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mercredi 20 mai 2015

Proroger la transition : une équation difficile à résoudre Point de vue

Le "linga" ou bonus est un terme bien apprécié dans le milieu commercial et très mal accueilli dans l’univers politique. Offrir un tel cadeau à la transition est impensable pour bon nombre d’acteurs civils que politique car cela retarderait évidement leur éventuelle installation dans le luxueux et mythique palais de Kosyam. Aborder ce genre de sujet touche certaines sensibilités mais est nécessaire pour s’interroger sur la profondeur de la révolte populaire et les aspirations réelles du peuple qui se résument en quelques mots : vérité et justice pour tous les crimes économiques et de sang.
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Proroger la transition : une équation difficile à résoudre
Pour traiter cette problématique, répondons aux questions ci-dessous : quels risques cours le Burkina en prolongeant la transition ? Les compromis politiques pour accéder précipitamment à la présidence ne vont-ils pas étouffer les aspirations populaires ?
Quels risques cours le Burkina Faso en prorogeant la transition ?
Le Burkina est un pays à économie intermédiaire et doit absolument compter sur les partenaires sociaux de tous genres pour combler son déficit budgétaire de 2015 pour espérer répondre à une partie de la demande sociale pressante et grandissante au quotidien. Une prorogation pourrait freiner l’élan des donateurs et compliquer davantage le processus transitionnel qui aurait beaucoup tardé pour son démarrage et la mise en place de ses organes conformément à la charte.
Les investisseurs, notamment miniers, seraient très réticents à injecter encore des milliards sans être véritablement sûrs de la stabilité du pays. Pour eux une transition n’est pas une période digne de confiance car susceptible de basculer à tout moment et dans tous les sens. De tels enjeux économiques seraient difficiles à gérer et entraineraient des conséquences non négligeables sur une frange de la population qui tirerait ses ressources essentielles de ses types d’entreprises.
Les partis politiques et les futurs candidats aux différentes échéances électorales qui auraient contracté des prêts bancaires pour préparer les campagnes pourraient être déçus. Ces acteurs qui souhaiteraient s’installer sur leurs chaises d’élu avec l’écharpe en bandoulière pour essayer de se réorganiser et entamer le remboursement se trouveraient dans des situations économiques inconfortables. Peut-être pour certains, ce serait le désert économique suivi d’une mort politique.
Sans être exhaustif, voici quelques risques évidents et effroyables que le pays connaîtrait en s’engageant dans la logique de la prorogation de la transition politique en cours.
Les compromis politiques ne vont-ils pas étouffer les aspirations populaires ?
Les échéances électorales prochaines sonnent comme un espoir pour le peuple qui aspire à rompre avec les mauvaises pratiques moyenâgeuses de l’ex régime déchu. Pour certains jeunes, la victoire contre cette forfaiture est proche parce que Compaoré ne sera pas candidat ; une première pour leur vie. Une chose est claire sauf pour ceux qui refusent de regarder la réalité en face. L’ex parti majoritaire (CDP) garde une grande partie de sa notoriété tant dans les villes que les hameaux de cultures les plus reculé du pays, en témoigne le récent congrès des 9 et 10 mai 2015 au palais des sports de Ouaga 2000.
Ce parti a certes été amputé d’une partie de ses membres mais reste une force non négligeable autour de laquelle certaines alliances inattendues pourraient se tisser aux dernières minutes pour le contrôle du palais présidentiel. Un tel scenario est fort probable et beaucoup d’acteurs politiques avisés redoutent implicitement ce moment à travers leurs vœux de campagne en ces termes : « On va remporter le scrutin du 11 octobre au quart de tour ». Remporter les futures élections à ce rythme est impensable sauf miracle à l’appui ou un massif. Ces propos montrent bien que nos leaders politiques ne souhaitent pas un second tour qui leur éviterait les alliances compromettantes.
Il faut qu’on dise à ces leaders que les scores aux présidentielles à la soviétique (80% -90%) ont été balayés les 30 et 31 octobre 2014. Les prochaines élections se joueront absolument sur l’échiquier des alliances entre partis. En politique seul l’intérêt du parti et ses alliés du moment comptent sinon le reste peut attendre. Au probable second tour, des partis arrivés en tête tisseront obligatoirement des liens avec d’autres formations dont le CDP, nouvelle version d’EDDIE KOMBOIGO pour remporter les élections. Ce jeu politique est quasi certain et se poursuivra pour le contrôle de l’organe parlementaire notamment dans la formation des groupes parlementaires.
Nul besoin de dire que ce genre de quiproquo électoral est un boulevard à l’impunité et à l’injustice car le pacte entre partis est plus sacré que nos aspirations nouvelles. Pour exemple, le pacte RDR et le PDCI à la dernière élection de 2010 en côte d’ivoire a immédiatement blanchi les chefs et leurs militants quand bien mêmes qu’ils étaient aussi responsables de cette guerre. Il est impensable que sous le prétexte de rendre justice au peuple qu’un régime au pouvoir puisse condamner, emprisonner et faire rembourser les deniers publiques volés par ses alliés qui l’auraient porté au trône. L’Hôpital peut-elle se moquer de la charité ? Réfléchissons et dépassionnons le débat.
La transition actuelle a ses faiblesses liées peut être aux traitements salariaux non clarifiés et aux biens mal déclarés de ses membres mais elle a également ses forces notamment dans la poursuite des grands dossiers de crimes économiques et de sang. L’idée d’une prorogation mérite une attention particulière dans le bon sens. Ce pas, s’il venait à être franchi, nous aidera à récupérer beaucoup de biens publics emportés au profit du peuple et à nettoyer le terrain pour les prochains gouvernants.
En mémoire, le printemps arabe de 2011, l’Egypte s’est précipité pour les élections et en a réalisé deux en moins de deux ans ; par contre la Tunisie, son devancier, a assuré près de quatre ans de transition juste pour poser les balises d’une bonne démocratie. Est-il possible de déraciner efficacement un régime de près de 27 ans en une année de transition ?
Bonne lecture !

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