Des nuits à la belle étoile, des files d’attente à n’en point finir. Tel est le spectacle pour le moins ahurissant observé à la gare du Chemin de fer Congo océan (CFCO) de Brazzaville en cette période de grandes vacances scolaires.
« Je suis arrivée à la gare depuis 4h du matin et je n’ai pas pu accéder au guichet pour s’acheter le billet du train Gazelle », s’indigne Caroline Malata, élève en classe de terminale qui, autour de 17h a décidé de rebrousser chemin. Selon cette cliente, la vente des billets au CFCO ferait l’objet de la surenchère. « Au lieu de 14.000 FCFA, on nous exige maintenant de donner 18.000 FCFA pour la seconde classe du train gazelle », ajoute Malata, expliquant que les 4.000 FCFA de plus constituent le pourboire des cheminots. Déterminée à se rendre à Pointe Noire, où elle préfère attendre, à côté de ses parents les résultats du BAC général, Caroline Malata entend changer de stratégie. «Demain je viendrai dès 19h avec ma natte pour dormir ici, afin que je sois parmi les premiers au guichet », promet- elle. Juste à côté d’elle se trouve Annie Loutangou, assise désespérée sur le trottoir après une semaine des va- et-vient à la gare.
« Je veux repartir à Dolisie mais depuis une semaine, je multiplie des tours ici en vain. L’achat du billet devient un calvaire, un casse- tête », a lancé cette enseignante venue à Brazzaville pour assister à la soutenance de sa cousine étudiante à l’ENSP. Biam Tito, étudiant à l’ISG n’en croit pas ses yeux devant le spectacle auquel il assiste. « Moi, je veux prendre le train Gazelle de vendredi pour Nkayi, mais le chef de gare me fait poiroter de gauche à droite, avec des montées et des descentes », déclare-t-il. « On m’a dit qu’il n’y a plus de billets de la seconde classe. J’ai été obligé de me prononcer pour la première classe, mais, même à ce niveau, c’est toujours difficile d’en avoir », regrette Biam Tito, pressé de quitter Brazzaville après y avoir passé une année académique difficile.
La pénurie des tickets n’est pas un fait exprès
Il a argumenté en disant que « nous n’avons pas de voitures de réserve. Ce sont les mêmes rames qui vont et qui reviennent ». Pendant les vacances, certains élèves profitent de faire le commerce pour préparer la rentrée scolaire, a ajouté le responsable qui a par ailleurs pris l’exemple du train rapide océan (ROC) qui de temps en temps est transformé en train spécial pour transporter les religieux. « C’est tout ça qui crée la pénurie », a- t – il insisté.
Le train ROC ne compte que cinq voitures dont une de première classe et quatre de seconde. Il ne circule que deux fois la semaine, les lundis et vendredis. Quant au train Gazelle, il compte neuf voitures, à savoir deux premières classes de 67 places chacune, quatre secondes de 80 places chacune, deux couchettes et une voiture bar. « Notre souhait est d’avoir au moins 50 voitures pour ce train Gazelle, de sorte à lancer dans la circulation quatre rames qui circuleraient en groupe de deux, alternativement en matinée et la nuit », a déclaré le cheminot, lançant une demande d’aide à la Délégation générale des Grands travaux pour l’acquisition de nouvelles voitures qui, dit-t-il, « nous aideraient à satisfaire à la demande des clients ».
Ce dernier a appelé au maintien et à la préservation du train Gazelle. « C’est un bijou que l’Etat nous a donné. Nous cheminots en sommes très jaloux », a – t –il fait remarquer, niant l’existence des réseaux mafieux à la gare de Brazzaville pour l’achat des billets. « Il suffit d’arriver très tôt, on s’aligne et on achète son billet », a dit le responsable, reconnaissant toutefois qu’il y a eu des moments où des auxiliaires du CFCO rançonnaient les clients les plus faibles, enclins à la facilité.
Ce train, rappelons- le, a été mis en circulation il y a trois ans. Il dessert les gares de Mindouli, Loutété, Nkayi, Dolisie et Pointe Noire. Les tarifs officiels fixés par le CFCO pour le trajet Brazzaville- Pointe noire (510 km) sont de 14.300 FCFA pour la seconde classe, 22.500 FCFA pour la première et 26.000 FCFA pour la voiture- couchette.
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