Selon les informations obtenues par Libération, l’ancien Président malien, Amadou Toumani Touré, a été interrogé, à Dakar, sur l’affaire dite de financement libyens à Nicolas Sarkozy. Ce, suite à une commission rogatoire que le doyen des juges d’instruction de Dakar, Mawa Sémou Diouf, a reçu avant de l’imputer à la Division des investigations criminelles (Dic) qui a interrogé l’ancien Président malien en présence des juges français qui ont discrètement séjourné à Dakar.
Libération est en mesure de révéler que suite à une commission rogatoire adressée par les autorités judiciaires françaises au Sénégal, l’ancien Président, Malien Amadou Toumani Touré (Att), en exil à Dakar depuis avril 2012, a été interrogé à la Division des investigations criminelles (Dic) en présence de magistrats français qui ont discrètement séjourné dans la capitale sénégalaise. Selon les informations obtenues par Libération de sources policières, c’est le doyen des juges d’instruction Mahawa Sémou Diouf qui a accueilli la commission rogatoire avant d’actionner la Dic. Att a été entendu, comme témoin, dans le cadre de l’affaire dite du financement présumé que Khadafi aurait octroyé en 2007 à Nicolas Sarkozy. Une audition qui était prévisible depuis que la France avait adressé, en août dernier, une demande d’entraide judiciaire à Bamako.
En effet, en avril 2013, les juges Serge Tournaire et René Grouman ont ouvert une information judiciaire pour abus de biens sociaux, faux et usage de faux, trafic d’influence, corruption passive et active mais aussi blanchiment de capitaux.
Ce, suite à des perquisitions effectuées à la résidence et au bureau de Claude Guéant, Directeur de Cabinet de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur. D’ailleurs, Guéant a été récemment mis en examen après plusieurs heures de garde à vue. Car, quelques semaines avant sa chute, Khadafi n’a cessé, tout comme son fils Seif el-Islam Kadhafi, d’accuser la France de l’avoir lâché alors qu’il aurait financé la campagne de Sarkozy en 2007.
L’accusation s’est corsée lorsque le site d’investigations Mediapart a évoqué une note faisant étant d’un versement occulte de 50 millions d’euros. Sarkozy avait indiqué que cette note était un faux authentique, allant même jusqu’à porter plainte contre le site Mediapart.
Mais trois experts, désignés par les juges, ont donné raison au site en signalant que la signature, au bas de la note, est bien de Moussa Koussa, l’ex patron des services secrets libyens. Depuis, les juges ont adressé des commissions rogatoires à la Mauritanie, au Qatar, à la Tunisie, au Malaisie et au Mali.
Les magistrats ont demandé à Bamako qui serait sur le point de départ des commissions, d'entendre entre autres, un ressortissant malien, Amadou Cheikh Bani Kanté, un proche parmi les proches d’Amadou Toumani Touré. Membre imminent du parti de l’ancien Président malien, conseiller spécial d’Att, Kanté était aussi le représentant d’un fonds d’investissement libyen de 8 milliards de dollars. Les juges pensent que ce fond a servi à financer les «amis» de Khadafi, notamment Nicolas Sarkozy.
Kanté, la piste malienne
Interpellé par Rfi sur la demande d’entraide judiciaire adressée par la France au Mali, Amadou Cheikh Bani Kanté affirmait : «Je tombe un peu des nues, parce que je n’ai jamais été un porteur de valise pour qui que ce soit. Dans tous les cas de figure, je ne me sens pas concerné par cette affaire. Je suis quand même prêt à m’expliquer devant la justice française ou malienne dès qu’on me convoque».
N’empêche, les juges français disposent du précieux témoignage d’un homme d’affaires du nom de Jacques Dupuydaudy qui a affirmé avoir assisté à une discussion entre Kanté et Béchir Saleh, patron du fonds mis en cause et Directeur de Cabinet de Khadafi. Lors de cette discussion, soutient-il, le financement de la campagne de Sarkozy aurait été évoqué. Mieux Jacques Dupuydaudy qui contrôle Progrosa - une société très active dans les ports - a ajouté, qu’en 2009, Kanté lui a affirmé que les fonds devant servir au financement de Nicolas Sarkozy seraient passés par des sociétés détenues par Vincent Bolloré.
