A moins de sept mois du premier tour de l'élection présidentielle du 11 octobre prochain, tous les scénarios semblent possibles, alors que la bataille politique s'annonce impitoyable et le tout, dans un climat d’urgence sanitaire, de marasme économique et de méfiance politique.
A la veille des préparatifs de la présidentielle de 2015, la Guinée est à la croisée des chemins. Selon maints observateurs politiques avertis, si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) maintient la date du premier tour du scrutin qu’elle a proposée le 11 octobre prochain, les guinéens peuvent s’attendre à quatre scénarios possibles.
Premier scénario, le candidat sortant ira aux élections le 11 octobre, selon des partisans de la mouvance. Que l’opposition remue terre et ciel, qu’elle multiplie les réunions à Paris ou à Conakry, le président Alpha Condé pourrait tenter le forcing, advienne que pourra. De toutes les façons, il se dit que l’opposition ne pourra pas l’ébranler, ni avant, ni après le scrutin.
Deuxième scénario, soutenu par des acteurs de la société civile, Alpha Condé, lui-même, tiendrait comme agenda caché la tenue des élections communales avant les présidentielles. Mais dans sa tentative de diversion, il annonce la tenue des présidentielles avant les communales. Sachant bien que l’opposition ne l’accepterait pas.
Pour s’y opposer, l’opposition pourrait multiplier l’organisation des marches sur les voies publiques. Face à la pression, le gouvernement annonce la reprise du dialogue politique et finit par accepter la tenue des élections locales comme le souhaite les opposants.
Mais en acceptant un tel compromis, le Gouvernement a deux atouts. D’une part, faire endosser le report de la présidentielle à l’opposition. Cela est d’autant vrai que la CENI a annoncé son incapacité d’organiser deux élections au cours de la même année.
D’autre part, le gouvernement Condé aura gagné du temps. Et l’important est qu’il aurait fini de vaincre la fièvre Ebola. En plus, quelques chantiers pourraient être prêts.
Troisième scénario, soutenu par certains politiques, est la conséquence du premier. Alpha Condé, prend de court ses opposants. Conséquence, l’ordre des élections n’ayant pas été respecté, les ténors de l’aile dure de l’opposition boycottent le scrutin.
Comme Lansana Conté face à Mamadou Bhoye Barry à l’élection présidentielle de 2003, Alpha Condé se taille une opposition pour la forme comme Bah Ousmane, Papa Koly Kourouma, Boubacar Barry, Kassory Fofana et pourquoi pas Jean Marie Doré.
Cette hypothèse, si suicidaire soit-elle, n’est pas à exclure pour la simple raison que le président du Groupe parlementaire de la majorité, Damaro Camara, a dit à qui veut l’entendre qu’ils sont prêts à aller aux prochaines élections avec ou sans l’opposition.
Une menace qui rappelle deux discours. D’abord celui de l’ancien ministre de l’administration Alhassane Condé à la veille des préparatifs des élections législatives. Ensuite, celui du président Condé qui menaçait de laisser à la gare ses opposants.
Dernier scénario, soutenu par une frange de l’opposition parlementaire, est la conséquence du second. En annonçant la tenue des élections présidentielles avant les communales, Alpha Condé pourrait distraire l’opposition et revenir à de meilleurs sentiments.
Pendant que l’opposition multiplie les manifestations de rue, la CENI continue à travailler à fond. A la dernière minute, le gouvernement pourrait annoncer la tenue des communales mais l’opposition, prise au dépourvu, et ayant passé son temps à manifester comme dans la fable « la cigale et la fourmi », n’a plus le temps d’enrôler ses électeurs.
En attendant de connaître l’issue du scrutin présidentiel, il est important de rappeler que la prochaine élection s’annonce décisive pour le pays, qu’elle se tienne en 2015 ou au-delà. Selon une source indépendante, si elle se tient, trois scénarios sont possibles.
Premier scénario, en cas de réélection du président sortant, Alpha Condé aurait enterré son opposition composée d'anciens premiers ministres pour la plupart. Une porte ouverte pour renouveler sa classe politique avec l’émergence des jeunes leaders.
Deuxième scénario, l’opposition enterre ses divergences pour déclencher l’alternance politique comme Abdoulaye Wade l’a fait en 2002 et Macky Sall en 2012. En le réussissant, elle aurait mis fin au changement si cher à l’ex opposant historique.
Dernier scénario, face à la boulimie des uns et des autres, la classe politique prend le pays en otage et un troisième larron s’empare du pouvoir, ce qui n’est pas du tout souhaitable.
Dans l’un ou l’autre cas, deux hypothèses sont à écarter , du moins pour l’instant. A la veille des présidentielles, Alpha Condé annonce, par exemple, le retrait de sa candidature, lui qui a promis de gagner les prochaines élections dès le premier tour.
Autre hypothèse à ne pas envisager, c’est également le retrait des ténors de l’opposition guinéenne pour laisser la place à la jeune génération lors des futures élections.
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