Pages

vendredi 11 décembre 2015

« Kaborévolution » ou « changement dans la continuité » ? Voilà « Le Rocco » élu président du Faso ! (7)

Et si la victoire de Roch Marc Christian Kaboré à la présidentielle 2015 était, au-delà de ce qu’il représente aux yeux des Burkinabè (notamment « le changement dans la continuité »), à mettre à l’actif de l’authentique « politique » présent à ses côtés : Salif Diallo. Un homme qui, finalement, plus que Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré, désormais hors circuit, aura vécu toutes les phases de l’évolution du Burkina Faso : « Révolution », « Rectification », « Front populaire », « démocratisation », « insurrection populaire », « transition » pour, finalement, être un acteur majeur de la présidentielle 2015.

« Kaborévolution » ou « changement dans la continuité » ? Voilà « Le Rocco » élu président du Faso ! (7)Diallo, au lendemain de la création du MPP et de son premier congrès (cf. LDD Burkina Faso 0536/Lundi 7 décembre 2014), avait entrepris d’ancrer le parti dans une structure internationale. Compte tenu de sa proximité avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, dont il est le conseiller (Niamey est également un pôle de business pour Diallo), et de l’appartenance du PNDS, le parti présidentiel nigérien, à l’Internationale Socialiste (IS), c’est du côté de cette structure qu’a lorgné Diallo. D’emblée, il a positionné le MPP comme un parti « social-démocrate ». C’est lui qui a dirigé la délégation du MPP qui a pris part au conseil de l’IS à Genève, les 12-13 décembre 2014. Il était encore à Bamako, les 10-11 avril 2015 où se tenait la réunion du comité Afrique de l’IS. Le MPP était également représenté, par Mikail Baguian et Domba Jean-Marc Palm, au conseil de l’IS à Luanda les 27-28 novembre 2015. Et dès février 2015, Emmanuel Golou, président du comité Afrique de l’IS, a fait le déplacement à Ouagadougou pour assurer Roch Kaboré qu’il était « prêt à soutenir le MPP pour que les élections se déroulent dans de bonnes conditions ». Golou avait ajouté : « Bien entendu nous sommes du côté de notre ami [Roch Kaboré] qui, je pense, va également aller aux élections. Ce qui est important, c’est qu’il bénéficie de notre soutien pour ce qui est à entreprendre à partir de maintenant jusqu’à l’installation d’un nouveau pouvoir au niveau du Burkina Faso ».
Né le 9 mai 1957, originaire de la très « historique » province du Yatenga (dont il a été l’élu), dans le Nord du Burkina Faso (la « capitale » en est Ouahigouya), se présentant comme un juriste en relations internationales (il est titulaire d’un DEA et d’un doctorat en droit public), Diallo a débuté en 1986 comme assistant au cabinet de Compaoré. Il va le suivre à la présidence du Faso à la suite des événements du 15 octobre 1987 et prendra alors la direction de son cabinet.
Quand, à l’issue du congrès constitutif du « Front populaire » (1er-4 mars 1990), qui marquera la fin de la « Rectification », une « coordination » sera mise en place sous la présidence de Compaoré, Diallo en sera le 13è homme, au poste de secrétaire adjoint chargé des affaires politiques. A compter du 10 septembre 1990, à 33 ans, il rejoindra le gouvernement avec le titre de secrétaire d’Etat à la présidence du Faso. Le 16 juin 1991, il sera nommé ministre de l’Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale. Pour peu de temps. Le 26 juillet 1991, il a été remplacé à ce portefeuille par Issaka Traoré.
Quand Youssouf Ouédraogo est nommé premier ministre de la IVè République, Diallo se voit promu ministre, chargé de Mission à la présidence du Faso. Il est alors le premier des ministres derrière les trois ministres d’Etat alors nommés qui deviendront quatre après le remaniement du 3 septembre 1993, puis ne seront plus que deux, le 22 mars 1994, quand Roch Kaboré va accéder au poste de premier ministre.
Le 11 juin 1995, Roch Kaboré va remanier le gouvernement. Il supprime le poste de ministre chargé de Mission auprès de la présidence du Faso. « Dans un souci de cohérence » dira-t-il. Salif Diallo, du même coup, se retrouve numéro un du gouvernement avec un titre de ministre d’Etat (ils étaient deux, dans ce gouvernement, à avoir cet honneur, l’autre étant Hermann Yaméogo) et le portefeuille de l’Environnement et de l’Eau. A Ouaga, on disait alors que les « ministres étaient solubles dans l’eau » : avant Diallo, de 1984 à 1995, ils avaient été sept à détenir ce portefeuille. Diallo va faire mentir l’adage : il le conservera plus de douze ans.
Le 6 février 1996, Kadré Désiré Ouédraogo prendra la suite de Roch Kaboré à la primature. Diallo conservera titre et portefeuille dans le gouvernement du 9 février 1996. Il y restera jusqu’au 12 octobre 1999 ; il est alors nommé conseiller, chargé de mission à la présidence du Faso. Le régime traverse une crise grave à la suite de « l’affaire Norbert Zongo » qui remonte au 13 décembre 1998 : moins d’un mois après la réélection de Compaoré, le président du Faso a été accusé d’avoir couvert l’assassinat du directeur de publication du journal L’Indépendant, qui enquêtait sur les exactions dont aurait été coupable son frère, François Compaoré.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire