Pages

lundi 2 mars 2015

Vers la réalisation du projet de gestion des écosystèmes périphériques de deux parcs congolais


Brazzaville, Congo (CONGOSITE) – Le projet de gestion des écosystèmes périphériques de deux parcs nationaux de la République du Congo tend vers sa mise en œuvre. Un accord y relatif vient d’être signé entre le gouvernement congolais ; l’Organisation non-gouvernementale internationale de conservation de la nature, WCS ; la Congolaise industrielle de bois (CIB) ; et l’Industrie forestière de Ouesso (IFO). Il s’agit précisément du projet de gestion des écosystèmes périphériques des parcs nationaux Odzala-Kokoua et Nouabalé-Ndoki, situés dans le nord du pays.


Des éléphants au parc national d'Odzala-Kokoua
Des éléphants au parc national d'Odzala-Kokoua
Selon l’APA qui rapporte l’information, le document a été paraphé par le ministre congolais de l’Economie forestière et du Développement durable, Henri Djombo ; le directeur général de WCS-Congo, Mark Gately ; le président du conseil d’administration de la CIB, Robert Hunink ; et le gérant d’IFO, Ulrich Gravet. Le projet porte sur la gestion durable de la faune dans les concessions forestières de Ngombé et Kabo, autour de ces deux parcs. 

Comparativement au partenariat précédent, l’accord qui vient d’être conclu donne beaucoup plus d’autonomie aux coordonnateurs des parcs nationaux, qui ont une grande responsabilité dans la sécurisation des espèces protégées, mais aussi dans gestion de manière transparente des fonds des donateurs internationaux. 

«Les yeux de la communauté internationale seront fixés sur les activités de conservation au Congo. WCS va soutenir les coordonnateurs dans leur tâche quotidienne et jouer le rôle de partenaire privilégié du gouvernement dans le domaine de la conservation, en appuyant les efforts pour garantir la gestion de la faune dans les concessions forestières», a indiqué Mark Gately. 

Selon Robert Hunink, les sociétés CIB et IFO, qui comptent environ 2,5 millions d’hectares de forêts contiguës, certifiées par FSC, sont disponibles à travailler en partenariat avec le gouvernement congolais et l’ONG WCS dans le même esprit de concertation et de transparence. Le projet de gestion des écosystèmes périphériques des parcs Odzala-Kokoua et Nouabalé-Ndoki est, en effet, un instrument important comprenant les éco-gardes qui assurent la surveillance du territoire, luttent contre le braconnage. Pour le ministre Henri Djombo, ce projet doit être pris au sérieux. Il a rassuré que le Congo a une parfaite connaissance de sa faune sauvage et de sa flore sauvage grâce à des inventaires des multi ressources réalisés. Le pays possède des informations importantes permettant de mobiliser les moyens pour garantir une gestion rationnelle de sa faune et de sa flore. 

«L’expérience acquise en cette matière nous place au-devant de la scène environnementale en Afrique centrale. Car, c’est la première expérience dans le Bassin du Congo où la surveillance de la faune et de la flore est assurée par des équipes bien formées, bien disciplinées, expérimentées qui nous garantissent les résultats que nous avons acquis aujourd'hui », a ajouté M. Djombo. 

Le Congo, la CIB et WCS avaient signé, en 1999, un protocole d’accord pour assurer la gestion durable de la faune dans les concessions forestières. Le projet de gestion de la périphérie au parc de Nouabalé-Ndoki a été considéré comme un modèle de la conservation, tant il a permis la mise en place d’un code d’éco-garde ayant garanti la sécurité des éléphants et d’autres mammifères dans les concessions ; la gestion de la chasse par les employés et les communautés locales ; la pérennité de la faune. C’est suite à cette collaboration que WCS et le gouvernement congolais ont lancé, en 2007, un partenariat semblable dans les concessions gérées par la société IFO.

Les parcs nationaux d'Odzala-Kokoua et de Nouabalé-Ndoki

La forêt du parc national d'Odzala-Kokoua
La forêt du parc national d'Odzala-Kokoua
Le parc national d’Odzala-Kokoua est une immense mosaïque d'écosystèmes recouvrant 1.354.600 hectares. Il est situé dans le Nord-ouest du pays, à cheval entre les départements de la Cuvette-Ouest et de la Sangha. Ce parc accueille dans son écrin une exceptionnelle biodiversité : plus de 400 espèces d'oiseaux y côtoient l'une des plus importantes populations de gorilles, d'éléphants de forêt, de buffles ainsi que les derniers lions d'Afrique centrale. La région du parc d’Odzala-Kokoua se compose de grandes zones marécageuses, d’un dénivelé de 200m ; des mosaïques forêt-savane et de la rivière Mambili. 