D’ailleurs, un ancien Directeur général du groupe Bolloré, Jacques Rossi, a été interrogé sur ces accusations par la Brigade financière de Paris agissant sur délégation judiciaire du magistrat instructeur. Quant à Kanté, il n’a pas attendu le déplacement des magistrats français à Bamako pour être interrogé. En effet, son conseil avait saisi par écrit les juges en charge de l’instruction pour les informer que son client était disposé à faire le déplacement en France pour y être entendu. Devant les magistrats Français qui ont donné une suite favorable à la demande, Kanté a été entendu à Paris. Il a affirmé, entre autres, ne pas connaître l’auteur des accusations, à savoir Jacques Dupuydauby.
Une version anéantie par Dupuydaudy lors d’une confrontation avec Kanté, en novembre denier, dans les bureaux des juges. Mis devant la présence de preuves solides, Kanté a changé de version pour dire qu’il connaissait son accusateur, mais qu’il ne lui a jamais traduit une lettre en arabe qui évoquait les financements occultes faits pour Sarkozy. Quant à Dupuydaudy, il n’a changé aucune virgule de ses déclarations faites devant la brigade financière et en présence des magistrats instructeurs.
Une chose est en tout cas sûre : Khadafi était l’ami d’Att et du Mali. Parlant d’ailleurs de ces relations «Jeune Afrique» écrivait : (...) Kadhafi aura investi environ 250 milliards de F Cfa (380 millions d’euros) au Mali entre 2002 et 2011. Holding public, la Libyan African Investment Company (Laico) est alors omniprésente. Elle achète ou construit trois grands hôtels à Bamako. Bâtit la cité administrative (qui abrite tous les ministères) pour 60 milliards de F Cfa. Se lance dans l’agriculture : les 100 000 hectares du projet Malibya, aux environs de Ségou, doivent nourrir toute la sous-région. Kadhafi est prêt à y investir 500 millions de dollars (377 millions d’euros) - depuis sa chute, le projet est au point mort.
Enfin, le ‘’Guide’’ subventionne massivement l’armée malienne : avions, formation - notamment celle des bataillons parachutistes chers à Att. Pour toutes ces largesses, le Président malien a bien dû avaler quelques couleuvres. Si Att se rend un nombre incalculable de fois à Tripoli, où il est souvent convoqué, Kadhafi est comme chez lui au Mali. Le Nord est son fief. En avril 2006, quelques mois avant les accords d’Alger signés entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs, le ‘’Guide’’ débarque à Bamako. Avec Att, ils doivent partir ensemble à Tombouctou».
En effet, en avril 2013, les juges Serge Tournaire et René Grouman ont ouvert une information judiciaire pour abus de biens sociaux, faux et usage de faux, trafic d’influence, corruption passive et active mais aussi blanchiment de capitaux.
Ce, suite à des perquisitions effectuées à la résidence et au bureau de Claude Guéant, Directeur de Cabinet de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur. D’ailleurs, Guéant a été récemment mis en examen après plusieurs heures de garde à vue. Car, quelques semaines avant sa chute, Khadafi n’a cessé, tout comme son fils Seif el-Islam Kadhafi, d’accuser la France de l’avoir lâché alors qu’il aurait financé la campagne de Sarkozy en 2007.
L’accusation s’est corsée lorsque le site d’investigations Mediapart a évoqué une note faisant étant d’un versement occulte de 50 millions d’euros. Sarkozy avait indiqué que cette note était un faux authentique, allant même jusqu’à porter plainte contre le site Mediapart.
Mais trois experts, désignés par les juges, ont donné raison au site en signalant que la signature, au bas de la note, est bien de Moussa Koussa, l’ex patron des services secrets libyens. Depuis, les juges ont adressé des commissions rogatoires à la Mauritanie, au Qatar, à la Tunisie, au Malaisie et au Mali.
