Sheikh Sidya Bayo.
Un opposant gambien arrêté depuis samedi par la police à Dakar, après l'attaque le 30 décembre contre le palais présidentiel à Banjul, a été accusé d'atteinte à "l'ordre public sénégalais" et sera expulsé vers la France, a-t-on appris lundi auprès d'un de ses avocats.
Sheikh Sidya Bayo, également de nationalité française, selon son avocat Me Bamba Cissé, avait été arrêté aux premières heures samedi.
"La décision a été prise de l'expulser vers la France par arrêté du ministre de l'Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo. Il pourrait partir d'ici mardi mais nous allons (nous battre) pour qu'il reste au Sénégal", a déclaré à l'AFP Me Cissé.
"On lui reproche d'avoir attaqué l'ordre public sénégalais", a dit Me Cissé. Le ministère sénégalais de l'Intérieur n'était pas joignable lundi.
Dans une vidéo diffusée le 29 décembre sur Youtube, Sheikh Sidya Bayo avait appelé les Gambiens à se soulever contre M. Jammeh. "C'est une simple coïncidence. Il ne connaît même pas les militaires qui ont organisé" l'attaque contre le palais présidentiel, a dit Me Cissé.
M. Bayo réside habituellement en France, où il est né, et séjourne régulièrement au Sénégal, seul pays ayant des frontières terrestres avec la Gambie, ex-colonie britannique, totalement enclavée dans son voisin à l'exception de sa façade atlantique.
Le président Jammeh a démenti dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier une tentative de putsch et évoqué une attaque de "terroristes soutenus par des puissances" étrangères, évoquant "des dissidents basés aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni".
Selon des sources militaires gambiennes, l'attaque lancée mardi vers 03H00 (locales et GMT) a été menée par des hommes lourdement armés venus par pirogue à Marina Parade, sur la corniche est de Banjul, où est situé le palais présidentiel.
Le Sénégal a "fermement" condamné cette attaque.
Au pouvoir depuis 20 ans, le président Jammeh a souvent accusé le Sénégal d'accueillir des "opposants gambiens".
Dans le conflit en Casamance, une rébellion indépendantiste qui dure depuis 1982 dans le sud du Sénégal, Banjul a souvent joué les bons offices tout en étant accusé de soutenir les rebelles.
En août 2012, les relations entre les deux pays, toujours compliquées, avaient connu un regain de tension après l'exécution en Gambie de neuf condamnés à mort, dont deux Sénégalais.
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