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mercredi 3 décembre 2014

Inhumation des martyrs de l’insurrection populaire : Un témoignage pour l’histoire

Les martyrs décédés à la suite de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ont été inhumés en fin de matinée ce 2 décembre 2014 au cimetière municipal de Gounghin. Un vibrant hommage a été rendu aux six derniers martyrs en présence des autorités politiques et religieuses, des familles endeuillées et une foule gigantesque venue accompagner leurs héros à leurs dernières demeures.


 Inhumation des martyrs de l’insurrection populaire : Un témoignage pour l’histoire
Tout comme à la place de la révolution, la mobilisation était extraordinaire au cimetière municipal de Gounghin. Elèves, jeunes, hommes et femmes ; ils étaient des milliers à faire le déplacement pour dire adieu à ceux qui autrefois étaient tapis dans l’anonymat mais qui aujourd’hui ont acquis le statut de héros en tombant sur le champ d’honneur. Présent à cette cérémonie douloureuse mais riche en émotions, le premier ministre Yacouba Isaac Zida était entouré de ces plus proches collaborateurs de la transition, et des chefs de partis politiques et d’organisations de la société civile.
Adieu aux héros bourreaux des « zéros »
Après la bénédiction des tombes par les responsables religieux, c’est aux environs de 12h que le cortège funèbre, en provenance de la place de la révolution, fit son entrée au Cimetière accompagné par des centaines de personnes. Après une minute de silence observée et des honneurs militaires rendus, les six corps furent inhumés sous le regard des familles inconsolables qui semblaient se dire « Vous n’êtes pas morts pour rien  ».
«  Allez et soyez rassurés que votre mémoire est éternelle ! Allez et soyez rassurés que plus rien ne sera comme avant ! Allez et soyez rassurés que votre lutte ne sera pas trahie  », dixit Frédéric Nikièma, Ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, dans l’oraison funèbre qu’il prononça. Un discours à la fois patriotique et poétique qui exprime tout le ressenti d’un peuple pour qui le devoir de mémoire s’impose. Les noms des martyrs de la révolution viendront désormais se greffer à la commémoration du 16e anniversaire des assassinats de Sapouy. Et pour Chrysogome Zougmoré, Président du MBDHP, une marche-meeting est prévue pour ce 13 décembre 2014, et un hommage sera rendu à l’ensemble de tous les martyrs.
Des blessés de la révolution étaient également venus accompagner leurs camarades de lutte à leurs dernières demeures. Le bras plâtré après avoir reçu une balle, Nacanabo Issouf clame haut et fort sa détermination et celle de ses compatriotes : « Personne parmi nous ne regrette d’avoir été au combat ». Tous ceux qui étaient présents au cimetière ont sans doute remarqué la photo de la jeune Ebou Dafra Joséphine Kambiné dont les dernières paroles résonnent encore dans les esprits : « Maman, tu vois, ma respiration ne descends plus, je suis en train de mourir. Mon Seigneur Jésus, sauve-moi. Maman Marie, sauve-moi. Dieu est grand. Priez pour moi. »
En rappel, le plus âgé des martyrs enterrés est né en 1970 et le plus jeune est de 1997. 27 longues années séparent donc AOUEDRI Ouébidoua de SAMA Issa. Et la chute du régime Compaoré après 27 années de règne atteste que le courage n’a pas d’âge. Après cet hommage historique rendu aux martyrs, une question essentielle trotte toujours dans les esprits du peuple burkinabè : A quand la justice, la vraie ?
BASSOLE Herman Frédéric (Stagiaire)
Lefaso.net

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