A peine un mois après avoir reçu sa lettre de mission du Premier ministre Yacouba Isaac Zida, le ministre des Infrastructures, du désenclavement et des transports, Moumouni Diéguimdé, lui a remis ce jeudi 8 janvier en fin de soirée sa lettre de démission dans le souci, dit-il, « de contribuer à restaurer un climat propice à la bonne exécution de la Charte consensuelle, de restaurer la paix et la concorde nationale ».
C’est officiel. Moumouni Diéguimdé n’est plus le ministre des Infrastructures, du désenclavement et des transports du gouvernement de transition. L’information a été rendue publique ce jeudi soir à la Primature par le ministre de la Communication, chargé des relations avec le Conseil national de la transition T. Frédéric A.K. Nikièma lors d’une déclaration à la presse. Cette déclaration a porté sur le contenu de la lettre de démission que M. Diéguimdé a adressé au Premier ministre. Morceaux choisis : « Depuis ma nomination, des agents de mon département et de plus en plus de Burkinabè se mobilisent pour demander mon départ de l’exécutif. Ce mouvement de contestation prend chaque jour un peu plus d’ampleur. A l’analyse, cette protestation grandissante, conjuguée avec d’autres actions du même genre, constamment relayées dans la presse, retient de plus en plus l’attention de l’opinion. Il porte gravement atteinte à l’image de la Transition, à la sérénité de l’action gouvernementale, compromet la paix et la concorde nationale. A terme, ces actions handicapent l’atteinte des objectifs de la Transition. Dans le souci de contribuer à restaurer un climat propice à la bonne exécution des missions de la Charte consensuelle, de restaurer la paix et la concorde nationale, je viens très humblement, Excellence monsieur le Premier ministre, vous demander d’accepter ma démission du gouvernement ». La démission du désormais ex-ministre a été acceptée par le chef du gouvernement de transition, à en croire le ministre Nikièma qui a par ailleurs laissé entendre à la presse que les investigations se poursuivaient sur les accusations portées contre Diéguimdé dont celle relative à son emprisonnement aux Etats-Unis d’Amérique. A ce sujet, le ministre de la Communication a rappelé les démarches entreprises auprès de l’ambassade américaine à Ouagadougou et de notre représentation diplomatique à Washington pour réunir des preuves sur l’affaire. Mais, maintenant que Moumouni Diéguimdé a lui-même pris ses responsabilités en démissionnant, le gouvernement lui a-t-il trouvé un successeur à la tête du Ministère des infrastructures, du désenclavement et des transports (MIDT) ? « Pas encore », a signifié aux journalistes Frédéric A.K. Nikièma qui a expliqué que la lettre du ministre démissionnaire venait d’être reçue et que le Premier ministre a juste eu le temps d’y répondre favorablement.
Diéguimdé démissionnaire comme Sagnon
Ainsi donc, trois semaines de manifestations ont finalement suffi au personnel du MIDT pour obtenir la démission de leur ministre qui a quand même résisté. Au cours d’une conférence de presse animée le 28 décembre avait voulu tourner la page de la contestation consécutive à un article de presse du 15 décembre le mettant en cause. Son exercice n’avait pas, malheureusement pour lui, pris et il en était ressorti plus incompris et davantage sur la sellette. Et le lendemain de sa conférence, le personnel du MIDT recevra même du renfort du Balai Citoyen qui l’a rejoint dans la rue pour exiger la démission de Diéguimdé, augmentant la pression sur le gouvernement Zida. Les choses allant de mal en pis pour l’ex-ministre, ce sont les centrales syndicales qui se joindront au mouvement pour sa démission. Et ce 6 janvier lors de l’audience que le Premier ministre leur a accordé, les responsables s’étaient montrés très déterminés sur cette question de la démission du Moumouni Diéguimdé en apportant même des preuves des accusations portées contre lui. La suite… on la connaît. Moumouni a rendu le tablier comme l’ancien ministre de la Culture Adama Sagnon qui lui avait fait moins de résistance.
Grégoire B. Bazié
Lefaso.net
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