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jeudi 8 octobre 2015

Pour endiguer son flot de migrants, la Gambie forme sa jeunesse à l'agriculture

Ce petit pays d'Afrique de l'Ouest voit des milliers de ses citoyens tenter la traversée de la Méditerranée chaque année. La Gambie est un pays nain à l'échelle du continent africain, avec à peine deux millions de personnes sur son sol. Mais cette enclave anglophone en territoire sénégalais voit une part disproportionnée de sa jeunesse fuir pour l'Europe. En 2013 et 2014, la Gambie a été respectivement le quatrième puis cinquième pays à compter le plus de ses citoyens tenter la traversée de la Méditerranée. Depuis le début de l'année 2015, les Gambiens sont presque 5.000 à être arrivés en Italie, selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations. Parmi les facteurs de cet exode: la pauvreté, le manque de perspectives pour la jeunesse, mais aussi la malnutrition qui touche une large partie du pays. «La plupart des jeunes sont illettrés, sans emploi et n'ont pas de compétences à faire valoir», témoigne Abubacarr Danjo, un jeune gambien qui a tenté plusieurs fois le voyage pour l'Europe, au quotidien britannique The Guardian. À lire aussi: La Gambie, ce petit pays qui voit sa jeunesse fuir en Europe Pour endiguer cette vague de départs, les autorités gambiennes tentent d'attaquer en partie le mal à la racine en formant de nombreux jeunes à l'agriculture pour leur permettre d'être auto-suffisant d'un point de vue alimentaire. De nombreuses famines ont en effet touché des villages reculés, dans l'est du pays, où les champs tombaient en friche. L'Agence de développement Wuli et Sandu a donc mené un projet intitulé Livelihood Empowerment Agricultural Project, en partenariat avec l'ONG britannique Concern Universal dans la région de Banjul, la plus pauvre du pays. Sur le site du projet, on peut lire qu'«un demi-million de Gambiens souffrent de la malnutrition à cause de pluies rares et de techniques d'agriculture archaïques», et que 24.000 personnes auraient déjà bénéficié d'une formation en agriculture. «Le réchauffement climatique rend l'agriculture extrêmement vulnérable à des phénomènes extrêmes comme des inondations et la sécheresse», souligne Ismaila Jarjou, un cordinateur du projet employé par Concern Universal. Les jeunes pris en charge apprennent par exemple à construire des systèmes d'irrigation pour développer les rizières. «Après avoir été formé, je peux produire assez pour nourrir ma famille et acheter plus de matériel», explique au Guardian, Ousman Jallow, un ancien bénéficiaire du programme. Maintenant j'ai mon propre business et je ne pense plus à partir en Europe», ajoute t-il. Car en plus d'être formés à travailler dans les champs, les bénéficiaires du programme peuvent apprendre à créér leur propre business, dans un pays où le taux de chômage s'élève à 38%, selon les statistiques des Nations unies. De l'aveu même de ses fondateurs, le Livelihood Empowerment Agricultural Project est une goutte d'eau dans l'océan. Mais c'est un pas dans la bonne direction pour offrir un débouché aux jeunes au pays, et non pas sur l'autre rive de la Méditerranée.

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