Depuis plusieurs jours, des hommes soupçonnés d’appartenir à la sécurité présidentielle rôdent atour du domicile de Sidya Touré. Contrairement à la semaine dernière, les visiteurs indésirables ont mis en ébullition le quartier du président de l’union des forces républicaines. Joint au téléphone ce mardi à 23 heures 30 minutes par votre quotidien électronique Guinéenews©, le farouche opposant au régime du président Alpha Condé retrace le film des quatre cauchemardesques heures qu’il a passées entre les ‘’mains’’ des unités spéciales de la présidence.
Guinéenews© : Que se passe t-il chez vous en ce moment monsieur Sidya Touré ?
Sidya Touré : Ces gens, cela fait maintenant une semaine qu’ils tournent tardivement autour de la maison. Vous l’avez déjà signalé il y a trois à quatre jours. Aujourd’hui, c’était un peu plus tôt. Il y avait trois véhicules et une quinzaine de militaires habillés en civil qui ont débarqué autour de chez moi. Ils ont commencé à interdire l’entrée aux gens, fouiller les véhicules. Les gardes leur ont demandé ce qui se passait, ils ont répondu qu’ils sont venus à la recherche de militaires-déserteurs qui seraient chez moi. (Il éclate de rires). Ils leur ont dit : ‘’nous, on n’a pas de militaires-déserteurs ici’’. Ils ont rétorqué qu’ils ne sont pas de la police, mais plutôt des unités spéciales de la présidence de la République. Donc, on m’a appelé, je suis sorti, je souhaitais leur parler. Quand je suis sorti, ils n’ont pas voulu venir.
Quand ils ont continué à fouiller les véhicules et surtout à se jeter sur un gardien à côté de la maison croyant que c’est un des miens, les jeunes là ont averti la jeunesse du quartier. Les jeunes sont venus, ils ont commencé à chanter, insulter et faire du n’importe quoi, ils se sont éloignés. Ça pratiquement duré de 15 heures à 19 heures. En disant qu’il y a des déserteurs ici, moi, je ne sais pas quel déserteur peut débarquer chez moi, c’est une opération d’intimidation et ça dure depuis une semaine. La fois dernière, on était là d’une heure du matin à quatre heures du matin. Cette fois-ci, ils ont été plus agressifs. Ils arrêtaient systématiquement les passants, qu’ils fouillaient et agressaient les chauffeurs.
Guinéenews© : Ont-ils fait irruption dans votre domicile ?
Sidya Touré : Ils ne se sont pas rendus dans la cour. Par contre, chaque véhicule qui venait, ils l’arrêtaient.
Guinéenews© : Certains font le parallèle avec une sortie que vous avez effectuée sur une radio de la place demandant à ce que les manifestations de rue reprennent.
Sidya Touré : En réalité, moi, je lie le problème à cela. Il mène une vraie campagne avec Akon (ndlr, le chanteur américain). Nous, nous avons suspendu toute manifestation depuis le mois de mai. J’ai dit que, cette semaine, je vais demander à l’opposition républicaine de reprendre nos meetings.
Guinéenews© : Nous avons également appris qu’en ce moment, vos militants sont massés autour de votre domicile pour assurer votre sécurité ?
Sidya Touré : Ce sont les jeunes du quartier, de Dixinn qui sont là. Certains sont dehors, d’autres sont dedans. Il y a au moins une centaine qui passent la nuit ici quelques fois et qui vont rester.
Guinéenews© : Vous vous sentez menacé en ce moment ?
Sidya Touré : Moi, je ne me sens menacé par rien du tout ! Mais, je me sens agressé. C’est différent.
Guinéenews© : Souhaitez- vous réellement que les manifestations de rue reprennent ?
Sidya Touré : Nous disons que, nous allons recommencer les meetings dans peu de temps. Puisque le président de la République continue, pourquoi, nous, on n’arrêtera ? On organise des retours avec des femmes qui pleurent, payées pour pleurer ! On reçoit Akon à Kassa ! Il n’y a pas ce qu’on ne fait pas aujourd’hui comme manifestation autour du chef de l’État ! Donc, je ne vois pas pourquoi on va arrêter nos meetings. On l’avait arrêté pour Ebola. Apparemment, il n’est pas concerné par ça.
Guinéenews© : Président, peut-être la dernière question. Actualité oblige, que vous inspire la situation que vit en ce moment le Burkina Faso ?
Sidya Touré : C’est une manifestation populaire contre quelqu’un qui, honnêtement, je le reconnais, puisque, je le connais bien, a servi son pays. Il se trouve que, comme le disent les latins : ‘’vox vopuli, vox dei’’.
Guinéenews© : Un message particulier à lancer à l’endroit de l’opinion nationale et internationale ?
Sidya Touré : La situation politique est en train de se dégrader ici sous prétexte d’Ebola. On veut nous faire passer une pilule pour freiner le processus électoral, mais aussi pour restreindre les libertés publiques. Alors, nous risquons de nous révolter par rapport à ça, Ebola ou pas.
Entretien réalisé au téléphone par Serge Lamah
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