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mardi 30 décembre 2014

Lettre ouverte aux Autorités de la Transition : « Plus rien ne sera comme avant ! », Et pourtant…

Excellences Messieurs le Président de Transition, le Président du CNT, le Premier Ministre.
Dans la chevauchée fantastique des évènements post-insurrectionnels, il vous est échu d’une manière ou d’une autre de présider à la destinée de notre chère Patrie qui retrouve progressivement sa dignité après la Révolution Populaire des 30 et 31 octobre 2014… Révolution tant admirée dans le monde en ce qu’elle transcende tous les printemps balayeurs des dictatures camouflées sous le manteau de la Démocratie… Révolution auréolée du sang ôté à de jeunes vies qui a mis fin à la Compaorose…
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Lettre ouverte aux Autorités de la Transition : « Plus rien ne sera comme avant ! », Et pourtant…
Par ce sang versé par de dignes fils du Faso qui ont laissé mères, pères et enfants inconsolables, vous détenez le "bâton du pouvoir". Vous avez toute notre félicité pour savoir garder le navire Burkina à flot, et nombreux sommes nous à avoir frémis aux accents tumultueux de vos promesses et engagements aux élans révolutionnaires, nourrissant l’espoir que « PLUS RIEN NE SERA COMME AVANT ! ». Et pourtant… Notre bateau semble naviguer dans la même direction qu’à l’époque du Capitaine Compaoré !
COMME AVANT, des personnes contestables sont promues ministres ou DG
Dans l’exercice de formation du Gouvernement de Transition vous avez portez votre choix sur Monsieur Adama Sagnon pour diriger le Ministère de la Culture. Avait-on besoin d’une enquête de gendarmerie ou de police pour savoir que Monsieur Adama Sagnon, compromis dans l’affaire du Martyr Norbert ZONGO, n’était pas ministrable dans un gouvernement issu de la Révolution auréolée du sang des jeunes Martyrs des 30-31 ? Cela n’a-t-il pas crée une suspicion inutile qui explique en partie la contestation de la date du 13 décembre pour célébrer les Martyrs de l’insurrection... Il subsiste en moi un doute sur votre volonté de « rendre justice au Camarade Norbert ZONGO » dès lors qu’un acteur clef du non-lieu fut promu comme ministre de la culture, et ce malgré les griefs à lui reprochés par les artistes sur sa gestion du BBDA.
Excellences, selon l’Article 15 de la Charte de la Transition, les membres du gouvernement doivent « être de bonne moralité ». Ce qui n’est manifestement pas le cas pour Monsieur Moumouni Diéguimdé qui a été condamné aux Etats-Unis à quatre mois et demi de prison pour des faits de corruption (Le Reporter N°156-157). Comment pouvez-vous nous convaincre que « PLUS RIEN NE SERA COMME AVANT » si Moumouni Guiguemdé que vous avez nommé au MIDT, et Moumouni Diéguimdé l’ex-prisonnier sont une et même personne ? AVANT, contrairement aux "institutions fortes" voulues par les Etats-Unis, Blaise COMPAORE voulait des "Hommes Forts"… COMME AVANT, contrairement aux Etats-Unis où les mafieux aux "cols blancs" sont mis en prison, en toute hypothèse de cause, au Burkina on les élève au rang de Ministre...
Que dire de l’ancien-nouveau DG Mahamadou Compaoré de la CAMEG pour lequel vous avez été obligés de négocier sans succès un sursis de trois mois ? Faut-il critiquer la trop grande exigence du Peuple ou la qualité de votre casting pour les nominations aux hautes fonctions de l’Etat ? Ce qui est sûr, les futures nominations ne devraient plus souffrir des erreurs du passé au risque d’entamer sérieusement le crédit en souffrance que le Peuple vous accorde.
COMME AVANT à l’Assemblée Nationale, les députés CNT à 800.000 FCFA mois
Excellences, la Charte de la Transition dans ses Préambules prend en considération « le lourd tribut payé par les filles et les fils du Burkina Faso ». Aussi nous avons noté avec intérêt que dans le discours de prise de fonction du Président du Faso le 21 novembre2014, l’idéal prôné par la révolution de 1983 ait été magnifié et le « saut qualitatif et surtout quantitatif brusque, pourvoyeur de richesses inexpliquées, de privilèges indus, d’avantages oligarchiques » critiqué. Au demeurant, nous nous attendions à une REDUCTION du train de vie de l’Etat. Dans la logique de ce lourd tribut payé et surtout du sang versé par tous les Martyrs, certains avaient proposé que le mandat des députés du CNT soit gratuit. Ce serait si beau de voir des fils et filles du Burkina accepter ce sacrifice pour emboiter le pas aux Martyrs morts pour la Cause Nationale.