La présence de nombreuses clairières et salines jouant un rôle prépondérant pour la grande faune de forêt en renforce encore l’originalité. La diversité végétale explique une faune riche, incluant des espèces purement forestières (céphalophes, bongos, gorilles, chimpanzés, cercopithèques), des espèces vivant à la fois en savane et dans la forêt (éléphants, buffles de forêt) et des espèces purement savanicoles comme les derniers lions d’Afrique centrale. Outre les 444 des 626 espèces d’oiseaux identifiées au Congo, le parc national d’Odzala-Kokoua regorge également plus de 4.397 familles de plantes, selon les sources de l’Union européenne/ECOFAC. 

Créé en 1935, ce parc a été déclaré réserve de la biosphère par l’UNESCO en 1977. Depuis plusieurs années, il a intégré le programme CAWHFI «Initiative pour le patrimoine mondial forestier d'Afrique Centrale», financé par l’UNESCO, le Fonds français pour l’environnement mondial et la Commission européenne. Le par ces entré dans la zone d’intervention dite Trinational Dja-Odzala-Minkebe (TriDOM), qui intègre cinq parcs nationaux : le parc national de Minkebe (Gabon), les parcs nationaux du Dja, de Boumba-Bek et Nki au Cameroun, ainsi que de nombreuses concessions forestières. 

Le parc national d’Odzala-Kokoua a mis en place des infrastructures d’accueil et des circuits touristiques pour répondre à une demande internationale croissante pour l'écotourisme à Odzala. Le parc comprend un quartier général, des postes de surveillance et une piste d’atterrissage. Des voies navigables ont été aménagées et des ponts construits sur ses rivières. Les revenus générés par ces activités touristiques devraient couvrir le financement partiel de la gestion du parc. Ils devraient également créer des retombées pour les communautés locales à travers la création d’emplois dans l’agropastoralisme et les services, et une politique de partage de revenus entre l'Etat et les collectivités locales. Appuyé par des partenaires comme ECOFAC, soutenu par l’Union Européenne (UE), le Congo s’emploie dans la lutte contre le braconnage afin de préserver cette richesse abondante. 

Le parc national de Nouabalé-Ndoki : 
C'est un écosystème intact de forêt exempt de la perturbation humaine ou de l'exploitation forestière. Sa population significative de grands mammifères est en voie de disparition, tel que des éléphants de forêt, des gorilles de terre, des chimpanzés, et plus de 300 espèces d'oiseaux et d'autres petits mammifères. Les scientifiques ont également recensé 1.000 espèces de plantes et une riche diversité de forêts, dont celles d’acajous. Des marécages en forêt inondée abritent différentes espèces dont les céphalophes bleus à dos jaune et à front noir. Les trois espèces de crocodiles d'Afrique vivent dans le parc national, où des tortues d'eau douce fréquentent les marécages et bais. 

Le parc a privilégié un tourisme éco-responsable et des modes de déplacement alternatifs. Ainsi, à l’intérieur du parc, certes on circule en 4x4, mais les visites se font principalement en pirogue et à pied avec des guides et pisteurs. Autour de la clairière marécageuse Mbeli Bai, des pistages à pied sont organisés dans la forêt pour mieux observer les primates dans leur habitat naturel ainsi que d’autres grands mammifères comme des éléphants de forêt, des sitatungas (sorte de buffles) et deux espèces de loutres. 

Créé en 1993, le parc national Nouabalé Ndoki couvre une superficie de 426.800 hectares. Situé dans le département de la Sangha, au nord du pays, il est frontalier de trois autres parcs célèbres : le parc national de Dzanga-Ndoki et la réserve spéciale de Dzanga-Sangha établis en 1990 en République de Centrafrique et à l'Ouest, au Cameroun ; le parc national de Lobéké, classé en 2001. Ces trois parcs nationaux forment un bloc de forêt d'environ 7.500km², connu sous le nom de Trinational de la Sangha, auquel s'ajoute la réserve spéciale de Dzanga-Sangha d'environ 3000km² au nord-ouest de Nouabalé-Ndoki et de Dzanga-Ndoki. 

Mais cette zone est soumise aujourd'hui à l'exploitation forestière. Cette vaste région forestière fait également l’objet de l’initiative CAWHFI, financée par l’UNESCO, le Fonds français pour l’environnement mondial et la Commission européenne. La mission de CAWHFI est d’améliorer la gestion de sites forestiers du Bassin du Congo susceptibles d'être reconnus pour leur valeur universelle exceptionnelle et à améliorer leur intégration au sein des paysages écologiques dont ils font partie.

Gaspard Lenckonov


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire