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vendredi 11 mars 2016

La crise politique interminable en Guinée-Bissau

Le Président bissau guinéen José Mario VazDepuis six mois, la Guinée-Bissau vit une crise politique sans précédent. Le pays est dans l’impasse depuis le limogeage du Premier ministre Domingos Simoes Pereira par le Président José Mario Vaz en août 2015. Et la situation commence à exaspérer les habitants tout comme la communauté internationale qui soutenait jusqu’alors le pays. Tout le monde semble perdre patience dans cette crise politique, tant en Guinée-Bissau qu’à l’extérieur du pays. En cause, l’affrontement entre le Président José Mario Vaz (Jomav) et son désormais ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira (DSP), pourtant issus du même parti, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Les raisons du désaccord restent encore obscures. Le chef de l’État avance de son côté une absence de confiance à l’égard du gouvernement, dénonçant « un manque de transparence dans l’attribution des marchés publics, la corruption, des obstructions à la justice ». Des mots forts. Sauf que cette version est contestée chez les partisans de DSP qui invoquent d’autres justifications. Ainsi, la personnalité de l’ancien Premier ministre aurait fait trop d’ombre au Président, qui n’aurait pas supporté d’avoir un concurrent. Pire, il aurait souhaité dépasser ses prérogatives en cherchant à piloter l’action gouvernementale. Face au refus du Premier ministre, la sanction ne s’est pas faite attendre. Sauf que cela s’est déroulée il y a maintenant plus de six mois, lors de l’été 2015. Depuis, rien ou presque. Un mois après le début du conflit, une tentative de sortie de crise avait été proposée avec la nomination de Carlos Correia, membre expérimenté du PAIGC, comme Premier ministre pour satisfaire les deux camps belligérants. Mais ce dernier n’a pas obtenu en décembre dernier la majorité à l’Assemblée Nationale lors de sa déclaration de politique générale, indispensable pour prétendre à gouverner. Coup bas et ralentissement de vie politique Désormais le quotidien politique en Guinée-Bissau est ponctué d’affrontements permanents entre les élus des deux camps. A l’Assemblée Nationale, les 15 députés du PAIGC qui s’étaient abstenus lors du vote de confiance ont été déchus de leurs mandats et remplacés par des suppléants plus en phase avec la ligne directrice du parti, proche du Président. Mais début février, nouveau revirement de situation avec l’annulation de cette décision par le tribunal de Bissau, ordonnant leur réintégration. Une histoire sans fin qui commence donc sérieusement à agacer les guinéens. Mais aussi la communauté internationale qui semble perdre patience tant aucune solution n’émerge. Les missions de médiation, décidées par la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ont été boycottées par le PAIGC, en raison de la présence des frondeurs. L’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, qui a conduit la mission de la Cedeao, a ainsi annoncé que « la communauté internationale pourrait être fatiguée de vos crises qui n’en finissent pas » et appelé les citoyens à s’impliquer davantage. Enfin, des avertissements ont été prononcés concernant les aides financières accordées au pays. Pour le moment, cela ne change rien.

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