Invulnérable aux balles ennemies
L’apparence physique et les multiples attirails dont se pare ce solide gaillard participent de la légende : physique de lutteur, boubou et longue écharpe immaculés, des tonnes de colliers et de médailles autour du cou, un sceptre taillé sur mesure et plusieurs chapelets à la main. Yahya Jammeh fait dans la démesure tout en cultivant le mystère sur sa personne et sa vie privée. Au point de passer aux yeux de nombre de ses compatriotes comme un être doté de pouvoirs surnaturels qui le protègent des intrigues, des révolutions de palais et des balles ennemies. N’a-t-il pas survécu à plusieurs tentatives d’empoisonnement, à une kyrielle de putschs, comme ce fut encore le cas à la fin de décembre 2014 ? Ne prétend-il pas guérir l’asthme, l’épilepsie, voire le sida ? Comme toujours en pareil cas, le roi ne souffre guère ceux qui, même involontairement, se risquent à entamer le mythe.
En décembre 2011, il reçoit ainsi un groupe de journalistes étrangers en son palais, une forteresse inexpugnable située à l’entrée de Banjul. Lorsqu’il apparaît dans la salle d’audience, tout le monde se lève. Au moment où il s’installe dans son fauteuil, son long chapelet tombe de sa main. Peur panique au sein de la garde rapprochée. Témoignage, au téléphone, de l’un des six confrères présents ce jour-là : « Dans un élan commun, deux soldats essaient machinalement de récupérer le précieux objet de dévotion. Chacun tire un bout du chapelet et catastrophe, ce qui devait arriver arriva. Le chapelet présidentiel se rompt et les grains enfilés se répandent par terre. Visiblement furieux, les yeux injectés de sang, Yahya Jammeh se lève et quitte la salle comme s’il venait de subir un affront.
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