Une organisation anti-esclavagiste de Mauritanie a accusé la police d'avoir fait usage de grenades lacrymogènes, arrêté et blessé jeudi plusieurs de ses militants qui manifestaient à Nouakchott pour la libération de deux de ses responsables en prison.
La police, contactée par l'AFP, n'a pas réagi aux propos de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA). Cette ONG est dirigée par Biram Ould Dah Ould Abeid, qui fut candidat à la présidentielle de juin 2014 face au président Mohamed Ould Abdel Aziz.
"Plus d'une centaine" de membres de l'IRA ont manifesté dans la capitale pour réclamer la libération de leur chef et d'un de ses collaborateurs, a indiqué à l'AFP Hammady Ould Lehbouss, porte-parole de l'ONG.
"Vingt-trois parmi les manifestants ont été arrêtés et six blessés durant des heurts avec la police qui a fait un usage massif de gaz lacrymogènes et de matraques", a-t-il ajouté.
"Nous avons voulu organiser une marche pacifique. La police nous a attaqués, des heurts violents s'en sont suivis", a-t-il affirmé.
M. Ould Abeid et deux autres responsables anti-esclavagistes ont été condamnés le 15 janvier à deux ans de prison ferme et emprisonnés ensuite à Aleg (centre-ouest) pour "appartenance à une organisation non autorisée, manifestations et incitation à la révolte".
L'un des trois condamnés, Djiby Sow, président de Kawtal Ngam Yellitaare, une association qui lutte pour les droits civiques et culturels, a récemment été remis en liberté provisoire pour raisons de santé après avoir été transféré à Nouakchott.
Les deux autres détenus, qui attendent leur jugement en appel, refusent de comparaître à Aleg et réclament leur transfert dans la capitale ou à Rosso (sud), ville où les trois personnes avaient été arrêtées en novembre 2014.
L'IRA a depuis l'arrestation de ces responsables anti-esclavagistes organisé des manifestations, souvent dispersées par les forces de l'ordre, pour dénoncer leur "condamnation injuste".
Officiellement, l'esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d'esclavagisme y encourent des peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison. Le phénomène perdure néanmoins, selon des ONG.
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