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mercredi 25 mars 2015

Si le Congo rate l’alternance démocratique en 2016, la faute reviendra à l’opposition

Brazzaville, Congo (CONGOSITE) – Plusieurs Congolais aspirent à l’alternance politique en 2016, surtout l’opposition qui la réclame à tout prix. Mais, l’opposition commet la maladresse de penser que l’alternance politique doit être facilitée par le pouvoir, oubliant que c’est elle qui en est actrice principale. Il est une évidence que si l’alternance politique échoue en 2016 au Congo-Brazzaville, la faute reviendra à l’opposition pour n’avoir pas su jouer son rôle.


Quelques leaders de l'opposition
Quelques leaders de l'opposition
On appelle alternance politique, la permutation de deux partis ou de deux coalitions au pouvoir et dans l’opposition. Dans le respect du régime en vigueur, elle opère un changement de rôle entre des forces politiques situées dans l’opposition qu’une élection au suffrage universel fait accéder au pouvoir, et d’autres forces politiques qui y renoncent provisoirement pour entrer dans l’opposition (Quermonne, 2000 : 8). L’alternance concilie donc la continuité des institutions avec le renouvellement des élites. Mais elle n’entraîne pas nécessairement un changement fondamental de programmes et de politiques. Elle peut même déstabiliser le régime démocratique lorsque les projets de société qui s’affrontent sont trop éloignés l’un de l’autre. C’est pourquoi, elle requiert un minimum de consensus qui préserve les principes et valeurs de la démocratie pluraliste. 

De ce point de vue, l’on comprend facilement que l’alternance démocratique ne peut s’opérer que s’il existe une bipolarisation des forces politiques : d’un côté une majorité qui cherche à conserver le pouvoir, et de l’autre une opposition qui cherche à ravir le pouvoir. Pour ravir le pouvoir, l’opposition doit mettre en œuvre une politique efficace, sur la base d’un projet de société réaliste. Son discours doit être guidé par les points inscrits dans son projet de société. Malheureusement, l’on constate que l’opposition congolaise est dans l’incapacité de proposer une alternative au pouvoir en place, à tel point qu’on la soupçonne de chercher à s’intégrer dans un système qui exclut toute possibilité d’alternance politique. 

L’opposition a un grand rôle à jouer dans la vie politique d’un pays démocratique, au regard de ses fonctions : elle constitue un contre-pouvoir, c’est-à-dire empêche la majorité à mener une politique portant atteinte aux droits et libertés du peuple ; elle représente la possibilité d’une alternance politique en participant à l’existence du pluralisme politique, l’une des bases de la démocratie ; elle permet de renouveler le personnel politique, car si la majorité perd le pouvoir, il y a une forte de change de voir une nouvelle génération d’hommes politiques naître dans le pays. Le rôle de l’opposition étant essentiel en démocratie, dans certains pays elle bénéficie d’un véritable statut. En Grande-Bretagne, par exemple, on a érigé la fonction de chef de l’opposition en fonction officielle. En France, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, la constitution prévoit que les groupes parlementaires d’opposition, ainsi que les groupes minoritaires, bénéficient de "droits spécifiques" (art. 51-1). 

La quête du pouvoir par des procédés illégaux

Quelques leaders de l'opposition
Quelques leaders de l'opposition
L’opposition congolaise semble ignorer le rôle qu’elle doit jouer en démocratie. Les déclarations qu’elle fait sur l’alternance démocratique l’attestent bien. La quête du pouvoir par des procédés démocratiques semble ne pas être du goût de l’opposition. En effet, n’ayant aucune réelle emprise sur le peuple et se trouvant dans une situation de désarroi, l’opposition semble avoir choisi l’extrémisme politique comme «bon procédé» pour la conquête du pouvoir. Pourtant, la conscience conseille que l’extrémisme politique n’est pas une bonne démarche pour arriver à l’alternance démocratique. 

Faute de stratégie politique sûre et de cohésion certaine, l’opposition risque de faire échouer l’alternance démocratique au Congo. Pour camoufler ses insuffisances sur le manque de cohésion qui règne en son sein, l’opposition spécule que le PCT pratique la tactique de la fragmentation de l’opposition. Ce qui n’est d’ailleurs pas condamnable, en ce sans que la majorité qui détient le pouvoir doit user de toutes les stratégies politiques pour le conserver. Tout comme l’opposition qui veut ravir le pouvoir doit user de toutes les stratégies démocratiques pour l’arracher. 

Entre la majorité et l’opposition, il y a deux attitudes qui ne peuvent pas se concilier. Si l’opposition ne peut pas mettre en œuvre des stratégies crédibles et démocratiques pour arracher le pouvoir dans les urnes, la majorité met en place des mesures pour le conserver. L’action de la majorité présidentielle tient non seulement à encourager la création de nombreux partis se réclamant de la «majorité présidentielle», mais aussi à susciter ou entretenir des scissions au sein des partis de l’opposition perçus comme une menace à sa domination politique. Ainsi, parmi ses stratégies, figure en bonne place l’accélération de la décomposition interne de l’opposition. 

Il serait illusoire d’imaginer qu’une opposition qui n’a pas été capable d’induire le changement puisse cependant entraîner une possible alternance politique. Deux faits expliquent l’inefficacité de l’opposition : l’existence d’une majorité parlementaire écrasante soutenue par l’action gouvernementale, sous l’égide du chef de l’Etat ; et les maladresses et la faiblesse évidentes de l’opposition dans l’élaboration des arguments et stratégies de combat politique. A cela s’ajoute la carence de cohésion interne solide. 

En réalité l’opposition n’aura pas été capable d’imposer du changement profitable au peuple. Il va sans dire que l’alternance au pouvoir qu’elle réclame tant est hypothéquée par l’opposition elle-même.

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