entre ses mains
Achérif, chef du mouvement de l'Azawad © AFP
Après l’ultime rencontre ou dialogue direct entre groupes armés et gouvernement du Mali à Kidal, place à la reconversion des acteurs de l’ex-rébellion. On en sait plus sur la destination des deux principaux chefs de la rébellion, Alghebass Ag Intallah et Bilal Ag Achérif qui vont être bombardés diplomates.

Le couronnement du processus de paix est sans doute l’organisation du Forum de Kidal du 27 au 30 mars prochains. Si le volet militaire semble se dessiner avec l’armée nationale reconstituée avec d’ex-combattants, la question des barons de l’ex-rébellion est sur la table. Pour gérer l’après-rébellion et permettre aux ex-chefs rebelles de la branche politique d’embrasser la vie civile, une multitude d’opportunités s’offrent à eux.
C’est pourquoi nombre d’entre eux ont choisi d’évoluer soit à l’extérieur du pays soit dans le Nord où des projets porteurs verront le jour. En clair, les barons de l’ex-rébellion estiment qu’à défaut de parvenir à une République ou une Fédération, le Sud du pays va combler leurs attentes immédiates.

Alghebass et Achérif diplomates
Nos sources sont formelles : le chef du Haut conseil de l’unité de l’Azawad, Alghebass Ag Intallah, a un penchant pour le poste de consul général, notamment en Algérie. Son choix de ce pays n’est pas fortuit, car il a la nationalité du côté de sa mère qui est une Algérienne.  Le poste qu’il pourra occuper est basé à Tamanrasset où se trouve un consulat général du Mali. Par contre son cousin,  Bilal Ag Achérif, lorgne du côté de la Libye.
Il ne pourrait en être autrement, car il n’a que la nationalité de ce pays en plus de cette de la chimérique République de l’Azawad qu’il voulait créer dans le Nord du Mali. Le patron du MNLA est obsédé par cette idée de vivre uniquement en milieu nomade et le seul pays qui pourrait correspondre à ses inspirations reste la Libye.
De fait, c’est le très prisé titre d’ambassadeur qui l’intéresse, car ses proches disent qu’il a le profil idéal pour avoir vécu et étudié dans ce pays. A Bamako ou ailleurs dans le reste du Mali, Bilal ne pense pas pouvoir émerger parce qu’il ne parle d’autres langues du pays, en dehors du tamashek et de l’arabe. En plus, il ne communique qu’en anglais dans un pays où la langue officielle reste le français.
Dans ce cas de figure, la reconversion s’avère difficile pour lui. Les autres responsables militaires des groupes armés ; à savoir : Mohamed Ag Najim (MNLA) et Cheick Haoussa (HCUA), tablent sur un poste d’attaché de défense dans des chancelleries maghrébines. Pour le premier, on évoque la Tunisie et le second l’Egypte, la Libye ou la Mauritanie.

Djéry à la tête d’un projet
Alors que ses camarades veulent quitter le pays, Mahamadou Djéry Maïga, lui, est plutôt orienté vers une gestion locale. S’il avait misé au départ sur un poste national, sur recommandations de certains de ses proches, il va désormais gérer un important projet axé sur l’éducation. Ce projet majeur pourra s’étendre sur l’ensemble de zones touchées par l’occupation.
De son statut d’un enseignant de collectivité dans la région de Kidal, Djéry va consacrer l’essentiel de son temps à la reconstruction et à la prise en charge des structures scolaires que lui et ses éléments ont détruit durant l’occupation.
Il nous est revenu que le n°2 du MNLA veut avoir son bureau à Kidal en lieu et place des autres régions du Nord pour des raisons purement stratégiques. Mais en attendant, il est chargé de travailler sur les chantiers du comité de suivi de l’accord (CSA).
De son côté, Sidi Brahim Ould Sidatty de l’ex-MAA a jeté son dévolu sur la nouvelle région de Taoudenni. Ancien maire de la Commune rurale de Salam, la plus grande du Mali en termes de superficie, Ould Sidatty veut être le président du Conseil à l’heure de la régionalisation avec les prérogatives d chef de l’exécutif régional. Les autres responsables des mouvements ont également eu droit à des propositions.
Mais sur la question de l’intégration des ex-combattants, les regards sont tournés vers le Gatia qui aura la lourde tâche de les blanchir afin qu’ils soient acceptés dans les rangs de l’armée reconstituée sans difficulté, car au sein des FAMa, les plaies de la rébellion armée sont toujours béantes.
Pour ce qui est de la Plateforme, en plus de poste que ses leaders vont appeler à occuper dans les différentes commissions du CSA, ils jouent le rôle de joker en lieu et place de la Coordination dont les têtes pensantes ne peuvent plus être trop vues dans la capitale et dans le Sud, puisque l’opinion publique nationale n’est pas prête de sitôt à les voir occuper des postes stratégiques.
Plus qu’un impératif, la reconversion des ex-chefs rebelles hante non seulement l’Etat mais aussi la médiation et la communauté internationale. Et l’on pense une fois cette question  gérée que le processus de paix pourra connaître son épilogue.

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