Interrogé par RFI-France 24, le 23 décembre dernier sur la lutte contre Ebola, sur les ouvertures scolaires et sur la situation politique en Guinée, Alpha Condé a été sans équivoque sur un ensemble de questions et moins tranchant sur un tas d’autres. Entre ce qu’il a dit et ce qu’il n’a pas dit, nous avons noté :
Sur la lutte contre Ebola : Tout ou presque était axé sur Ebola. S’il a reconnu certaines failles évidentes dans cette couverture sanitaire dues au manque de moyens adéquats et à la méconnaissance de la maladie, il a, par contre, tergiversé sur son rôle dans la banalisation, quand il avait dit que MSF exagérait sans fondement pour des besoins de publicité, ce qui avait eu pour conséquences l’effet inverse de ce qui va être plus tard son cheval de bataille et son implication personnelle pour le rétablissement de la situation.
Sur le peu de sensibilisation des populations sur Ebola, même s’il a laissé la part belle à l’Opposition, en ne dénonçant pas à mots nus leur laxisme, on peut facilement comprendre entre les lignes qu’il les accuse de ne pas s’impliquer pour des « intérêts égoïstes ». Le manque d’implication des leaders de l’Opposition dans la sensibilisation contre cette maladie a favorisé la réticence sur l’ensemble du territoire.
En effet, au début de cette pandémie, le bruit courait en Guinée que Alpha Condé a fait venir cette maladie pour tuer tous les Opposants de la Guinée-Forestière. Les leaders ténors de cette partie de la Guinée étaient aussi restés muets pour le laisser s’enfoncer, parce que « ça le concerne », plus il y aurait de morts, plus il serait fragilisé, politiquement… Il a manqué, là, une opportune occasion politique d’enfoncer le clou sur des adversaires.
Sur sa candidature aux prochaines élections présidentielles : Il a bien éludé la question. Sa priorité est la lutte contre Ebola, contrairement à Gulock Jonathan, qui bat campagne au moment où Boko Haram sévit dans son pays.
Sur le nombre d’accréditation à RFI : Pourquoi la Guinée veut-elle être si particulière, dans le domaine des médias ? Le feu général Lansana Conté avait longtemps bloqué la loi promulguant la libéralisation des ondes. Maintenant que les radios privées de toutes obédiences jasent en toute liberté, deux ou trois correspondants d’RFI ne feront que du bien, d’un certain avis, surtout que dans l’équilibre de l’information, ses journalistes ne mordent pas trop la ligne, et puis, un seul correspondant n’a pas du tout le don d’ubiquité ni les yeux d’Argus pour tout voir, relayer et couvrir.
Evidemment que tous les Opposants écoutent cette radio, une fois au Pouvoir, ils la voient comme une radio-engeance.
On entend deux voix au Sénégal, en Côte d’Ivoire et autres pays, pourquoi pas en Guinée, qui se veut « is back » ?
Enfin, et c’est vrai qu’aucun journaliste n’est en prison, en Guinée, ce dont on peut se féliciter, mais ils sont souvent ségrégués dans des accréditations pour couvrir tel ou tel évènement, et on revient au cas d’RFI. Il faudrait rende vertueux ce cercle vicieux.
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