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vendredi 22 mai 2015

Un an de l’assassinat du Juge Salifou Nébié : Toujours deux rapports contradictoires, aucune avancée notoire

24 mai 2015. Un an déjà que le corps du juge Constitutionnel Salifou Nébié a été trouvé sans vie sur la route de Saponé. Un mort de trop, ou du moins, un assassinat de trop qui aura mis la population burkinabè en émoi. A l’occasion du premier anniversaire, le Collectif Justice pour Salifou Nébié a initié une série d’activités dont une procession silencieuse, un recueillement sur la tombe du défunt, une conférence publique sur l’ensemble des crimes commis sous le régime Compaoré, au nombre d’une centaine (103), selon Issiaka Luc Kourouma, président du Collectif. L’annonce a été faite au cours d’une conférence de presse ce jeudi 21 mai 2015.
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Un an de l’assassinat du Juge Salifou Nébié : Toujours deux rapports contradictoires, aucune avancée notoire
« Le 24 mai précisément, cela fera un an que le juge constitutionnel Salifou Nebié a été sauvagement assassiné. L’annonce de la mort dans des circonstances troubles et dramatiques a mis en émoi la population et suscité la mobilisation d’intellectuels patriotes et d’organisations de la société civile pour exiger que toute la lumière soit faite sur cette énième mort troublante d’une personnalité de son rang sous le régime de Blaise Compaoré ». C’est par ces mots que Luc Issiaka Kourouma a introduit la conférence de presse, ce jeudi 21 mai à Ouagadougou. Un abominable assassinat, qualifie le principal animateur de la conférence, qui a abouti à la mise en place d’un collectif regroupant des organisations de la société civile, de défense et de promotion des droits humains et de la justice, afin que lumière soit faite sur cette « triste et révoltante affaire ».
La mort de Salifou Nébié n’a pas été une mince affaire, notamment pour le régime déchu qui dès les premiers heures avait requis une expertise nationale qui a abouti - suite à une Imagerie par résonnance Magnétique (IRM) - à un homicide volontaire. Un autre résultat donnera tout le contraire de l’IRM. Il s’agit en effet du rapport de l’autopsie faite par le légiste français, Stéphane Chochois, sur la dépouille mortelle, concluant que : « le juge Nébié serait mort d’un accident routier, entrainant ainsi de graves confusions dans l’esprit des burkinabè ». Les multiples dénonciations, non seulement, d’une certaines opinion, mais aussi du Collectif ne seront entendues nulle part.
Un an après, le dossier Nébié semble ne pas bouger d’un « pas ». Et Luc Kourouma de préciser que : « suite aux tergiversations constatées au niveau de la justice sur la conduite de cette affaire, l’opinion publique reste toujours sans information sur ce dossier ». D’où l’importance de cette commémoration afin l’opinion publique soient mieux située.
La commémoration se fera pendant trois jours au cours desquels une lecture du Coran sera dite dans la famille à Dabiou, village du défunt. Le samedi 23 mai, le Collectif organisera une procession silencieuse au terme de laquelle, il remettra un message aux autorités administratives. Le dimanche 25 mai, en même temps que se tiendra le doua dans la famille à Dabiou, le collectif organisera un recueillement sur la tombe du défunt au cimetière de Gounghin. S’en suivra une conférence publique sur les crimes de sang impunis au Burkina qui viendra clore la commémoration de ce premier anniversaire de l’assassinat du juge constitutionnel.
103 morts suspects, un chiffre non exhaustif…
Le collectif Justice pour Juge Salifou Nébié ignore jusqu’à présent l’état d’avancement du dossier au niveau de la Justice. Mercredi 20 mai, ils ont, confie le Président, tenté d’obtenir un rendez-vous avec le Procureur général près le tribunal de Grande instance de Ouagadougou, mais il n’a pas abouti. Des bribes d’informations, ont, certes, été obtenue mais, elles restent, encore pas claires. « Nous allons tenter d’obtenir un deuxième rendez-vous pour savoir à quel niveau la justice se trouve avec le dossier », précise-t-il.
Aussi, il a laissé entendre que le juge d’instruction, en la personne de Théophile Nana a, à l’époque, auditionné des gens. Où en est-il concrètement ? Y a-t-il des pistes ? Autant de questionnements qui méritent des réponses claires maintenant. De plus, le collectif voudrait bien savoir sur lequel des rapports le juge d’instruction se base pour mener ces enquêtes. « Il y a le rapport des médecins burkinabè qui confirme un homicide volontaire et celui du français qui dit le contraire. Il faut donc bien savoir sur quel rapport il se base pour conduire son enquête. C’est donc en fonction du choix du juge que nous pourrons demander une contre-expertise », soutient Luc Kourouma.
C’est le moment de mettre la lumière sur l’ensemble des crimes commis sous Blaise Compaoré. Ils sont, dit-il, plus d’une centaine qui sont morts de manière suspecte au Burkina. « Nous en avons dénombré 103. C’est effroyable », déplore Luc Kourouma, qui souligne justement l’importance de la conférence publique qui sera animée par le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et du peuple (MBDHP). Une aubaine qui permettra de montrer toute l’horreur qui caractérisait le régime Compaoré. Ainsi, dit-t-il « pour peu que l’on n’était pas pour eux, pour peu que l’on ait une opinion discordante de leur objectif politique, ils vous faisaient tout simplement ».
Salifou Nébié, l’imprudent selon Germain Nama
Journaliste chevronné, le directeur de publication du journal d’investigation L’évènement était un grand ami au défunt. Il a confié que Salifou Nébié a été quelque fois imprudent de par ses fréquentations. « Il fréquentait les dissidents tels Simon Compaoré, Rock Marc Kaboré…, je ne peux pas dire que c’est à cause de tout cela qu’il a été assassiné. Nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses », dit-il.
Tout compte fait, il faut savoir que le juge constitutionnel a été tué pour ses convictions, selon Germain Nama Bitou. Avant d’ajouter que : « nous gardons espoir sur le dénouement de cette affaire. Déjà que des gros dossiers comme celui de Thomas Sankara, de Norbet Zongo commencent à connaitre un début… ».
Bassératou KINDO

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