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mercredi 31 décembre 2014

Gambie : confusion à Banjul après des tirs contre le palais présidentiel

Des hommes armés ont attaqué mardi matin le palais du président gambien, Yayah Jammeh, actuellement à l'étranger. L'armée affirme avoir tué trois des assaillants. Plusieurs sources évoquent une tentative de coup d'État.

Des tirs ont retenti dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 décembre aux alentours du palais présidentiel à Banjul, la capitale de la Gambie, alors que le président Yahya Jammeh, 49 ans, effectue depuis le week-end dernier une visite privée à Dubaï, aux Émirats arabes unis, selon une source gouvernementale. L'accès au pont conduisant au centre-ville était bloqué par des soldats mardi, ont rapporté des habitants.
Des hommes armés ont attaqué la State House, la résidence du président gambien, Yahya Jammeh, alors que celui-ci se trouve à l’étranger. Les assaillants étaient "commandés par un ex-capitaine du nom de Lamin Sanneh, qui est un déserteur de l'armée", a déclaré un officier à Banjul joint par l'AFP. "Trois des assaillants sont morts dont l'ex-capitaine lui-même. Un des assaillants a été capturé sur les lieux. Il a été remis à la NIA [Agence nationale du renseignement] pour interrogatoire. Il est entre leurs mains", a affirmé l'officier.
"Les militaires nous ordonnent de rester chez nous"
Selon lui, Lamin Sanneh "est venu attaquer la présidence avec six autres militaires lourdement armés. Ils sont venus par pirogue à Marina Parade pour attaquer le palais", situé dans cette zone, sur la corniche est de la capitale gambienne.
Au moment des faits, Yahya Jammeh se trouvait à Dubaï, selon une source gouvernementale, puis est arrivé dans la soirée au Tchad à bord d'un avion aux armes de la présidence, a constaté un journaliste de Reuters à N'Djaména. L'annonce de son départ pour la Gambie, faite par un responsable gouvernemental tchadien, est finalement tombée plus tard dans la soirée.
Les médias locaux et des utilisateurs des réseaux sociaux ont parlé d'une tentative de coup d'État mais les autorités n'ont fait pour l’heure aucun commentaire. Selon un diplomate d'Afrique de l'Ouest cité par Reuters, des mutins contrôlaient quelques positions stratégiques à Banjul. Des militaires et des policiers ont été déployés dans les rues, vidées des habitants.
"Ce matin, j'ai pu sortir faire mes courses dans une boutique située à 300 mètres du palais présidentiel, rapporte sous couvert d’anonymat un Observateur de France 24. Les militaires dans la rue nous ordonnent de rester chez nous, nous n'avons pas le droit de sortir. J'ai entendu des tirs de 4 h du matin jusqu'à 10 h, et depuis ça s'est arrêté. J'aurais bien voulu prendre des photos mais on risque de m'arrêter."
"Ils voulaient renverser le régime"
"Des membres des forces armées gambiennes ont été impliqués dans d'importants échanges de tirs aux alentours de 3 h", a abondé une source militaire auprès de l’AFP, sans préciser leur nombre ou les unités concernées. Les assaillants "voulaient renverser le régime" de Yahya Jammeh, réélu en 2011 pour un quatrième mandat de cinq ans, a-t-on ajouté.
Un diplomate gambien, habituellement en poste dans un pays africain et qui était mardi à Banjul, a confirmé l'attaque. Selon lui, parmi les assaillants figuraient des membres de la garde présidentielle. La situation serait désormais sous contrôle", a-t-il précisé.
"Selon nos informations, il y a une tentative de coup d'État cette nuit", à laquelle "auraient pris part des éléments de la garde présidentielle", a également expliqué à l'AFP une source occidentale dans la région. La tentative de putsch "aurait été mise en échec, les militaires favorables au président auraient pris le dessus", a-t-elle indiqué.
La radio nationale a été coupée pendant quelques heures mais a repris ses émissions peu avant 11 h, en diffusant de la musique. La télévision nationale, elle, était interrompue.
"Un début de mutinerie"
L'opposant gambien Sheikh Sidya Bayo a évoqué "un début de mutinerie qui s'est transformée" en une tentative de prise du pouvoir, dans une déclaration à la radio privée sénégalaise Futurs Médias (RFM).
Le pouvoir gambien a plusieurs fois annoncé avoir déjoué des complots depuis l'arrivée au pouvoir du président Jammeh par un coup d'État en juillet 1994 sans effusion de sang. L’homme fort de Banjul, qui se fait appeler depuis le mois d’août "le roi qui défie les rivières", est accusé d’étouffer l’opposition dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, enclavé à l'intérieur du Sénégal. Il est également critiqué pour sa politique répressive envers la presse et les organisations de défense des droits de l'Homme.
La France dit suivre "avec attention la situation en Gambie", selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal.
Avec AFP et Reuters

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