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mercredi 20 mai 2015

Guinée : Qui a plus de raison d’avoir peur du retour de Dadis ?


L’annonce du retour de Dadis en politique dérange le landernau politique guinéen et rebat les cartes en Forêt. Même s’il est bloqué par des ennuis judiciaires toujours pendants du massacre du 28 septembre 2009, même si Dadis, un peu surfait, n’a pas l’aura réel qu’on lui prête, il faut compter avec lui et sur une partie des personnes de son ethnie majoritaires en Forêt pour jouer les trouble-fête. Celui qui pourrait promettre de l’affranchir de la CPI de Fatou Ben Souda sera le grand bénéficiaire, mais qui le pourrait entre Alpha, Cellou et Sidya ? Actuellement, la Forêt est nettement morcelée entre Kissis, Guerzés, Tomas et autres minorités Les figures de proue de chacune sont Dadis Camara, de Papa Koly Kourouma, Jean-Marie Doré,  Jean-Marc Téliano et Faya Millimono. On ne peut pas ignorer, on ne peut non plus éluder cette réalité guinéenne, ne pas mettre le doigt sur la plaie c’est faire la politique de l’autruche et une fuite en avant. Et il est difficile de se situer exactement dans les interconnexions et relations actuelles entre ces différents leaders politiques, Alpha condé a un pouvoir étonnant à faire retourner la veste à plus d’un « nain politique ».

 Quoi qu’il en soit, parmi ceux qui auront des soucis à se faire dans l’ordre de ce tiercé :

 Le premier est Alpha Condé, qui avait un électorat considérable en Forêt, au temps du PUP de Lansana Conté. Cet électorat s’est vu rogner de jour en jour à cause des clivages religieux entre les différentes ethnies, à cause encore de la gestion pas au goût d’une partie des Forestiers des différentes crises de Saoro, de Galapaye, de Womè… sans compter les départs et arrivées intempestifs des « personnes-alitées » de cette contrée dans son gouvernement, qui ne lui ont pas bien servi et qui ont contribué à provoquer des scissions et départs au sein du RPG.

Le second est sans aucun doute Cellou Dalein Diallo, son parti l’UFDG est en très mauvaise posture avec cette arrivée de Dadis. La raison est simple : sur les 156 personnes massacrées le 28 septembre 2009, la plupart des victimes sont des militants de l’UFDG, dont les parents demandent justice, même si l’UFDG peut également compter sur les autres leaders de la Forêt, elle ne peut pas courir deux lièvres à la fois : exiger que justice sot faite et demander le soutien du présumé coupable, et cela semble être son handicap majeur. L’UFDG pourra par contre compter sur la grégarité et l’union de ses militants quelque peu « ostracisés ».

Et Alpha et Cellou, les deux les plus concernés par cette intrusion de Dadis doivent se rencontrer ce 20 mai pour un soliloque et un monologue, pas un dialogue, aux vues de leurs résolutions dans ce dernier face à face. Chacun s’est dicté ou plutôt les partisans respectifs ont dicté à chacun des deux ses dires, ses gestes et ses mimiques.

Tous les démocrates s’attendent à ce que Alpha condé décide de renverser la tendance en revenant sur le calendrier… Il ne sera que plus démocrate, même peint en rouge.

Le troisième est Sidya Touré de l’UFR, qui a un siège bien implanté comme un parti transnational en Forêt, sera bien le mieux avantagé. Si l’UFR ne tisse pas le bon coton avec Dadis, il ne tisse pas non plus le mauvais coton avec lui, il a cet avantage et il peut aussi compter sur les autres partis de la Forêt pour un éventuel report des voix.

Comme on le voit, Dadis Camara, même réduit à sa plus simple expression, a un mot à dire. S’il n’avait pas écouté les sirènes en 2009…v


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