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vendredi 18 septembre 2015

Le refus de voir la réalité en face

Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, président de l'UPR.
Une fois encore, notre classe politique nationale montre, au grand jour, combien la Mauritanie est engluée dans le blocage politique, révélateur de la très profonde crise multidimensionnelle que traverse notre pays. Elle n’arrive pas à s’entendre sur l’essentiel qui est l’avenir de ce pays. Alors que tout portait à croire qu’elle va enfin se décider pour s’asseoir autour d’une même table, voilà que tout s’effondre.
Finalement, il faut bien accepter qu’aussi bien au niveau de la classe dirigeante qu’au niveau de celle qui s’oppose à celle-ci, personne ne semble être en mesure de proposer un mécanisme consensuel et pérenne nous protégeant des soubresauts et des aléas de l’instabilité.
La grande panne de la machine Mauritanie ne bouche pas seulement l’horizon devant nous, mais elle ouvre le flanc à l’éclosion de bon nombre de velléités destructrices pour l’entité que nous sommes. Si la classe politique refuse de s’écouter, si elle refuse de se retrouver c’est qu’au fond, elle manque de vision. Il faut bien l’accepter, finalement, ce sont les sectarismes qui s’épanouissent et investissent la scène. Alors que la majorité présidentielle s’active au Palais des Congrès, le FNDU lui reste cloitré entre ses murs, boycottant l’événement du centre des conférences. Au même moment, ce sont les réunions tribales à ciel ouvert auxquelles on assiste, sanctionnées par des procès verbaux largement diffusés sur les médias.
Plus que le refus du FNDU d’assister aux rencontres préliminaires sur le dialogue inclusif, ce qui se passe dans les obscures arrière-cours de certaines arènes est encore plus dangereux et plus pernicieux pour notre pays. Surtout si l’on imagine que des groupes tribaux maliens, ayant des forts encrages et de puissantes ramifications en Mauritanie sont entrées dans le jeu.
Désormais dotés de milices s’activant au nord Mali, ces ensembles qui peuvent compter sur des personnalités politiques, civiles et militaires de haut rang, donc influentes en Mauritanie, peuvent nous emmener dans les méandres d’une aventure incertaine. Parce que, en Mauritanie, les ensembles tribaux nourris de la sève de l’autarcie sectaire se positionnent sur l’échiquier. Chacun voulant se tailler sa proportion au cas où le pays sauterait en lambeaux.
Et cette perspective est loin d’être exclue.Tous les symptômes de cette somalisation accélérée sont réunis chez nous : un voisinage immédiat en fumée, des clivages internes exacerbées, une gouvernance inqualifiable, une classe politique faible et une cohésion sociale presqu’inexistante ! L’irrédentisme tribalo-communautaire est en train de se mourir à petit feu de l’échec des dirigeants et de la classe politique.
L’Etat, disions-nous, fout le camp ! Sa classe politique aussi. Et son peuple s’évertue à jouer le jeu des "dépeceurs" de notre entité en s’engageant dans le processus de "déconstruction" de l’Etat. Chacun s’y met, avec une joie irascible, dans le fou objectif de démolir l’édifice, pourtant, chèrement acquis. Au lieu de chasser cette classe politique médiocre, à la vue courte, mercantiliste à merci, nihiliste à la folie, les Mauritaniens l’adulent, l’applaudissent et la chérissent.
Chacun y va avec ses petites attentes, ses mesquins "avantages" et ses pourboires qui affaiblissent chaque jour le sentiment de l’attachement à la mère couveuse : la Mauritanie.
Et si une étincelle éclaire le ciel par une initiative invitant au compromis scintille, les acteurs se baraquent, se lancent des quolibets et se réfugient derrière de gros et vagues mots qui ne font qu’ajouter à nos maux. Ils rejettent le dialogue qu’ils demandent tous. Ils crachent sur le compromis indispensables et se disent déterminés à en découdre jusqu’à la dernière goutte de leurs salives à travers des diatribes verbales et des joutes électorales qui n’impressionnent plus personne.
Mes amis, la Mauritanie est malade. Malade de son peuple, de ses dirigeants, de son opposition. Elle est malade de ses intellectuels, de son armée, de ses oulémas, de sa jeunesse et de ses femmes. Elle est malade de l’hystérie aveugle de sa majorité au pouvoir qui ne s’occupe que de ses privilèges, de ses passe-droits et de ses "méthodes" de mensonges et de concussions. La Mauritanie est malade de son opposition qui ne sait plus à quoi elle s’oppose et pourquoi.
Elle multiplie les contre-feux sans pouvoir nous mener, efficacement, vers le chemin sauf. Elle nous trimballe d’une étape, l’autre et à chaque point de chute, c’est l’échec. Elle nous mène, parallèlement avec son ennemi, le pouvoir, dans les insinueux chemins de la déconfiture. A vous, ou plutôt, à nous, peuple de Mauritanie, de sonner la fin de la recréation et donner carton rouge aux médiocres acteurs qui nous dirigent, et nous orientent.
A nous de leur remettre leur lettre de licenciement et les jeter à la poubelle de l’histoire, enveloppés dans le linceul de ce système qui nous asservit, nous asphyxie et menace l’existence de notre pays et celle de son peuple.

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