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mercredi 29 juillet 2015

inquiétudes pour un journaliste libéré après détention au secret puis porté disparu

Le journaliste gambien Alagie Ceesay.
Le journaliste gambien Alagie Ceesay, qui avait été détenu au secret une dizaine de jours, est porté disparu depuis le 17 juillet, soit quatre jours après sa libération selon sa famille, un syndicat de la presse locale et les Etats-Unis, qui se sont dits mardi inquiets pour sa vie.
M. Ceesay, directeur de la radio privée gambienne Teranga FM, a été "emmené dans la nuit du 17 juillet par des hommes non identifiés" depuis un quartier de la périphérie de Banjul, ils "l'ont mis dans un véhicule qui est parti vers une destination inconnue", a affirmé à l'AFP un membre de sa famille sous couvert d'anonymat.
Ses proches se sont rendus dans deux commissariats qui leur avaient été indiqués pour s'enquérir de sa situation, des policiers leur ont répondu qu'ils n'en avaient "aucune idée", a-t-il dit.
Cependant, a-t-il précisé, Alagie Ceesay a brièvement été escorté à son domicile le 20 juillet par deux agents de la National Intelligence Agency (NIA, services du renseignement), qui ont fouillé sa chambre et sont repartis avec lui vers une destination inconnue.
Depuis, ses proches n'ont aucune nouvelle de lui et "nous sommes préoccupés par son état de santé", qui s'était dégradé suite à sa détention au secret du 2 au 13 juillet, a encore affirmé ce membre de sa famille.
M. Ceesay avait été emmené le 2 juillet au soir en voiture vers une destination inconnue par deux hommes hors du siège de Teranga FM à Banjul. Tard dans la nuit du 13 juillet, il avait demandé à sa famille d'aller le chercher près de l'aéroport de Banjul, selon ses proches.
Il n'avait fait l'objet ni de poursuites ni d'une convocation à un poste de police, de mêmes sources, qui ont fait état, sans autre indication, de "traitements dégradants" subis durant sa détention.
Une source proche de Teranga FM a affirmé à l'AFP s'inquiéter pour la vie d'Alagie Ceesay qui "était faible et traumatisé quand il a été libéré le 13 juillet par la NIA".
"Il souffrait de diarrhée continue et devait voir un médecin", il avait également "des pansements au front et au cou, mais il n'a pas pu expliquer ce qui lui est arrivé" en détention, a dit cette source sous couvert de l'anonymat.
Dans un communiqué, le Syndicat de la presse gambienne (GPU) a aussi exprimé son inquiétude pour la vie de M. Ceesay et réclamé sa libération immédiate.
Dans un communiqué diffusé à Banjul par l'ambassade américaine, le département d'Etat se dit "profondément préoccupé" pour Alagie Ceesay, "qui a disparu quelques jours après avoir été libéré de deux semaines de détention arbitraire durant laquelle il aurait été torturé".
"Nous exhortons le gouvernement gambien à indiquer rapidement où se trouve M. Ceesay, à le rendre à sa famille et à ses proches", y affirme le porte-parole du département d'Etat, John Kirby.
M. Kirby salue par ailleurs la libération récente de quelque 200 prisonniers, dont des proches de protagonistes présumés de la tentative de coup d'Etat de décembre 2014 en Gambie, à la suite d'une mesure de pardon du président Yahya Jammeh, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 21 ans.
Les Etats-Unis invitent la Gambie à "libérer tous les autres prisonniers actuellement détenus sans charges" au-delà de la période légale de 72 heures de garde à vue.
Des organisations de défense des droits de l'Homme et de la liberté de la presse dénoncent régulièrement des violations des libertés de la presse et d'expression en Gambie, pays anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade Atlantique.

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