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mercredi 16 septembre 2015

Saisie de fausses cartes d’électeur : L’UPC prend à témoin l’opinion nationale et internationale

Le 11 septembre dernier, le président de la CENI annonçait la découverte d’un réseau de fabricants de cartes d’électeurs avec à sa possession, 5 000 fausses cartes. Par la même occasion, il a rassuré dans un communiqué, les parties prenantes au processus quant à l’inviolabilité du fichier électoral avant de dévoiler que l’affaire a été confiée aux structures compétentes pour des enquêtes plus approfondies. Face à ce qu’il a qualifié de ‘’silence inquiétant‘’ sur l’affaire, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) demande aux autorités de situer les populations sur l’affaire. C’était au cours d’une conférence de presse tenue dans la matinée de ce mardi 15 septembre 2015 au siège national du parti sis u quartier Gounghin de Ouagadougou.
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Saisie de fausses cartes d’électeur : L’UPC prend à témoin l’opinion nationale et internationale
« Le jeudi 3 septembre, nous avions appris qu’un citoyen s’est rendu au commissariat de Ouaga 2000 et a dénoncé des cas de fraudes qui se dérouleraient dans un cybercafé situé à proximité de IAM Ouaga 2000. Les agents de ce commissariat ont conduit le plaignant audit lieu, se sont entretenus avec le gérant du cyber qui a par la suite été arrêté et son matériel saisi. Nous avions donc pensé qu’en principe, les faits ayant été dénoncés au niveau de la police judiciaire, les enquêtes devaient se faire selon les règles de l’art. Nous avions attendu, et quelques jours plus tard, nous n’avions rien senti bouger au niveau dudit commissariat. Nous avons saisi le président de la CENI, pour porter à sa connaissance, ces informations-là afin qu’il prenne les dispositions nécessaires pour que cette affaire ne soit pas mise sous le ‘’paillasson’’. Le président de la CENI nous a dit qu’il avait pris des dispositions et saisi qui-de-droit aux fins d’enquêtes. Nous sommes aujourd’hui à quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale (les faits ont été portés à la connaissance de la police judiciaire depuis le 3 septembre, il y a près de deux semaines) mais jusqu’à ce jour, nous ne sommes pas informés de ce qui se passe au sujet de cette affaire ; pas du tout été informés », a campé Me Séraphin Somé, responsable de la commission contentieux et réclamation de l’UPC.
Pour lui, ce silence sur l’affaire accroît les inquiétudes, s’interrogeant sur ce ‘’mutisme’’de la police. Pourtant, poursuit l’avocat Somé, le gérant du cybercafé est, « selon les informations », gardé dans les locaux du commissariat de Ouaga 2000. « Ça fait bientôt dix jours. Pour nous, c’est qu’il y a des choses sérieuses qui ont été découvertes, sinon on n’allait pas le garder autant de temps. Mais malheureusement, on ne communique pas. Nous souhaitons donc que les autorités policières, judiciaires se penchent avec beaucoup de sérieux sur cette affaire. Si nous voulons que ces élections que nous préparons soient crédibles, acceptées, et que le candidat qui va être désigné au soir du 11 octobre soit vraiment celui que les Burkinabè auraient choisi, il faut qu’à ce stade-là déjà, on prenne des dispositions pour que ceux-là qui sont dans ces officines de fabrication de cartes d’électeurs ou tout autre document électoral, soient démasqués, que les commanditaires qui sont tapis dans l’ombre soient également mis au grand jour et que la justice se fasse », a recommandé Me Séraphin Somé. De son avis, on peut communiquer sur l’affaire sans que cela porte un coup au processus de l’enquête.
« Le vrai changement, c’est aussi dans le comportement »
Pour le directeur national de la campagne électorale adjoint, Ali Seye, la préoccupation de l’UPC ne tient pas à des alibis ou à des dilatoires visant à masquer une incapacité à mobiliser. Bien au contraire…, pour lui, il a fallu que son parti ait « cette capacité » à mobiliser pour amener « certains » à quitter le CDP et à créer leur regroupement politique. « N’eût été cette organisation et cette capacité à mobiliser, certains amis (ou adversaires politiques) ne croyaient jamais à l’après Blaise ; ils avaient même juré qu’ils préfèrent ne pas penser au fauteuil de Kosyam. Bref, grâce à notre organisation, à notre capacité de mobiliser, le peuple burkinabè retiendra que le CFOP-BF avec son président, notre président Zéphirin Diabré, a prouvé aux yeux des Burkinabè et du monde, qu’une opposition réelle pouvait exister », a affirmé M. Seye. Pour ce dernier donc, la réaction de l’UPC s’inscrit purement et simplement dans un contexte de vrai changement. « Quand nous disons vrai changement, il ne s’agit pas de programme pour programme ; le vrai changement, c’est aussi dans le comportement », a-t-il prôné, demandant que ces fraudes qui ont cours depuis 27 ans, cessent afin que la vraie volonté du peuple soit « respectée et honorée » le 11 octobre 2015.
Le directeur national adjoint de campagne, principal intervenant à la conférence, dit bien vouloir accepter les propos d’assurance du président de la CENI sur l’« inviolabilité » du fichier mais, tient à rappeler « que même le fichier central de la NASA, du FBI, du KGB sont, au jour d’aujourd’hui, violables ; parce que nous sommes à un siècle de technologies ». Invitant le président de la CENI à intégrer cet aspect d’évolution de la technologie et, par conséquent, à prendre certaines choses au sérieux. « Nous, nous raisonnons en rassembleurs, nous voulons qu’on mette les Burkinabè au courant de certaines réalités », appelle M. Seye, soulignant que même si on admet que le fichier est inviolable, c’est l’esprit même de fraude qu’il faut combattre. « C’est cet esprit que nous combattons », insiste-t-il.
« Pour nous, il y a une transition qui est-là, nous avons des autorités qui, du reste, sont à la hauteur. Nous demandons que la gendarmerie nationale (qui est un corps d’élite), la police nationale (qui a démontré sa puissance d’enquête) nous amènent à dire si, oui ou non, il y a eu fraudes. Ça, c’est pour prévenir les éventuelles réclamations au soir du 11 octobre », lance M. Seye.
Pour Me Boniface Somé, membre de la direction de campagne, les événements des 30 et 31 octobre 2014 ont été le couronnement de démocratie manquée. De ce fait, dit-il, repartir sur les mêmes bases implique qu’il faut s’attendre aux mêmes effets. « Si nous devons laisser les caïcédrats voter, le Burkina de demain sera pire que celui d’hier », a-t-il martelé. A l’en croire, ce sont les étincelles qui produisent les plus grands incendies.
C’est pourquoi ils ont pris à témoin, l’opinion nationale et internationale, dont ils demandent l’implication pour éviter que le processus soit entaché.
A en croire les conférenciers, l’UPC n’a entamé aucune investigation parallèle dans cette affaire ; le parti dit faire confiance aux institutions habilitées, notamment à la police.

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