Le 15 mai 2013, la communauté internationale annonçait une aide financière d’un montant de 3, 285 milliards d’euros (soit environ 2155 milliards de FCFA) pour appuyer les politiques de reformes et les programmes de développement au Mali.
Difficile pour le commun des mortels de mesurer l’impact de l’appui mobilisé par les 56 pays et/ou institutions, lors de la conférence de Bruxelles de mai 2013. Les montants annoncés (plus de 2000 milliards FCFA), sont aujourd’hui engagés à 94 %. Les décaissements dépassent la barre des 76%.
Selon le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadou Konaté, 94, 7 milliards CFA sont passés par le budget de l’Etat, au titre de l’aide budgétaire ; contre 536 milliards CFA pour les Ong (nationale et internationale). En terme simple. L’essentiel du pactole a été utilisé. Mais comment ? Et pour quel résultat ? Voilà des questions qui taraudent encore les esprits au sein de l’opinion nationale. Si l’on s’en tient aux explications des acteurs (gouvernement, union européenne…) qui étaient à Bamako le mardi dernier pour la 5è réunion de suivi, il semble que l’argent a servi principalement à renforcer la paix et la sécurité ; à répondre aux urgences humanitaires ; à organiser les élections ; à approfondir la gouvernance ; à garantir le bon fonctionnement de la justice et la lutte contre la corruption ; à relever le défi de l’éducation ; à garantir l’accès à des services sanitaires etc. Pour convaincre, Annick Girardin, la secrétaire d’Etat française au développement et à la francophonie, a donné, lors d’une conférence de presse, quelques indices: «2 millions de maliens ont pu avoir une assistance alimentaire à travers l’aide humanitaire apportée par les partenaires (Ong) ; 800 000 personnes ont pu avoir accès à l’eau potable ; plusieurs centaines de bâtiments publics (administratifs, centre de santé) ont été réhabilités ; et près d’un million de manuels scolaires ont été distribués ».
Cependant, la secrétaire a omis de préciser les montants de ces activités.
Quant au ministre Hamadou Konaté, il a fait plutôt appel au contexte dans lequel a eu lieu la mise en œuvre du Plan de relance durable (Pred). «Nous étions dans un contexte ou tout était plus ou moins arrêté, où il fallait faire en sorte que la vie continue à être vivable. Dans ces conditions là, des interventions ont été faites dans des zones où il n’y avait pas du tout l’Etat…Ces interventions ont été faites par des Ong nationales et internationales. Et dans ces cas là, le processus et le mécanisme de décaissement sont des processus de décaissement appuyés sur l’urgence ». En voilà une de ces explications qui ne sont pas de natures à dissiper le doute que ressent la plupart des Maliens par rapport à la gestion des ressources décaissées. En attendant, la reddition des comptes, puisque le ministre a promis qu’on «aura tout les chiffres pour indiquer exactement ce qui a été dépensé et dans quoi», les sputations vont bon train.
Issa B Dembélé
Encadré
Les dessous des promesses de Bruxelles…
De l’analyse de certaines organisations, notamment la Coalition des alternatives africaines dettes et développement (Cad-Mali), cette aide enfonce, en réalité, notre pays. Elle (aide) serait essentiellement composée de prêts qui vont alourdir la dette malienne. Selon cette organisation, 36% de l’aide de la France sont des prêts. Pour la Banque africaine de développement (Bad), la Banque mondiale et la Banque islamique de développement (Bid), les prêts représentent respectivement 87, 78, et 88% de leurs contributions. En ce qui concerne la Banque ouest africaine de développement (Boad) et le Fmi, leur aide est composée uniquement de prêts.
Au-delà, l’organisation révèle que des conditions sont attachées à ces prêts. Cad-Mali met l’accent sur le cas des 46 millions de dollars signé avec le Fmi. Le gouvernement malien se serait engagé à mettre en œuvre un programme d’ajustement structurel pendant 3 ans (2014-2016). Ce programme fait du remboursement de la dette extérieure du Mali, la priorité absolue du gouvernement. Et, le gouvernement doit aussi améliorer le « climat des affaires », autrement dit « privatiser, libéraliser les secteurs stratégiques comme l’eau et l’énergie ».
Autant dire que l’envers de la médaille est loin d’être reluisante. De nombreux maliens croient que la communauté internationale a profité de la fragilité du Mali eu égard au contexte de crise sociopolitique et sécuritaire que traversait le pays. Ainsi, des voix se font entendre pour exiger l’annulation des conditionnalités liées à ces appuis financiers. Et demander la transformation des prêts accordés en dons ; ce pour une relance efficace de l’économie malienne.
- B. D
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