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lundi 29 juin 2015

Cellou- Dadis : une alliance retentissante dans le silence assourdissant des ONG guinéennes.


 

Le président de l’UFDG Cellou Dalein Diallo et le président des Forces Patriotiques pour la Démocratie et le Développement Moussa Dadis Camara ont annoncé, avec fracas,   le 20 juin dernier de convoler en justes noces pour les échéances électorales futures.

Depuis cette date, les organisations guinéennes de défense de droits humains   se sont gardées de toutes réactions. Elles ne nous ont pas  habitués à cela, car elles ont toujours été promptes à réagir à tout ce qui touche de près ou de loin au massacre du 28 septembre.

Qu’on se comprenne bien, ce qui est en cause ici, ce n’est point l’alliance Cellou- Dadis qui, même si elle peut être reprouvée sur le plan moral,  reste, tout bien considéré,  un joli coup politique. D’ailleurs,  il est difficile pour Alpha Condé et pour ses proches de faire des réprimandes à Cellou Dalein Diallo d’avoir des accointances avec Dadis pendant que le président guinéen continue, lui-même, d’entretenir des inculpés de l’affaire du 28 septembre comme Thiegboro ou Pivi…

Ce dont il s’agit, c’est le mutisme inquiétant des ONG  guinéennes de défense de droits humains sur cette alliance politique, une semaine après son annonce.
.Pourtant, lorsque Dadis avait annoncé son retour en politique le 11 mai dernier , une semaine plus tard, 22 organisations de la société civile guinéenne et internationale avaient signé une déclaration sous la houlette de la FIDH dans laquelle elles exigeaient  que l’ancien chef de la junte militaire rendît  des comptes d’abord devant la justice guinéenne sur son implication présumée dans le massacre du 28 septembre 2009. Parmi les signataires de cette déclaration au vitriol, il y’avait des ONG comme l’OGDH, l’AVIPA, la LIGUIDHO, MDT, le Centre Mère et Enfants, IRDED, etc

Les ONG guinéennes de défense de droits humains entre un silence coupable et  un rétropédalage honteux.

Ainsi, Thierno Madjou Sow de l’OGDH s’était montré  catégorique dans cette déclaration : « Le retour de Dadis Camara dans le jeu politique est une insulte faite aux victimes du massacre du stade du 28 septembre 2009 et au peuple guinéen dans son ensemble. C'est devant la justice guinéenne qu'il devrait se présenter et non à l'élection présidentielle »
De même, Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA avait  renchéri : « (…) Il est tout simplement impensable qu’il (ndlr Dadis) songe à revenir sur la scène politique guinéenne. Ce que nous attendons désormais, c’est qu’il soit formellement mis en cause par la justice, et qu’il réponde de ses actes devant un jury populaire …. »
Mais paradoxalement sur la nouvelle alliance électorale, les présidents de ces deux ONG et d’autres signataires de cette déclaration comme l’IRDED, le Centre Mère et Enfants, sont jusqu’ici restés muets comme des carpes. Par le passé, ils ont  été assez souvent volubiles notamment quand Alpha Condé avait reconduit à leurs postes les colonels THiegboro et Pivi. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. Ces ONG sont-elles gênées, surprises ou dégoutées  par la nouvelle donne?  
A elles d’y répondre, si elles veulent garder un minimum de cohérence et de crédit à l’instar des ONG internationales comme Amnesty International, la FIDH, Human Right Watch, etc.

Dans ce climat de suspicion de relations incestueuses entre l’ « humanitaire » et le politique, la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LIGUIDHO), une ONG cosignataire de la déclaration du 20 mai  a littéralement ravalé ses vomissures en déclarant à travers son président Emmanuel Kpana Bamba que Dadis ne doit pas attendre que le dossier du 28 septembre soit évacué avant de se porter candidat à l’élection présidentielle au motif qu’il n’ya aucune loi qui le lui interdit.

Quant à Frédéric Foromou Loua, actuel Président de Mêmes Droits pour Tous (MDT), signataire de la déclaration en question, il fut un membre de la Commission Nationale d’Enquête Indépendante, commission mise en place par Dadis après le massacre du 28 septembre 2009. Il est l’un des concepteurs et rédacteurs des conclusions de cette commission qui affirmait qu’il n’y avait pas eu de viols au stade du 28 septembre !
Mais qui a donc signé la déclaration de la FIDH pour le compte de la LIGUIDHO et de MDT ? En tout cas il est difficile de croire que ce soit leurs présidents !
Faut-il continuer à cautionner que nos ONG, pour les mêmes faits, montent au créneau le matin et se dédisent ou se taisent le soir à cause de leurs sensibilités politiques ou leurs intérêts économiques?

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