Les magistrats ont demandé à Bamako qui serait sur le point de départ des commissions, d'entendre entre autres, un ressortissant malien, Amadou Cheikh Bani Kanté, un proche parmi les proches d’Amadou Toumani Touré. Membre imminent du parti de l’ancien Président malien, conseiller spécial d’Att, Kanté était aussi le représentant d’un fonds d’investissement libyen de 8 milliards de dollars. Les juges pensent que ce fond a servi à financer les «amis» de Khadafi, notamment Nicolas Sarkozy.
Kanté, la piste malienne
Interpellé par Rfi sur la demande d’entraide judiciaire adressée par la France au Mali, Amadou Cheikh Bani Kanté affirmait : «Je tombe un peu des nues, parce que je n’ai jamais été un porteur de valise pour qui que ce soit. Dans tous les cas de figure, je ne me sens pas concerné par cette affaire. Je suis quand même prêt à m’expliquer devant la justice française ou malienne dès qu’on me convoque».
N’empêche, les juges français disposent du précieux témoignage d’un homme d’affaires du nom de Jacques Dupuydaudy qui a affirmé avoir assisté à une discussion entre Kanté et Béchir Saleh, patron du fonds mis en cause et Directeur de Cabinet de Khadafi. Lors de cette discussion, soutient-il, le financement de la campagne de Sarkozy aurait été évoqué. Mieux Jacques Dupuydaudy qui contrôle Progrosa - une société très active dans les ports - a ajouté, qu’en 2009, Kanté lui a affirmé que les fonds devant servir au financement de Nicolas Sarkozy seraient passés par des sociétés détenues par Vincent Bolloré.
D’ailleurs, un ancien Directeur général du groupe Bolloré, Jacques Rossi, a été interrogé sur ces accusations par la Brigade financière de Paris agissant sur délégation judiciaire du magistrat instructeur. Quant à Kanté, il n’a pas attendu le déplacement des magistrats français à Bamako pour être interrogé. En effet, son conseil avait saisi par écrit les juges en charge de l’instruction pour les informer que son client était disposé à faire le déplacement en France pour y être entendu. Devant les magistrats Français qui ont donné une suite favorable à la demande, Kanté a été entendu à Paris. Il a affirmé, entre autres, ne pas connaître l’auteur des accusations, à savoir Jacques Dupuydauby.
Une version anéantie par Dupuydaudy lors d’une confrontation avec Kanté, en novembre denier, dans les bureaux des juges. Mis devant la présence de preuves solides, Kanté a changé de version pour dire qu’il connaissait son accusateur, mais qu’il ne lui a jamais traduit une lettre en arabe qui évoquait les financements occultes faits pour Sarkozy. Quant à Dupuydaudy, il n’a changé aucune virgule de ses déclarations faites devant la brigade financière et en présence des magistrats instructeurs.
Une chose est en tout cas sûre : Khadafi était l’ami d’Att et du Mali. Parlant d’ailleurs de ces relations «Jeune Afrique» écrivait : (...) Kadhafi aura investi environ 250 milliards de F Cfa (380 millions d’euros) au Mali entre 2002 et 2011. Holding public, la Libyan African Investment Company (Laico) est alors omniprésente. Elle achète ou construit trois grands hôtels à Bamako. Bâtit la cité administrative (qui abrite tous les ministères) pour 60 milliards de F Cfa. Se lance dans l’agriculture : les 100 000 hectares du projet Malibya, aux environs de Ségou, doivent nourrir toute la sous-région. Kadhafi est prêt à y investir 500 millions de dollars (377 millions d’euros) - depuis sa chute, le projet est au point mort.
Enfin, le ‘’Guide’’ subventionne massivement l’armée malienne : avions, formation - notamment celle des bataillons parachutistes chers à Att. Pour toutes ces largesses, le Président malien a bien dû avaler quelques couleuvres. Si Att se rend un nombre incalculable de fois à Tripoli, où il est souvent convoqué, Kadhafi est comme chez lui au Mali. Le Nord est son fief. En avril 2006, quelques mois avant les accords d’Alger signés entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs, le ‘’Guide’’ débarque à Bamako. Avec Att, ils doivent partir ensemble à Tombouctou».
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