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lundi 9 février 2015

Pour le groupe d’autodéfense touareg, « la Minusma doit rester dans le cadre de sa mission initiale »

Des combattants du MNLA dans les environs de Kidal, au nord Mali. Crédits : REUTERSDes combattants du MNLA dans les environs de Kidal, au nord Mali. Crédits : REUTERS
Le groupe d’autodéfense touaregs Imghad et Alliés (Gatia) a été créé le 14 août 2014 à Gao suite à la reprise du contrôle de Kidal par les groupes armés, notamment le MNLA. Il est aujourd’hui membre de la plate-forme du 30 juillet regroupant tous les mouvements d’autodéfense (arabe, songhoi, touareg) attachés à l’intégrité territoriale du Mali. Avec ses 800 à 1 000 hommes, le Gatia compte rétablir la sécurité des populations du nord « là où l’armée malienne n’est plus » 

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer Gatia ? 
Fahad Ag Almahmoud : Ce sont les événements du 21 mai dernier avec l’abandon par l’armée de toutes les positions à l’est et au nord de Gao qui nous ont interpellés. Nous et nos communautés étions devenus des gens sans défense, éventuellement à la merci des autres groupes armés.
N’ayant plus de structure pour nous défendre nous sommes allés voir la mission des Nations unis au Mali (Minusma) et la force Serval pour leur demander de garantir la sécurité de nos populations. Malheureusement, nous avons été mis devant le fait accompli. Nous avons remarqué que celles-ci accordaient plus d’importance aux groupes armés qu’aux populations civiles.
On n’a pas pour mission de nous substituer à l’armée ou de l’aider, nous avons juste le même ennemi. En réalité, quand nous avons pris les armes, l’armée malienne n’existait plus. Aujourd’hui, nous tirons dans le même sens que l’armée lorsqu’elle tirait, car elle ne tire plus. Elle est cantonnée depuis l’arrivée de la Minusma et des forces internationales.
D’où proviennent vos moyens ? 
Avec la crise libyenne, toutes les communautés se sont procuré des armes. Notre communauté en avait aussi, même si elle n’était pas érigée en groupe armé. Beaucoup de nos combattants étaient dans l’armée libyenne et ils sont revenus se mettre à notre disposition avant même la création du Gatia. D’autres ont quitté le sud de l’Algérie pour nous rejoindre avec des moyens. Enfin, il y a nos frères du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) qui étaient beaucoup plus organisés que nous. C’est d’ailleurs cette organisation qui nous a permis de nousorganiser si vite.
Et pourtant le MAA est composé d’anciens membres du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afriquede l’Ouest (Mujao)… 
Le MAA est composé de la communauté arabe. Les Arabes et nous étions dans la même posture en 2012 quand le Mujao, MNLA et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) étaient venus attaquer Gao. Ils avaient besoin de protection et le Mujao leur a offert. Ce mouvement les a trouvés ici. Ce sont des autochtones. Ils cherchaient tout simplement à se sécuriser

Sur le terrain avez-vous des problèmes particuliers avec la Minusma ? 
La Minusma doit rester dans le cadre de sa mission initiale qui est respectable. Nous n’avons aucun problème avec elle. Seulement à un moment donné, elle est sortie de ce cadre par les agissements de certains de ses militaires. Je cite en exemple le général Christian Thiebault et son état-major. Ils l’ont mise au service du MNLA.
Quel regard portez-vous sur la zone tampon que la Minusma et le MNLA ont voulu établir ?
Une zone tampon, c’est l’espace qui sépare deux groupes en conflit. Cette zone ne nous sépare pas. Ils ont juste pris toutes nos positions pour en faire une zone tampon. La Minusma veut juste nous cantonner comme elle a cantonné l’armée malienne.
La zone de Tabankort est-elle stratégique pour le trafic de drogue ? 
Il n’y a aucune drogue qui passe à Tabankort, les principaux narcotrafiquants savent qui dictent les ordres dans le trafic. Dina Ould Daha de Tombouctou et Mohamed Ould Awenat d’« Air cocaïne » ont tous rejoint le MNLA pour cela. Toute la drogue passe par In Khalil et le grand nord. Rien ne passe au sud. 

Que préconisez-vous pour un règlement de la situation ? 
Il faut respecter les résolutions des Nations unies qui réclament un dialogue inclusif. Il est clair que le problème est aujourd’hui plus en population du nord, qu’entre les groupes armés et le gouvernement. Il y a une volonté de domination, une volonté allergique au processus démocratique qu’il faut combattre. Il faudrait que toutes les parties se voient pour respecter le processus d’Alger.

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