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jeudi 25 février 2016

Grève des magistrats : Le « dilatoire » du ministre Bagoro en cause ?

C’est parti pour la grève des magistrats. En principe, jusqu’au 1er mars, les palais de justice sont dépourvus de certaines prestations. « On est dans nos bureaux, ‘’tout’’ est bloqué parce que pour certains actes, il faut forcément passer par eux », confie un greffier d’un tribunal de grande instance (TGI) de l’intérieur du pays.


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Grève des magistrats : Le  « dilatoire » du ministre Bagoro en cause ?« Plus d’indépendance de la Justice » par l’« adoption de l’ensemble des décrets d’application  » pour parachever les réformes. Telle est la principale requête des magistrats du Burkina qui observent, à compter de ce jour, 24 février, une grève sur l’ensemble du territoire national. Ce mouvement fait suite à l’assemblée générale « de tous les magistrats, syndiqués ou non », du 27 décembre 2015, au cours de laquelle, ils ont « appelé à une réflexion commune sur la question des décrets d’application qui n’ont pu être adoptés pendant la transition ». Un ‘’moment de grâce’’ avait été donné aux nouvelles autorités après que le procès-verbal de ladite rencontre ait été remis au président du Faso. Puis, un préavis de grève annoncé du 21 au 29 janvier 2016 avant d’être ‘’suspendu’’ pour marquer leur solidarité face aux attaques terroristes du 15 janvier. C’est las de constater que les lignes n’ont pas bougé que les magistrats ont lancé ce mot d’ordre d’une semaine. Une première dans l’histoire de la jeune génération car, depuis longtemps, les magistrats n’avaient pas droit à la grève. Ils l’ont obtenu par le truchement des réformes entreprises sous la Transition, par ‘’un jeu d’interprétation de textes’’. Pour nombre d’observateurs, ce fait (possibilité de grève) a surpris les autorités qui se sont retrouvées face au fait accompli. « Même le législateur en son temps n’y a rien vu passer », confie un acteur du ministère public.
Les autorités et l’opinion publique !
« Il est bon de reprocher à la justice de ne pas faire son travail. Mais encore faut-il s’assurer qu’elle possède le minimum pour le faire », avait conclu un ministre de la Justice, soutenu dans son constat par des partenaires internationaux dans les années 2004 (Confère Journal L’Evènement N° 229 d’août 2004). Et les propos des magistrats se résument bien à cela car, pour eux, il n’y a pas de demi-mesure en matière de justice et les pays qui ont travaillé à faire de ce secteur un véritable pouvoir, ne sont pas tous plus nantis que le Burkina. C’est une question de volonté politique et de vision.
‘’Ce que nous demandons, c’est le minima. C’est même déjà dépassé par rapport à la sous-région. Et nos autorités le savent bien. Mais, comme les politiciens aiment manipuler…, elles essaient d’avoir l’opinion avec elles en diffusant des propos du genre : les magistrats réclament des salaires de ministres. Quel magistrat a demandé un salaire de ministre ? Quel magistrat a demandé un véhicule de fonction ? Quel magistrat a demandé tout le protocole…. ? Il faut être sincère et écouter les gens dans leurs quêtes du strict minimum pour répondre aux attentes des populations. C’est tout ce que les magistrats demandent. Nos autorités savent bien que nous sommes à la traîne par rapport aux autres pays de la sous-région. (…). Au même moment, les maisons d’arrêt et de correction sont pleines, pas de personnels, pas de ressources. Les résultats que nous avons au niveau de la justice sont des efforts personnels. Sinon, les moyens qu’on donne ne peuvent pas permettre d’engranger les résultats que la justice obtient sur le terrain. On veut des magistrats dignes, efficaces, mais on ne veut pas leur donner le minimum pour mener à bien les missions de la justice. Entre la déontologie, le professionnalisme et les réalités de la vie, il y a aussi une réalité ’’, s’insurge un magistrat, joint en mi-journée dans une juridiction de l’intérieur du pays.
« Je voudrais qu’on retienne que l’œuvre de justice est l’affaire de tous et que son efficacité a un coût. Malheureusement, nous avons un manque de logique sur ce dernier point : d’un côté, les gens veulent une bonne justice et de l’autre côté, dès qu’on veut parler de conditions de vie et de travail des acteurs judiciaires, les gens sont hostiles », déplore un autre magistrat du ministère public pour qui, si l’on veut en outre éviter la fuite en cours des cerveaux au niveau de la magistrature, il faut aborder d’une manière courageuse la question des conditions de ses acteurs. « Il ne faut jamais attendre d’être dans la situation de gouvernants déchus avant de se convaincre de la nécessité d’une justice crédible. Nous savons que les autorités sont arrivées dans un contexte fait d’innombrables chantiers ; mais comme elles ont déclaré faire de la justice un secteur prioritaire, il faut que cela puisse se traduire dans les faits », a rappelé un autre interlocuteur.

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