COMME AVANT à l’Assemblée Nationale, les députés au CNT ont des émoluments mensuels de 800.000 FCFA. Excellences, cet émolument de 800.000 FCFA qui est au moins quatre fois supérieur au salaire d’un médecin, huit fois supérieur au salaire d’un instituteur ou infirmier, etc. n’est-il pas un privilège indu ? Si non, dites moi pourquoi l’émolument du député CNT est au moins 16 fois supérieur au SMIG burkinabè ? En sus de ces émoluments, les députés CNT auraient 30.000 FCFA par jour de session comme les députés de l’ère Compaoré. Le CNT étant engagé dans une session unique de 10 mois, d’aucuns estiment que les députés CNT auront probablement au moins 200 jours de session. Si cela est avéré, chacun d’eux aura en moyenne un supplément de 6.000.000 FCFA soit un ratio de 600.000 FCFA par mois. Au bas mot un député CNT empochera mensuellement 1.400.000 FCFA. En vérité « PLUS RIEN NE SERA COMME AVANT POUR LES DEPUTES DU CNT ».
Excellence Monsieur le Président du CNT, Honorables Députés issus de la Révolution Populaire, à défaut d’accepter le sacrifice du mandat gratuit, beaucoup comme moi attendaient de vous la bienséance de ne pas vous accorder des privilèges comme les anciens députés qui ont été chassés au prix de vies juvéniles ôtées au cours de la chaude matinée du 30 octobre que certains d’entre vous ont vécu au chaud, à la maison écoutant la radio, très loin des balles assassines… Avez-vous oublié que vous n’avez pas été élus par des bulletins glissés dans les urnes mais par le sang des martyrs versé sur le sol sacré du Burkina Faso ? Honorables députés, autant les billets de banque ne peuvent payer ces vies, autant nous avions cru en vous pour ne pas vous faire payer au prix fort à cause de ce sacrifice… Ne serait-ce que par symbole… Trois fois Hélas !
COMME AVANT et au CNT, avez-vous les mêmes privilèges qu’à l’ère Compaoré ? 
Excellences, vu qu’au CNT « PLUS RIEN N’EST COMME AVANT POUR LES DEPUTES », j’ai cherché à connaitre sans succès vos salaires et autres privilèges pour savoir si « PLUS RIEN N’EST COMME AVANT POUR VOUS, VOS MINISTRES, DG… » ? Sauf votre respect, permettez-moi de vous demander si vous avez COMME AVANT les mêmes salaires, des "caisses noires" ou "fonds spéciaux", des voitures et bons d’essence à profusion, des dotations en boissons pour les fêtes, etc. ? Si non, quels est le salaire du PF, du PM, des Ministres, etc. ? De combien avez-vous réduit le train de vie de l’Etat ?
Des agents du MIDT affirment qu’avec la bénédiction de votre Ministre contesté Moumouni Guiguemdé/Diéguimdé, un marché de plus d’un milliard de francs CFA a été passé de gré à gré pour des travaux pour l’aménagement de voirie autour de la résidence privée du Président du Faso, d’une route allant au champ du PF, l’exécution de ralentisseurs aux alentours de l’église que fréquente le Premier Ministre (http://www.lefaso.net/spip.php?article62492). SEIGNEUR FASSE QUE CELA NE SOIT PAS VRAI ! 
Si dans la forme il est admissible que la voirie autour de la résidence privée du Président du Faso soit aménagée, la façon de faire (le gré à gré illicite) et les autres aménagements sont moins acceptables. Déjà que la présence du Pasteur Moïse Napon à la tribune officielle (juste derrière le Premier Ministre et le Président) lors du défilé du 11 décembre à Dédougou a été critiquée par beaucoup d’internautes (http://www.lefaso.net/spip.php?article62261), ces ralentisseurs aux alentours de l’église vont certainement accélérer les rumeurs sur les privilèges accordés aux Protestants ; toute chose qui ne consolidera pas la cohésion religieuse légendaire qui existe au Burkina Faso bien avant la Transition. Vivement que nos églises, temples, mosquées et autres lieux de culte « reste comme avant en dehors de la politique politicienne ».
COMME AVANT, « Tout est comme avant pour le Peuple »
COMME AVANT, le DG de la SONABHY a été changé mais la pénurie de gaz persiste… COMME AVANT le Ministre nous dit que « le gaz est disponible mais qu’il y a un problème de remplissage des bouteilles »… COMME AVANT le prix du baril de pétrole est en baisse mais le prix de l’essence à la pompe au Burkina reste inchangé malgré le soi-disant mécanisme de réajustement automatique des prix à la pompe.
COMME AVANT, on ameute toute la presse nationale pour immortaliser la misère des veuves et orphelins au cours de cérémonies publicitaires camouflées sous forme de dons de quelques sacs de riz par des "Papas Noël" qui engrangent des milliards de bénéfices…
COMME AVANT le Peuple reste 3B (dixit Laurent BADO) : il boit la Bière, mange les Brochettes et honore le troisième B. Cependant, il est loin d’être Bête. Il vous accordera certes le temps d’organiser les élections, de gérer les dossiers judiciaires, de lutter contre la corruption, mais il n’acceptera jamais que le sang des jeunes Martyrs des 30-31 octobre et de leurs précurseurs Norbert ZONGO, Thomas SANKARA,... soit versé pour une Transition teintée de Révolution sur un fond de continuité de la Compaorose.
Excellences, COMME AVANT, le Peuple vous observe en silence… il murmure déjà sa désapprobation, il vous interpelle sérieusement, usez du "bâton du pouvoir" qu’il vous a donné pour achever sa Révolution. SI NON, LE PEUPLE L’ACHEVERA !
Marcel Daba BENGALY
bengalymd@yahoo.fr
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