Le gouvernement et la communauté internationale ont intensifié les pressions surdes chefs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour signer l’accord de paix afin d’isoler définitivement les jihadistes qui ont revendiqué l’attentat de Bamako.
La
France, militairement influente dans la zone, a lié l’attentat
perpétré dans la nuit de vendredi à samedi à Bamako qui a tué un
Français, un Belge et trois Maliens et fait huit blessés, dont deux
Suisses et les tirs contre l’ONU à Kidal (nord-est) dimanche, qui ont
tué un Casque bleu tchadien et deux enfants, aux pourparlers de paix,
exhortant la rébellion à parapher l’accord entériné le 1er mars à Alger
par le camp gouvernemental.
« Au
moment même où nous sommes à quelques mètres de la paix, des forces qui
lui sont hostiles essaient d’intervenir pour casser cette
perspective », a déploré le ministre français des Affaires étrangères
Laurent Fabius, en visite au Maroc.
Il
faisait écho au ministre malien de la Communication Choguel Maïga qui a
mis en demeure les rebelles de signer afin de pouvoir « faire la
différence entre la mauvaise graine et la bonne ».
« Tant
qu’une partie de nos frères n’adhéreront pas à l’accord, tout ce qui se
passera pourra être interprété. Certains diront que ce sont eux », a
insisté le ministre.
En
visite au Niger voisin, où il a été reçu dimanche par le président
Mahamadou Issoufou, le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma),
Mongi Hamdi, a également estimé qu’il n’existait « pas d’autre choix,
d’autre option que de s’inscrire dans la logique de paix, dans la
logique de cet accord »
RENCONTRE DE KIDAL SUR L’ACCORD D’ALGER
La crise de leadership menace le consensus
L’idéal
est de parvenir à une position commune au sortir de la rencontre de
Kidal sur le contenu de l’accord d’Alger qui ouvre portes aujourd’hui.
L’issue de la rencontre est d’ores et déjà menacée par une querelle de
leadership naissante.
C’est
désormais officiel : les membres de la coordination des groupes armés
(CMA) ne sont plus sur la longueur d’onde concernant le processus de
négociation. Une querelle de leadership qui risque d’affecter la
rencontre de Kidal qui commence aujourd’hui pour se prononcer sur l’accord de paix d’Alger déjà paraphé par le gouvernement.
Pour marquer leurs désaccords, une bonne partie de responsables des
groupes ont choisi de pratiquer la politique de la chaise vide. De ce
fait, il est attendu à cette importante rencontre de concertation des
responsables des 5 mouvements qui constituent la Coordination des
Mouvements de l’Azawad (CMA): MNLA, MAA, HCUA, CMFPR2 et CPA, une
décision consensuelle. Interrogé sur la portée d’une telle assise, le
représentant du MNLA en Europe, Moussa Ag Assarid dira qu’il s’agit de
l’avenir de l’Azawad. Commentant son absence, il dira que même s’il
n’est pas sur place, qu’il continuerait de défendre la révolution
azawadienne à distance. Avant de nous préciser que cette rencontre est
destinée aux responsables de chacun des 5 mouvements de la CMA dont les
principaux leaders sont Bilal Ag Achérif, SG du MNLA; Sidi Brahim Ould
Sidatt, SG du MAA; Alghabass Ag Intalla, SG du HCUA; Ibrahima Kantao, SG
de la CMFPR2 et Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, SG de la CPA.
La
présence de ces différents responsables des mouvements ne saurait
occulter les querelles de leadership qui a pris corps dans la
coordination. De plus en plus, Alghebass Ag Intallah tente de noyer
Bilal Ag Achérif jusque-là intouchable. En plus, il faut gérer
l’équation Ibrahim Kantao considéré au départ comme un intrus mais qui a
pu se tailler une place dans les rangs de la CMA. Son arrivée permettra
de donner plus de poids à la coordination qui en dehors de Mahamadou
Djery n’avait pas eu une forte adhésion au sein de la population
sédentaire du nord. À cette nouvelle configuration, il faut se demander
quelle va être la position principale qui va être dégagée à Kidal. Les
enjeux sont multiples et les positions des un et des autres demeurent
tranchées.
Alpha Mahamane Cissé
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